Neuvième chapitre

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Point de vue d'Hugo

J'arrive à la maison complètement essoufflé. J'ai couru 10km. Je dévale l'escalier menant au sous-sol et entre dans ma salle de sport privative, que j'ai retapé avec Franck il y a deux ans. Je me défoule sur les machines tant bien que mal. Je transpire à grosse gouttes, j'ai du mal à reprendre ma respiration. Cette foutu image tourne en boucle dans ma tête depuis une semaine et je n'arrive pas à penser à autre chose. Trina m'a embrassé. Putain de merde. Je passe mes doigts entre mes cheveux humides et bois de l'eau. Je ferme les yeux et le visage de ma belle brune m'apparaît immédiatement. Ça me terrifie, l'effet qu'elle me procure. Mais sentir ses lèvres contre les miennes, la fougue transcendant son corps et l'impatiente que j'ai ressenti à travers ce baiser, c'était indescriptible. Notre attirance est réciproque, j'en suis persuadé. Jamais une fille ne m'a rendu aussi dingue de toute ma vie. Même pas mon premier amour.

Clac ! Je lève mon regard vers l'horloge : 20h. Ma mère vient de rentrer du travail, ses talons claquant sur le parquet. Je souffle et m'adosse au mur derrière moi. Voilà une semaine que je n'ai pas parlé à Trina. Après m'avoir à nouveau repoussé, j'ai compris qu'elle avait besoin de temps. Beaucoup. Alors malgré notre baiser passionné et notre attirance réciproque, je l'ai laissé partir. Reviendra-t-elle ? Elle me fuit comme la peste, même si je sens son regard posé sur moi constamment. Je m'oblige à rester loin d'elle. Mais ces derniers jours ont été bien plus dur que je ne l'aurais imaginé.

— Hugo ! A table !

Je m'essuie le visage et remonte au rez-de-chaussée. Ma mère s'affaire à sortir les plats préparés du four.

— Bonjour mon chéri.

Je met la table en silence. Je l'observe discrètement : elle semble épuisée, si triste... Je ne comprends toujours pas les raisons de leur divorce, mais cela ne me regarde pas. J'ai pu discuter longuement avec mon beau-père. Il m'a juré qu'on se reverrait bientôt, que dès qu'il aura un appartement convenable, il m'accueillera avec plaisir. En attendant, je patiente et subit la morosité de la mère.

***

Je cours sur le terrain, Jack me lance le ballon, je dribble, percute l'un de mes collègues, avant de sauter, et de tenter un panier. Je le rate, pour la énième fois aujourd'hui. Je pousse un juron et rattrape le ballon. Je pousse violemment Étienne et tente à nouveau de mettre un panier. En vain. Mes coéquipiers s'énervent, moi aussi.

— Hugo, tu vas te calmer bordel !

— Ferme ta gueule Marco !

Brusquement, le sifflet retentit. J'étais prêt à frapper mon collègue. Je me prends la plus grosse soufflante de ma vie et je suis viré de l'entraînement. Le coach me conseille vivement d'aller me calmer dans les vestiaires. Je claque violemment la porte et file me doucher. Mais je n'arrive pas à redescendre. Plus rien ne va ces derniers temps. Je n'arrive pas à respirer, je manque d'oxygène, je perds pieds.

— Hé, frérot ?

Je relève la tête et aperçois celle de mon ami Jack dans l'entrebâillement de la porte. Il vient s'asseoir sur le banc et m'observe en silence. Je tremble.

— Qu'est-ce qui t'arrive depuis une semaine mec ?

— Je peux te poser une question ?

Jack est l'un de mes meilleurs amis. On s'est rencontré en jouant au basket, avec le frère de Camille. Cela remonte à quelques années déjà. Nous nous sommes liés d'amitié et de fil en aiguille, nous sommes devenus inséparables. Hash et lui sont comme mes frères.

— Tu es déjà tombé amoureux ? Lui demandais-je presque honteux.

Jack me fixe un instant avant de me répondre.

— Non. Je ne crois pas. Avec Claire c'était super mais je ne crois pas que je l'aimais autant que ça.

J'acquiesce et fixe mes pieds nus. Mes tremblements se sont calmés. Mais mon cerveau est encore trop bruyant.

— Pourquoi tu me poses cette question Hugo ?

Jack sait très bien pourquoi. Et comme Hash, il aime me faire parler.

— Rien. C'est juste que j'ai l'impression que ma tête va exploser. Je rate tout ce que je fais ces derniers temps...

— Une petite brune ne serait pas lié à tout ça par hasard ?

— Je dois tourner la page. Elle ne veut pas de moi.

— Hugo, laisse lui le temps. Les filles sont tellement compliquées, tu le sais très bien. Laisse la revenir.

Je croise le regard de mon ami et cherche un espoir dans ses yeux. Il a peut-être raison. Après tout, cela ne fait qu'une semaine. Mais pourquoi m'a-t-elle dit qu'on pouvait rester ami pour m'ignorer ensuite ?

— Reprends toi d'accord ? Laisse tes sentiments de côté et concentre toi sur le reste.

— Arrête de parler de sentiments Jack, ça n'a aucun rapport.

— Oui, Monsieur Mauvaise Foi.

Je donne un cou de coude à mon ami et un sourire apparaît sur nos visages. Jack ébouriffe mes cheveux et file sous la douche. Moi je reste là, à essayer de comprendre ce qu'il vient de dire...



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