Mercredi matin. Voilà une semaine et demie que Hugo m'ignore. Je ne le vois plus le matin dans le bus, ni à l'entrée du lycée et seulement quelques fois en classe. Il a comme, disparu de la circulation. Je rejoins Camille devant la salle de chimie avant que le cours ne commence, dans dix minutes.
— Salut toi, me fait-elle d'un air inquiet.
— Salut.
Je m'assois à côté de mon amie, sur le banc et fixe la porte devant moi.
— Ce soir, on fait les boutiques après les cours? Vu que nous n'avons pas philo cet aprèm.
Je hoche la tête en silence. Camille essaye tant bien que mal de me remonter le moral depuis une semaine. Elle est gentille. Je suis très heureuse de l'avoir dans ma vie, je peux lui parler sans aucun mensonge et, en cette période, c'est appréciable. Je suis attirée par des bruits qui proviennent du secrétariat. La salle de chimie se trouve au rez-de-chaussée, comme toutes les salles de sciences. De là, je peux voir le bureau de la CPE et bien d'autres. Mais je l'aperçois soudain : Hugo, qui réapparaît après trois jours d'absence. Beaucoup d'élèves piaillent et l'observent, tout le monde chuchote et papote à son sujet. Habillé tout en noir, il est presque invisible de l'endroit où je me trouve. Mais j'arrive à remarquer qu'il n'est pas dans son état habituel. Son dos est courbé, il a les mains enfouies au plus profond des poches de son sweat et ses pieds ont du mal à avancer. Quand il a fini de parler avec la secrétaire, il marche dans ma direction. Ses yeux fixant le carrelage gris. Et il relève la tête, lentement. Je vois ses iris chocolats rencontrer les miens et j'y lis une profonde tristesse. Quel culot. Il est triste ?! Se rappelle-t-il au moins qui est en cause ?! Et Hugo disparaît dans le couloir pour sortir du bâtiment. J'ai le souffle coupé. Camille tire sur ma veste pour me faire rentrer dans la salle de classe. Mais mes yeux ne cessent d'observer l'endroit où il se tenait. Je ne l'avais jamais vu comme ça, sauf au parc, quand il m'a confié ses problèmes, quand son beau-père et sa mère divorçaient. Et pendant tout le cours, je ne peux m'empêcher de penser à Hugo Fabre.
***
Nous avions un plan. Ce n'était pas le plus stratégique mais nous avions peut-être une infime chance de trouver des indices sur mon harceleur. Jude avait pour mission de surveiller ma maison, de l'autre côté de la rue. Moi, je devais rester dans ma chambre, la fenêtre ouverte, à déambuler devant. Nous espérions qu'il vienne, qu'il m'observe pour que mon amie l'attrape en flagrant délit.
Je lui envoie un message. Déjà trente minutes qu'on attend, et Jude commence à avoir froid dehors. Et moi, j'en ai marre. Son idée est nulle. Alors, j'ouvre la fenêtre et m'assieds sur le rebord de celle-ci. Mon amie, au loin, me fait signe. Je ne comprends rien. Ce jeu débile commence à m'agacer. Jusqu'à ce que je reçoive un message de Jude. Elle a une piste. Apparemment, quelqu'un, caché par un sweat noir, de l'autre côté du trottoir, observe ma maison. Mon sang se glace. Je suis tétanisée. Je n'ose pas bouger par peur que notre plan échoue. Je déglutis et fais comme si de rien n'était. Puis, plus aucunes nouvelles de mon amie. J'observe la rue, mais je ne vois rien. Alors, je descends du rebord de la fenêtre, la ferme et descends les volets. Je reprends mon souffle quand, brusquement, la porte d'entrée s'ouvre, puis se referme avec fracas. Je sursaute. Je recule contre le mur de ma chambre et fixe ma porte. J'entends quelqu'un monter les escaliers... Il est chez moi. Je suis surprise de voir mon amie rentrer dans la pièce, les joues rouges de colère.
— Mais tu m'as fait une de ces peurs Jude !!
— T'es sérieuse ?! Tu veux que je t'aide à trouver le type qui te veut du mal mais je ne sais rien sur toi ?!
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24h de surveillance
Roman pour AdolescentsTrina a dix-sept ans quand elle déménage à l'autre bout de la France, bien loin de ses cauchemars. Après avoir vécu un événement traumatisant, elle essaye de reprendre une vie de jeune adolescente sociable, quand un garçon vient croiser son chemin. ...