Game Over

Chapitre 5

Chan avait passé tout son après-midi à planifier sa première mission. Ce n'était pas la plus compliquée, il devait surtout ne pas se faire prendre et n'ayant pas d'interface, il pouvait dire adieu aux indications qui lui permettraient de savoir s'il est considéré comme suspect.

Il devait être environ dix-sept heures et Chan venait de finir de tout préparer. Tout était réfléchi mais l'inconvénient d'une boîte de nuit était qu'elle n'ouvrait ses portes que tardivement, il se retrouvait donc avec plusieurs heures à tuer.

Il avait déjà fait plusieurs fois le tour du loft et fouillé de fond en comble son téléphone et voilà qu'il se retrouvait avachi sur le sofa de cuir blanc à ne pas savoir quoi faire. Et puis, un détail qu'il avait relégué au second plan au début commença à se faire de plus en plus remarquer. Le silence. Il n'y avait pas un bruit. Ni voisins, ni circulation, ni passants.

Si au début il avait apprécié le calme, voilà qu'il en devenait lourd et oppressant. En plus de ça, il commençait à se sentir terriblement seul. Il n'avait personne à contacter ou avec qui parler, que ce soit un PNJ ou un autre joueur. Même s'il avait peur de l'inconnu, et qu'il préférait souvent sa solitude dans son appartement, il n'était pas seul pour autant. Il lui suffisait d'envoyer un message pour se retrouver avec ses amis, qu'importe le sujet de discussion. Mais là, c'était comme s'il n'y avait aucun signe de vie ou que le temps s'était arrêté.

Seul le son de sa respiration était audible, faisant grandir son mal-être. Il ne pouvait pas rester enfermé ici plus longtemps, il allait devenir complètement fou. Et aussi surprenant soit-il, il se précipita vers la porte d'entrée pour retrouver l'extérieur, tenter de renouer avec un semblant de vie. Peut-être était-ce le fait de savoir que ce n'était pas réel qui lui donnait autant d'assurance à courir vers l'inconnu. Mais une fois de nouveau mêlé aux autres personnes, il se sentit mieux.

Il avait repéré un café non loin de la résidence et ce fut la direction qu'il prit. Il ne savait pas quoi faire d'autre et s'il pouvait tirer des informations aux PNJ c'était un petit plus. Il n'était jamais allé de lui-même dans ce genre d'établissement, il n'avait eu que des aperçus au travers des films et séries ou des récits de ses amis. Il avait un peu l'impression d'apprendre à vivre mais pas au bon endroit.

Chan souffla un coup avant de pousser la porte du café. Il n'était pas très rempli et une musique se jouait en fond, ne lui agressant pas directement les oreilles. Les lumières étaient tamisées, donnant un aspect intime au lieu et une douce odeur de café traînait dans l'air. Chan resta quelques instants figé sur place, détaillant chaque recoin et chaque personne présentes.

Il avait un l'impression qu'on pouvait lui sauter dessus au moindre moment d'inattention, chaque ombre devenait une menace. Pourtant, rien ne se passa, personne ne s'occupait de lui, il n'était qu'un client parmi tant d'autres. Le pas peu assuré, il se dirigea vers le comptoir où un barista essuyait des verres. Chan zieuta les menus affichés derrière lui pour voir ce qui était proposé et se racla la gorge pour attirer l'attention de l'homme.

- Un caramel macchiato... S'il vous plaît...

L'homme lui adressa un bref sourire et commença à préparer sa commande. Chan prit place sur l'un des tabourets de bar avec une légère hésitation, ayant comme l'impression de déranger. Pour s'occuper l'esprit, il ne trouva rien de mieux que de regarder les faits et gestes du barista qui préparait sa commande. Ses gestes étaient précis et maîtrisés, témoignant de son habitude et de son savoir-faire, ils étaient tout le contraire de la vie de Chan dans le monde réel.

Il était conscient que son mode de vie n'était pas normal, qu'il devrait le changer pour en trouver un plus sain et moins contraignant. Mais n'arrivait pas à trouver le déclic qui lui donnerait la force de le faire. Il avait déjà essayé de contacter des professionnels de santé, mais ça n'avait rien donné à part des ordonnances toujours plus longues pour des médicaments toujours plus forts.