Onzième chapitre

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Ma mère est paniquée à l'idée que Charles puisse revenir dans nos vies. Je lui ai dit pour le poème et les quelques lettres. Elle est à la fois en colère contre moi et apeurée face à l'ignorance de l'expéditeur.

— Montre-moi ce foutu poème.

Je lui tends le bout de papier et elle le lit mille fois. Je la regarde faire. Je ne ressens rien. C'est étrange. Comme si j'étais vide d'un seul coup. Comme si, encore une fois, ces actions menaient à une voie sans issue.

— Allons voir la police Trina.

Je hoche vivement la tête et nous enfilons nos manteaux et nos chaussures. Nous arrivons au commissariat. Ma mère n'a jamais roulé aussi vite. Elle est encore plus terrorisée que moi. Pourquoi ? A-t-elle reçu d'autres lettres qui m'étaient destinées ? Je rentre la première dans le hall froid et lugubre. Un homme vêtu de bleu, un grand sourire aux lèvres, nous accueille. Ma mère demande à voir son supérieur. Elle insiste. Nous accédons avec difficulté et beaucoup d'attente dans le bureau du lieutenant. Je suis très stressée. Je n'ai pas revu la police depuis notre départ et l'arrestation de Charles il y a deux ans. J'ai l'impression de revenir en arrière.

— Vous pensez qu'il se serait évadé de prison ? Demande le barbu aux épaules carrées.

— Oui, il est capable de tout !

— Sauf de me tuer...

Ma mère et le lieutenant se tourne vers moi. Ils ne s'attendaient pas à ce que je dise ça. Mais c'est la vérité. Charles m'aime. Il est fou amoureux de moi. Il me veut pour lui et pour lui seul. Jamais il ne me tuera. Par contre les autres, il n'hésitera absolument pas. Un souvenir refait surface brusquement. Le jour où Charles a appris ce que j'avais tout révélé à ma meilleure amie. Il avait juré de la tuer et de la faire souffrir. Il tenait toujours ses promesses...

— Je vais appeler la prison où il est interné. Donnez-moi son nom et prénom s'il vous plaît.

— Charles Fox, répondis-je doucement.

L'homme devant moi sort de son bureau pour aller dans la pièce d'à côté. Il parle quelques instants avec une femme et revient.

— Nous contactons la prison.

Nous attendons une bonne heure au commissariat, assises devant la machine à café. Ma mère boit un café noir en attendant. Moi, je regarde mes pieds. Et s'il me dise qu'il s'est évadé ? Comment vais-je réagir ? La panique monte soudainement mais ma mère me prend la main et m'oblige à lever les yeux.

— Je suis là.

Je la regarde. Je lis sur son visage de la peur, du stress et de la tristesse. Je ressens ces mêmes sentiments. Soudain, le lieutenant revient vers nous. Ma mère se lève vivement et je l'imite.

— Alors ? Demande-t-elle.

— Charles est toujours en prison. Il n'a pas bougé.

La boule d'angoisse qui nouait mon ventre éclate d'un seul coup. Je suis soulagée. Tellement soulagée.

— Mais qui écrit ces lettres alors ?

Ma mère a raison. Qui est-ce ? Si ce n'est pas Charles ni Hugo, qui m'écrit cela ?

— Nous les analyserons. La personne a dû y laisser des empreintes. Nous vous donnerons les résultats dans une semaine environ. Vous pouvez être rassurées.

Je ne sais pas pourquoi mais je saute dans les bras du barbu. Il est surpris mais ses mains viennent se poser sur mes épaules. Quelques larmes roulent sur mes joues.

— Merci.

Je lâche prise et recule. Le lieutenant sourit. Puis, nous le remercions et nous partons.

24h de surveillanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant