Chapitre 11

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Plusieurs jours s'étaient encore écoulés sans que Chan ne bouge de son loft. Mais cette fois-ci, c’était surtout pour avoir un temps de préparation afin d’affronter la mission qui devait suivre. En effet, même si elle n’allait pas être très éprouvante physiquement, il ne pouvait pas en dire autant pour le côté mental. Pourtant, c’était quelque chose de très simple, un exercice qu’il faisait depuis le collège et qui ne lui avait jamais rien valu d’autre qu’un moment de gêne ou une mauvaise note.

Mais la réalité était là, il était complètement stressé pour faire ce qui s’apparentait à un simple oral — bien que celui-ci se passerait devant plus d’une centaine de personnes et non une trentaine. Il avait reçu un brief de ce qu’il devait dire et quoi faire, mais il n'arrivait pas à organiser ses idées. Chaque phrase qu’il tentait d’apprendre était oubliée la minute d’après. Et voilà qu’était venu le jour de son discours. Il allait devoir vanter les mérites de son agence pour ameuter des collaborateurs.

Chan avait l’impression de ne rien savoir, il passait son temps à lire et relire ses fiches alors qu’il approchait de la salle des fêtes qui accueillerait cette soirée mondaine. Chan en était certain, ça allait être un véritable fiasco. Une fois arrivé, il fut conduit dans la salle par une entrée privée, comme s’il était quelqu’un d’important. Il n’avait rien à faire là, il en était certain.

Chan se retrouva dans la grande salle bondée de monde. Partout où il posait les yeux, il y avait des gens, tout le monde semblait se connaître. Mais lui, il était seul encore une fois. Il priait pour que quelqu’un vienne l’aider, mais personne ne semblait vouloir l’approcher. Il n'avait pas de Jeonghoon ou de Minhye pour le guider. Chan se recula dans un coin de la salle, essayant de trouver un peu de calme pour réfléchir. Sa tête était en ébullition, il n’arrivait pas à y voir assez clair pour trouver une solution.

Les minutes passaient à vive allure et Chan se recroquevillait de plus en plus sur lui-même. Il faisait pitié, il le savait, caché dans son coin comme s’il attendait sa fin, au lieu de rassembler tout le courage qu’il avait pour se redresser. Oui, Chan savait qu’il ne valait rien. Il ne savait que faire de la peine aux autres. C’était la seule chose de positive que lui avaient apportée ces années d’enfermement, il s’était rendu compte qu’il n’était rien.

Chan ne vit pas l’homme s’approcher de lui. Alors il sursauta quand une main se posa sur son épaule. C’était un grand gaillard qui semblait le chercher depuis plusieurs minutes au vu de son expression fermée.

- Monsieur, c’est à vous. On attend votre discours.

Un frisson d’angoisse se glissa le long de sa colonne. Chan était tellement perdu à attendre un ange gardien, qu’il n’avait pas du tout répété son discours. L’homme le traîna de force vers l’estrade. Chan était complètement tétanisé, son estomac était tout retourné et il manquait de rendre son déjeuner. On le fit monter sur l’estrade en bois et il se retrouva contre son gré face à un pupitre et un micro. Les yeux étaient rivés sur lui, ils n’attendaient plus que son discours.

Il fut pris d’un vertige quand il vit tous les regards braqués sur lui. Il était incapable de prononcer le moindre mot, sa tête était vide, il ne se souvenait plus de rien. Ses mains tremblaient sans cesse et ses jambes fébriles peinaient à le supporter. Il se sentait incapable de dire quoi que ce soit, il avait tout oublié.

La honte grimpa petit à petit en lui, le figeant sur place. Il était incapable d’improviser, incapable de trouver comment se sortir de cette impasse. Il voyait les gens le regarder comme s’il était un être étrange qui n’avait rien à faire là. Et ils avaient raison, Chan ne savait pas ce qu’il faisait là.

Le monde se mettait à tourner autour de lui, il ne pouvait plus rien distinguer. Il ferma les yeux aussi fort qu’il put pour essayer de calmer ses vertiges. Et quand il les ouvrit à nouveau, il se trouvait dans le même genre d’endroit qu’au lancement du jeu. Mais cette fois-ci, les mots Time Out s’affichaient en grosses lettres devant lui. Il n’avait pas fait attention, mais il avait dépassé le timer.

Complètement perdu, il essayait de comprendre ce qui venait de se passer. Il gardait les yeux rivés sur les lettres face à lui mais regardait dans le vide. Il ne savait pas comment retourner dans le jeu, quel effet ça aurait sur l’univers et à quel moment il reviendrait. Après tout, il n’a jamais entendu parler de sauvegarde.

Ses oreilles bourdonnaient toujours, il avait même l’impression d’entendre des voix. Et plus le temps passait, plus les voix devenaient discernables. Mais il était incapable de savoir d’où elles venaient. Sa vision se troubla un instant avant qu’une forte lumière blanche ne l'éblouît. Une puissante douleur lui prit la tête, son corps semblait paralysé et sa vision était encore trop floue pour qu’il puisse comprendre où il se trouvait.

Sous le stress, la bile lui monta à la gorge. Il n’arrivait pas à bouger son corps semblant complètement ankylosé. Il essayait de voir quelque chose de familier alors que les voix résonnaient toujours à ses oreilles. Son pouls pulsait dans ses oreilles, son cœur se débattant dans sa poitrine. Il entendait des bips incessants, sentait des mains le toucher, et voyait des lumières passer devant ses yeux. Mais petit à petit, sa vue se fit plus claire, son corps commença à lui répondre et ses oreilles discernèrent plus facilement les conversations autour de lui.

Il pouvait voir les gens penchés sur lui, tentant de voir s’il était conscient. On essayait de lui parler, de voir à quoi il était réceptif. Il tenta de se redresser pour essayer d’y voir plus clair même si les gens tentaient de le retenir le plus possible, comme si son corps n’était plus capable de supporter son propre poids. Une fois assis, Chan regarda autour de lui et reconnut sa chambre de test. Il semblait être de retour dans le monde réel.

Il réussit à se maintenir assis et les vertiges qui le prenaient depuis le début se calmèrent enfin. Il se sentait encore un peu déboussolé, mais déjà les médecins lui mettaient un plateau-repas sous les yeux. L’odeur de la nourriture de cantine manqua de le faire vomir mais on ne lui laissa pas le choix, il devait manger.

Sa tête encore dans le brouillard, il portait machinalement la fourchette à sa bouche, se forçant à mâcher une nourriture sans saveur. Chan sentait une serviette humide être passée sur son corps ; il avait beaucoup transpiré à cause du stress. Il eut du mal à terminer son plateau, se forçant beaucoup sur la fin. Et à peine terminé, on le lui retira des mains pour qu’il puisse se concentrer sur autre chose. Le kinésithérapeute commençait déjà à faire des manipulations sur son corps pour en vérifier son bon fonctionnement.

Chan se laissait complètement faire, telle une poupée de chiffon. Il repensait à ce qu’il s’était passé quelques minutes avant. Maintenant qu’il était de retour à la réalité, ça lui semblait n'être qu'un simple rêve désagréable. Il avait du mal à réaliser qu’il allait devoir y retourner, il ne savait même pas à quel moment il allait revenir, on ne lui avait jamais parlé de sauvegarde. Il imaginait le pire, il ne voulait pas retourner dans cette salle.

Mais il ne pouvait pas abandonner maintenant, Felix serait déçu. Chan voulait tout sauf décevoir son meilleur ami qui l’encourageait constamment à aller de l’avant. Felix avait toujours pris beaucoup de son temps pour lui, il avait même sacrifié certaines choses pour s’assurer de son bien-être. Et ça, il lui en serait redevable à vie. Son meilleur ami, c’était sa bouée de sauvetage qui le ramenait toujours vers le haut.

Les médecins venaient de finir tout ce qu’ils avaient à faire sans que Chan ne décroche un mot. Les techniciens terminèrent les derniers réglages et on reconfia le casque à Chan. C’était l’heure pour lui de repartir se battre avec lui-même. Il ne connaissait pas vraiment l’issue de ce combat, mais cette fois, il partait avec le couteau entre les dents.

On le fit s'allonger, et il remit le casque sur sa tête. Après les dernières vérifications, il put allumer le casque.

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Coup dur pour le joueur coréen...

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