Douzième chapitre

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— Jude, passe moi ton élastique s'il te plaît.

Mon amie me le prête pour finir mon chignon brun. Le soleil traverse les feuilles du chêne tandis que le vent nous glisse sur la peau. Alice écoute de la musique, Sophie prend une photo d'elle et Jude révise son français.

Tu n'en as pas marre de réviser ? Demandai-je en souriant.

Elle relève la tête de son bouquin, d'un air stressé.

Il faut que ma moyenne remonte.

C'est vrai qu'avec 14/20 tu vas devoir repasser en troisième ma parole ! S'exclame Sophie.

Nous pouffons toutes de rire. Jude est la meilleure d'entre nous. Et pourtant, elle ne peut s'empêcher de paniquer à chaque contrôle. Mais alors que notre après-midi était des plus joyeuses, quelqu'un vient nous interrompre subitement. Une grande perche blonde secoue ses boucles devant moi, et vient poser ses fesses à notre table.

Salut les filles !

Nous la regardons, prendre un chewing-gum des mains d'Alice. Zoé Scharpe. LA PESTE par excellence. LA PESTE du lycée. Je la côtoie depuis maintenant deux ans. Cette première année de lycée aurait été parfaite sans elle. Elle a gâché notre troisième à tous. Harcelant des jeunes sixièmes, arrachant des biscuits aux cinquièmes les plus vulnérables et critiquant sans cesse le reste des collégiens. Elle ne peut s'en empêcher. Et même au lycée, elle continue à venir nous narguer, nous insulter et nous ridiculiser. Elle arrive à connaître les secrets et les complexes de chacun. Les plus intimes parties de notre corps. Mais ce que je n'arrive pas à supporter, c'est cette amitié fâcheuse que lui voue Sophie. Comment faire quand sa cousine éloignée est la pire des garces mais que les relations familiales doivent être harmonieuses ? Et bien, faire comme mon amie, son hypocrite par désespoir et se laisser faire.

Alors chère cousine, comment va ton père ? Toujours obèse ?

Elle ricane. Aujourd'hui, c'est la goutte de trop. Elle n'est jamais allée aussi loin dans ses propos. Sophie baisse la tête et reste silencieuse. Moi, je me lève brusquement :

Dégage pétasse !

Zoé fait semblant d'être sous le choc. Puis, elle se lève, mets le chewing-gum dans sa bouche et le mâche vulgairement.

Dois-je être malhonnête à présent ? Je n'énonce que des faits.

C'en est trop. Ma main vole vers son visage. Beaucoup d'élèves dans la cour se retournent. Tout le monde à présent nous regarde. La peste s'effondre sur le bitume.

Vas-y donne toi en spectacle Jelena !

Elle fait la victime maintenant, mais quelle ordure. Je me retiens. Une noirceur envahit mon corps tout entier. Jude me demande d'arrêter et de m'asseoir. Zoé Scharpe reste au sol, un garçon vient l'aider à se relever. A mon avis, elle ne lui a encore rien fait à celui-là. Puis, je retourne à ma place, essayant de retrouver mon calme. Je déteste cette fille ;, en plus d'être exécrable avec Sophie, elle tourne un peu trop autour de Charles à mon goût. Zoé nous rejoint, debout, à quelques mètres de nous. Puis, elle reprend son sac posé sur le banc et passe derrière moi... Violemment, quelque chose heurte ma tête. Mais je rêve ! Elle vient de m'exploser un œuf sur le crâne ! Pourquoi avait-elle ça dans son sac, bon sang ?!

Mais quelle garce tu es !

Je me lève brusquement pensant la frapper une nouvelle fois, mais le proviseur fait son apparition au loin. Zoé ricane encore et encore. Et elle s'en va, ne me laissant pas la possibilité de me venger, une énième fois...

24h de surveillanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant