Chapitre 25

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Assis sur un banc d'église pour la première fois depuis... longtemps, Charles étendit lentement ses jambes devant lui. Dans le silence de la nuit, le moindre bruit résonnait comme un coup de tonnerre et c'était loin d'être agréable.

Il se foutait pas mal des oreilles sensibles des âmes perdues qui se trouvaient dans une foutue cathédrale au cœur de la nuit, mais les siennes étaient sensibles. Et puis il y avait Solange, agenouillée mais si agitée qu'elle se dandinait comme un chiot un peu trop heureux.

S'il avait pris soin de rester quelques rangs derrière elle pour préserver un tant soit peu son intimité, il n'allait certainement pas mettre plus de distance entre eux. Quoi qu'il se passe, quoi qu'elle veuille trouver à Notre-Dame, il devait rester suffisamment près pour agir en cas de problème.

Avec la vue dégage qu'il avait, et sans personne pour le gêner, le couteau qu'il gardait dans sa manche ne mettrait que quelques secondes à atteindre sa cible. Ça pourrait suffire pour perdre définitivement une femme qu'il devait garder à l'œil.

Même si Marius ne l'avait pas demandé, il l'aurait fait. Pour une fois que ce pauvre vieux pensait à autre chose que la médecine, ça se fêtait !

Les bras croisés, Charles laissa sa tête retomber en arrière. Sa vision périphérique était suffisamment entrainée pour qu'il prenne ce risque, d'autant plus qu'il n'y avait que quelques personnes présentes ce soir-là.

Le plafond valait le coup d'œil, au moins. Et puis il n'y avait pas de chants à cette heure, ni de religieuse qui lui donnait envie de les noyer dans la seine. Ou dans ce bac de flotte supposément bénie dans laquelle ils plongeaient les mioches.

S'il n'y avait pas eu toute cette connerie de religion dans l'équation, il aurait peut-être apprécié les églises. Les monuments étaient beaux, tout comme les vestiges romains en en Grèce ou en Italie. L'Afrique du nord n'était pas mal non plus à ce sujet.

Ce n'était pas tant que Charles aimait voyager, mais il cherchait sa place. Depuis toujours.

Un soupir coincé dans la gorge, il laissa une moue déformer ses lèvres.

Il avait même tenté de retourner chez les lâches qui l'avaient abandonné dans un orphelinat, mais même après les avoir égorgés leur maison n'était pas devenue la sienne. C'était étrange, maintenant qu'il y pensait.

Techniquement parlant, ces terres auraient dû être les siennes sans toutes ces conneries d'abandon. Il les avait simplement récupérées.

Puis revendues.

Solange bougea, attirant à nouveau son attention sur elle. Elle bougeait tant qu'elle devait se détruire les genoux, pourtant elle refusait de se relever. Quelle femme buter ! Ce n'était pas de prier qui allait lui donner des réponses.

Ou bien il disait ça parce qu'il n'avait jamais cru en leur foutu Dieu. Quel Dieu laisserait des enfants être abandonnés, abusés, violés ? Il en avait bien trop vu, bien trop vécu, pour croire que quiconque autre que lui-même pourrait le sauver.

Avant de rencontre Marius, Charles avait toujours été seul. C'était la raison exacte pour laquelle il faisait un si bon chasseur de primes : il n'avait besoin de personne pour accomplir les missions les plus ardues.

Et encore un petit ajustement de position.

Cette femme ne tenait pas en place. Pas étonnant qu'elle ait attiré l'attention du médecin ; elle était intelligente, vive et belle comme un cœur. Un peu trop innocente pour lui, mais après tout il n'était pas son prétendant.

Charles n'était – et ne serait jamais – le prétendant de personne.

En parlant de ça... Son érection pressait contre le tissu de son pantalon, dure et entêtante. Il n'avait pas eu l'intention de sortir de chez lui et il n'avait pas eu le temps de boire un verre avant de devoir accompagner Solange.

Vivamus, Moriendum EstOù les histoires vivent. Découvrez maintenant