Game Over

Chapitre 2

Ça faisait maintenant quelques jours que Chan avait envoyé sa candidature au centre de test et il avait reçu une réponse positive dès le lendemain. À présent, il se préparait pour le grand départ et il ne pouvait pas cacher le fait que ça l'angoissait énormément. C'était la première fois qu'il quittait volontairement son appartement pour une si longue durée. Il allait se retrouver en milieu inconnu sans connaître personne et il espérait sincèrement que tout se passerait bien.

Le fait que Felix vienne le chercher lui enlevait déjà un poids des épaules. Il n'aurait pas à prendre le métro ou autre transport en commun qu'il avait tendance à éviter comme la peste. Il avait bon espoir de ne pas se retrouver trop longtemps en contact avec des étrangers, c'était aussi l'une des raisons du pourquoi il se rendait au centre au dernier moment, il ne voulait pas y séjourner plus que nécessaire.

Il s'assura une dernière fois que tout était en place et prêt pour une durée de deux mois. Il avait grossièrement rangé son appartement, jetant tout ce qui pourrait engendrer un nouvel écosystème, mais il n'était pas un as du ménage non plus. Malheureusement, il n'avait pas réussi à voir le bout du téléchargement de son jeu même s'il était maintenant à vingt-cinq pour cent. Il ignorait pourquoi il prenait un temps monstrueux à se faire, mais il avait été obligé de le mettre en pause plusieurs fois pour en charger d'autres. Et voilà qu'il allait devoir attendre encore deux mois avant de pouvoir y jouer, obligé d'éteindre son ordinateur.

Il vérifia une dernière fois le sac qui contenait toutes ses affaires et se vautra dans son canapé un peu vieillot en attendant l'arrivée de Felix. Il essayait de ne pas trop penser à tout ce qui pourrait se passer de travers pour ne pas s'angoisser inutilement. Mais c'était peine perdue, le papier peint n'était pas assez passionnant pour retenir ses pensées.

Ses mains étaient moites et une de ses jambes tressautait sans arrêt sous le stress, il n'arrivait pas à se focaliser sur autre chose que sur cette foutue angoisse. Il appuya la tête sur le coussin du dossier et tenta de respirer profondément pour éviter de céder à la panique.

C'était Changbin qui lui avait appris différents exercices de respirations, lui-même victime de crises d'angoisse, et il essayait de les appliquer à la lettre. Pour le moment ça fonctionnait, mais si le stress continuait de le ronger de la sorte il ne donnait pas cher de sa peau.

Une notification sur son téléphone venant de Felix sonna comme une délivrance, mais aussi comme le début de sa descente aux enfers. Il allait quitter sa cachette et se retrouver complètement vulnérable face au monde. Chan souffla une dernière fois avant de se lever de son canapé et de balancer son sac sur son dos, il avait l'impression d'avoir déjà fait un effort monumental.

Les quelques pas jusqu'à sa porte d'entrée lui semblèrent à la fois très longs mais aussi bien trop courts, et ce fut la main tremblante qu'il appuya sur la poignée pour se retrouver sur le palier. Il était vide, et aussi semblable à n'importe quel palier, mais rien que cette vue suffit à lui donner des vertiges. Il craignait qu'un de ses voisins ne sorte à n'importe quel moment et qu'ils se retrouvent face à face. Chan hésita fortement à faire demi-tour pour retourner se terrer chez lui. Mais à la place il dévala les escaliers quatre à quatre pour arriver jusqu'au hall d'entrée.

De l'autre côté de la lourde porte vitrée, il put voir Felix adossé à sa voiture qui l'attendait patiemment. Mais de l'autre côté il y avait aussi l'extérieur, l'inconnu, un endroit que Chan avait évité comme la peste pour son propre bien. Il n'allait pas y arriver, il n'était pas assez fort pour ça, il était incapable de faire un pas en plus vers l'enfer.

Ses oreilles se mirent à bourdonner et sa vue se troubla alors qu'il vit Felix s'avancer vers lui en faisant signe d'ouvrir la porte. Chan réussit à appuyer sur l'interrupteur qui ouvrait la porte de l'immeuble et Felix, ayant bien remarqué son mal-être, se dépêcha d'entrer dans le hall pour le prendre contre lui.