Chapitre 8

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Un sourire débile aux lèvres, Marius n'hésita pas une seule seconde à virer son uniforme. Il manqua d'arracher sa ceinture dans sa précipitation, le cuir craquant et résistant à la pression dans un chuintement.

Si Solange ne l'aimait pas, il ne le porterait pas. Problème réglé.

De toute manière, il était loin d'être obligatoire chez lui. L'épidémie allait rester bien sagement à la porte et lui foutre la paix, ne serait-ce qu'une soirée. Avec un peu de change, il pourrait gagner une nuit au passage.

Marius était prêt à tout donner pour ne serait-ce qu'une heure en compagnie de son infirmière sans personne autour pour les déranger. Pas de malades, pas d'oreilles indiscrètes et, surtout, toute son attention rivée sur lui.

C'était quelque chose qu'il n'avait pas réussi à obtenir en plus de deux ans. Une telle opportunité ne se présenterait pas avant la prochaine lune de sang, alors il n'allait certainement pas la laisser passer.

Il ne garda que ses bottes avant de remonter les manches de sa chemise. Lui aussi n'aurait pas dit non à un bon bain, mais il n'était pas prioritaire malgré l'envie d'être présentable. Il faudrait qu'il se contente de son apparence actuelle.

Les lèvres pincées, le médecin s'accroupit devant l'âtre de la grande salle. Il y avait une cuisine dans un coin, ainsi qu'une table pouvant accueillir une bonne dizaine de personne, pourtant l'endroit était froid, impersonnel.

Le seul endroit que Marius s'était vraiment approprié, c'était sa chambre. En dehors, ces quartiers étaient ceux d'un abbé, certainement pas d'un non croyant.

Il plongea deux doigts dans les seaux qu'il avait suspendu autour du feu avant de partir pour la journée. Sans surprise, ils étaient chauds sans être brûlants, parfaits pour un bain. Restait juste à savoir si Solange aimait être cuite dans son bas ou non.

Avec une profonde inspiration, il repoussa de son esprit les images de la peau rougie de son infirmière. Ce n'était définitivement pas correct malgré la ligne tendue de son érection, plus que désireuse de voir ce spectacle.

En refermant les doigts sur les anses de faire, il se redressa un peu trop rapidement. Son pantalon dissimulait un peu ce qui se passait sous sa ceinture. En se positionnant correctement, elle ne verrait rien.

— Sol ? Je peux entrer ?

Un petit bruit lui répondit, et il prit ça pour un oui.

Le dos contre le battant, Marius poussa la porte, manquant de trébucher sur ses propres pieds en la découvrant dans la baignoire. Ça n'aurait pas dû le surprendre, d'autant plus qu'il lui avait dit de s'installer, mais merde !

Adossée au cuivre, les jambes repliées contre sa poitrine et le menton appuyé sur ses genoux, Solange lui jeta un coup d'œil si timide qu'il ne put s'empêcher de sourire. Elle était jeune, bien plus jeune que lui, et, parfois, son fort caractère lui faisait oublier ce détail.

— Prête à ce que je remplisse tout ça ? demanda-t-il.

Un petit hochement de tête. Minuscule.

En prenant soin de garder les yeux sur son visage ou le fond de la baignoire, Marius vida un seau, puis l'autre. Quelques allers-retours dans la cuisine plus tard, Solange avait de l'eau jusqu'aux épaules et des volutes de chaleur s'élevaient au-dessus de la surface.

Pour la énième fois, il y plongea une main, vérifiant que la température n'était pas excessive.

— C'est bon, je t'assure, répéta la jeune femme. C'est absolument divin.

Vivamus, Moriendum EstOù les histoires vivent. Découvrez maintenant