Chapitre 18

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Les doutes était quelque chose de vicieux, comme un poison qui contaminait lentement tout ce qu'il touchait. Il venait avec tout un tas de question au réponses obscures, pour ne pas dire totalement inconnue, et il détruisait tout ce qu'il touchait.

Solange n'avait jamais vraiment été du genre à se mêler des affaires des autres. Pour commencer, ça ne la regardait pas. Et puis elle avait très vite compris que ça ne valait bien souvent pas l'énergie déployée pour en apprendre plus.

La seule chose qui comptait, c'était elle ; ses rêves, son bonheur, son quotidien. Le reste n'était qu'accessoire et sujet au remplacement.

Et puis il y avait Marius.

Elle n'avait jamais douté de lui, pas une seule fois. Il était mortellement intelligent et suffisamment calme pour ne pas la déstabiliser. Même son sale caractère n'était pas parvenu à la bousculer alors qu'ils prenaient leurs marques.

Ils fonctionnaient bien ensemble, voilà tout. Le médecin n'était pas si secret que ça, en tout cas pas avec elle, et elle avait appris rapidement tout ce qu'elle attendait de savoir de quelqu'un avec qui elle travaillait.

Désormais... Désormais, c'était différent.

Solange avait l'impression de ne rien savoir, de côtoyer un inconnu qui ne l'était pas. C'était comme brosser le haut d'un iceberg tout en sachant que la partie immergée était bien plus importante, presque colossale.

La nuit ne lui avait pas porté conseil. Elle lui avait simplement amené une certitude : elle était amoureuse d'un homme qu'elle connaissait à peine.

Agenouillée dans le lavoir de l'abbaye, la jeune femme reposa le drap sur lequel elle s'acharnait avec un grognement de pure frustration. Elle avait bien trop d'énergie, alors elle avait choisi de s'isoler pour la mettre au service de tous.

Si elle était restée coincée dans les couloirs remplis de patient, elle aurait de toute manière fini par rebondir contre les murs. Ça n'aurait été agréable pour personne, surtout pas elle.

— Enfoiré de médecin ! cracha-t-elle.

Un petit rire résonna dans son dos.

— Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?

Appuyé contre l'arche qui menait au cœur de l'abbaye, Marius lui décocha un sourire si chaleureux que ses entrailles se retournèrent. Il enlevait beaucoup son masque en ce moment, en tout cas quand ils n'étaient que tous les deux, et ça lui faisait toujours le même effet.

Solange savait qu'elle était faible, que sa simple présence n'aurait pas dû pousser son cœur à tambouriner contre sa cage thoracique. Mais que pouvait-elle contre cet organe qui avait déjà décidé ce qu'il voulait ?

Dans ces moments-là, elle voulait juste retourner dans les jupes de sa mère, chercher les conseils que son propre esprit refusait de trouver. Sa maman savait toujours.

Elle désigna vaguement Marius, un savon mousseux dans la main.

— Je ne te connais pas.

— Tu me connais mieux que personne.

Solange fronça les sourcils.

— Ça, c'est un peu triste.

Parce qu'elle avait vraiment l'impression qu'il lui cachait beaucoup de chose, qu'elle ne connaissait de lui que ce qu'il voulait bien lui partager. Elle était seule à Paris, mais lui semblait l'être encore plus.

Marius haussa les épaules.

— Je ne vois pas l'intérêt de confier ma vie au monde entier. Leur avis ne m'intéresse pas plus que leur amitié. Mais vas-y, demande-moi ce que tu veux savoir.

Vivamus, Moriendum EstOù les histoires vivent. Découvrez maintenant