Vingtième chapitre

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Ce matin, quand je me réveille, il est là, accroupi entrain de me fixer avec ses yeux pervers. Je sursaute et me lève brusquement du matelas.

— Bonjour.

Je déglutis, reprends mes esprits et lui souris. Il a l'air conquis. Puis, Charles me tend sa main. J'hésite, mais quand je vois son regard, et l'impatience que je lis à l'intérieur, je glisse ma main dans la sienne.

— Tu as l'air d'aller mieux, sortons de cette cave.

Nous sommes donc dans une cave. Mais où va-t-il m'emmener alors ? Dans la maison juste au dessus ? Charles ouvre la porte et un escalier en bois se dresse devant nous. Il monte le premier, je le suis sans hésiter.

— Je voulais que tu te sentes chez toi, plus épanouie que dans cette cave. Je m'en excuse d'ailleurs, mais il fallait que tu reprennes tes esprits. Je suis désolé d'avance également, je n'ai pas eu le temps de mettre de la déco.

Puis, à l'aide d'une clé, attachée à un énorme trousseau, il ouvre la porte en haut des escaliers. La lumière artificielle m'éblouit mais je monte les dernières marches, comme une lueur d'espoir... Je reviens très vite à la réalité. Toutes les fenêtres sont barricadées de blocs de béton. A part une table, un canapé et quelques livres, rien ne traîne. Pas de vaisselle, pas de couteau, pas de vases. Charles me fait visiter la petite maison comme si de rien n'était. Après la salle à manger, nous entrons dans la cuisine, dans une pièce vide et dans la chambre. Un lit, une table de nuit, un portant avec quelques vêtements et un miroir. Un immense miroir...

— Charles !

Je me retourne vers lui et lui attrape les bras en signe de désespoir. Si j'arrive à m'échapper d'ici, il faudra me donner un oscar... Son air paniqué et sincère me glace le sang mais je continue ma comédie.

— Je... J'aurais besoin de...

Mes yeux glissent vers mon entre jambe. Charles les suis mais ne comprends pas.

— Je saigne.

Son visage se décompose, un regard de dégoût et de désarroi s'empare de son visage.

— Il me faut d'urgence un change, je t'en supplie.

Mes mains caressent ses bras avec tendresse, j'essaye de capter son regard. Et ça marche.

— Jelena, je me dépêche, je vais faire vite promis !

Sans que je m'y attende, il m'embrasse sur le front et court vers l'entrée. Je le suis, essayant de le rattraper. Puis, je m'arrête brusquement et l'observe de la cuisine. La clé est grande, massive et bien noire. Il fait trois tours dans la serrure, puis, referme la porte derrière lui. Et je cours vomir aux toilettes.

***

Je fouille toute la maison de fond en comble. Le tour est vite fait. Je ne trouve rien. Mais le miroir pourrait fortement m'aider. Je retourne dans la chambre et regarde l'horloge. Vingt minutes qu'il est parti. Il est 11h20. Nous sommes lundi si mon cerveau ne me joue pas de nouveaux tours. Mais la fatigue m'oblige à m'asseoir sur le lit. Je n'ai rien mangé ce matin, j'ai vomi mon repas d'hier dans les toilettes. J'ai besoin de manger. Je ne pourrais pas courir plus de deux cents mètres sans rien dans le ventre. Il n'y a rien dans la cuisine, pas même un paquet de biscuits périmés. Il faut que je m'en aille tout de suite, tant pis. Je me relève difficilement et fait face à mon reflet. Je ferme les yeux un instant. Mon dieu. Puis, avec une grande inspiration, j'attrape le miroir et le pousse violemment contre le parquet. Il se brise sur le sol avec un bruit strident. Quand je le soulève, du verre est brisé en mille morceaux. Je le retourne et trouve ce qu'il me fallait. Mon instinct de survie prend possession de tout mon corps et je suis prête à l'affronter. A nous deux Charles. J'entends la clé dans la serrure. Je me suis cachée dans l'embrasure de la cuisine, juste à côté.

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