Huitième chapitre

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Tout s'est passé si vite. Ce fut la fois de trop. Entendre mon prénom de sa bouche. Qu'est-ce qui m'a pris ? Une envie fulgurante m'a pris de court. Nos lèvres se sont entrechoquées. Un baiser si intense. Mes bras autour de sa taille, je le serrais tellement fort. J'agrippais son sweat d'une telle puissance. Ses lèvres étaient si douces. Ses mains sur mon visage humide. La chaleur de nos deux corps. La pluie. Le lampadaire qui nous éclairait, rien que nous. Lui et moi. Une telle intensité. Un baiser inoubliable. Je ressens encore nos lèvres se caresser, nos corps s'entremêler...

On frappe à ma porte. C'est ma mère. J'ai oublié de mettre la table et de passer l'aspirateur. Mais je m'en moque. Ce que me dis ma mère me passe au dessus. Allongée sur mon lit, je regarde le plafond, le sourire aux lèvres. Je me demande comment il va réagir demain au lycée. Sommes-nous en couple ? Va-t-il m'ignorer et faire comme si de rien n'était ? Mais la question la plus essentielle reste celle-ci : Ai-je vraiment envie d'être en couple avec lui ? J'aurais dû résister, j'aurais dû échapper à cette entrevue tardive mais j'avais envie de le voir.

— Trina ?

Je me tourne vers ma mère.

— Tu m'as écouté au moins ? Dit-elle les sourcils froncés.

— Heu... Non pas vraiment. Désolé.

Elle lâche son panier de linge sale et vient s'asseoir sur le bout de mon lit. Son regard noir se change en une expression étrange. Elle sourit. Quoi ?

— Tes yeux sont remplis de bonheur.

Je rigole. J'ai l'impression d'être une gamine. Comme si c'était mon premier baiser ! Dois-je en parler à ma mère ?

— Quelqu'un m'a rendue heureuse aujourd'hui. C'est tout.

Bizarrement elle ne va pas plus loin dans son enquête. Je ne cherche pas vraiment à comprendre le pourquoi du comment et descends manger. Je n'arrête pas de penser à Hugo et à ce baiser. Je dois cesser ce petit jeu rapidement avant que cela ne devienne dangereux. Demain je lui dirai que je veux qu'on soit seulement des amis et rien d'autre.

***

L'eau ruisselle sur ma peau claire. Je bouge légèrement mes hanches de gauche à droite en écoutant la musique de la radio. Une fois ma douche terminée, je sors, m'enroule dans une serviette et glisse mes pieds dans mes chaussons de bains. CLANG ! J'entends un bruit au rez-de-chaussée. Je sursaute. Qu'est ce que cela peut-il bien être ? J'ouvre la porte de la salle de bains. Je sors, regardant de chaque côté, puis, je me dirige vers l'escalier. CLANG ! À nouveau ce bruit. Impossible de savoir d'où il peut venir. Je descends, marche après marche, lentement. Je tiens fermement ma serviette contre moi. Mes poils se hérissent. J'ai un champ de vision sur l'entrée et la cuisine. Je me faufile dans le couloir, un bruit à la cave ? Dans le salon ? Dans le garage ? J'écoute. Je m'avance dans la cuisine, continue dans la salle à manger et dans le salon. Je passe par l'entrée et ouvre la porte. Personne dehors. CLANG ! Encore. Cette fois, une porte grince. Le bruit provenait de la cave. J'entends des bruits de pas. Je reste figée. De là où je suis, je ne peux rien voir. La baie-vitrée du séjour s'ouvre et puis plus rien. Pendant dix minutes. Plus rien. Je décide alors d'aller voir. La cave est ouverte, je descends. J'allume. Rien. Je m'aventure vers les cartons poussiéreux que mon père n'est pas venu récupérer. L'un d'eux est ouvert. Serait-ce mon père qui est entré par effraction ? Ma boîte à musique et une photo de moi petite sont sorties du carton. Pas de celui de mon père, d'un carton m'appartenant, avec mes souvenirs d'enfance. Je ne m'attarde pas plus, et remonte en courant. Je me dirige vers le séjour et vois la baie-vitrée, grande ouverte. Le froid vient me glacer les jambes. Personne dans le jardin. Je la referme et appelle ma mère sur son téléphone. Elle ne répond pas. Je panique. Je rappelle.

24h de surveillanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant