Dix-huitième chapitre

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Je me réveille dans le noir total. J'ai froid, très froid. Mes chevilles me font mal comme mes poignets. Je sens qu'ils sont ligotés à une chaise. Oui, je suis assise sur une chaise. Elle doit être en métal, elle est froide elle aussi. Je commence à respirer de plus en plus vite. Je ne vois rien, j'ai peur. Où suis-je bon sang?! Comment suis-je arrivée là? Je ne sais pas du tout, je ne me rappelle de rien. Ma tête me fait mal comme si quelqu'un me frappait sans s'arrêter. Un bruit sourd me hurle dans les oreilles. J'ai mal. J'essaye de regarder autour de moi mais je ne vois rien, le noir total. Le stress m'envahit. Je n'aime pas être plongée dans le noir sans savoir où je suis. Je commence alors à taper des pieds sur le sol humide où de l'eau rentre dans mes chaussettes. Je remarque alors que je n'ai plus mes chaussures. Je tape fort, encore plus fort. Mes pieds me font mal. Je ne comprends pas. L'idée de crier à l'aide me paraît tellement stupide et facile que je ne l'ai pas fait. D'un seul coup je hurle. Je crie jusqu'à ce que je n'ai plus de voix. Je tape une nouvelle fois sur le sol violemment. Je fais bouger la chaise d'avant en arrière. Celle-ci vrille et glisse au sol en me jetant avec elle aussi. Mon dos claque le carrelage tellement fort que je sens quelque chose craquer. Heureusement j'arrive encore à bouger, je n'ai donc rien de cassé. Mes poignets en revanche me font mal, ils sont coincés sous le dossier de la chaise et mon poids les écrasent. Je souffle doucement pour que la douleur s'estompe. Mes pieds sont en l'air à égoutter l'eau dans laquelle ils étaient plongés depuis tout ce temps.

Mais soudain, alors que mes yeux étaient plongés dans l'obscurité, une lumière s'allume légèrement au dessus de moi. Elle clignote. Je sens mon poux s'accélérer. J'essaye de me calmer mais je n'y peux rien. Cette lumière me fait peur. Je préfère largement être dans le noir. La lumière s'intensifie de plus en plus jusqu'à ce que je puisse voir les détails du plafond. Des tâches noires avec de la moisissure. Je sens quelque chose tomber sur mon visage, de l'eau ou autre chose de liquide. Cette texture me colle sur la joue et sur le front, elle est chaude. Je regarde le plafond de plus en plus lumineux. Le liquide provient de là haut. Il y a plusieurs fissures dans le plafond humide et repoussant. J'ai peur de ce qui va se passer. Je ferme les yeux en essayant de me calmer et c'est à ce moment précis que j'entends un bruit sourd derrière la porte de la pièce. Je lève la tête en essayant de voir entre mes deux jambes. Je distingue une porte en métal. La poignée bouge, quelqu'un entre. Je regarde. Une ombre noire apparaît et s'avance vers moi. Je tremble. Ses pas résonnent dans toute la pièce si fort que j'ai envie de me boucher les oreilles. Mais je ne peux pas. En y pensant je me souviens que mes mains me font atrocement mal. Je distingue l'homme qui s'avance vers moi. Grand, des épaules carrées. Il s'agenouille à mes côtés et tend sa main vêtue d'un gant noir vers moi. Il la pose sur ma joue, puis, la caresse délicatement pour descendre sur ma gorge. Là, sa main s'enroule autour de mon cou pour le serrer tellement fort que je tousse. Il sert ses doigts contre ma peau et enfonce ses ongles dedans. Je n'arrive plus à respirer. C'est la fin, je vais mourir. Mais non, il lâche sa prise et se relève.

— Tu m'avais manqué Jelena.

A ces mots, je réalise. Tout est logique maintenant. Pourquoi je n'y ai pas pensé avant. Je suis vraiment idiote d'avoir pu penser qu'il ne s'en prendrait pas à moi. Charles. C'est Charles. J'en suis persuadée. Totalement. Où m'a-t-il emmenée ? Était-ce son plan depuis le début, me kidnapper dans cet endroit sinistre et me séquestrer pendant toute ma vie ? Je commence à pleurer, mes yeux sont humides. Je veux qu'il me laisse tranquille, qu'il arrête. Il est complètement fou, il ne pourra jamais s'arrêter.

Je sens son visage de plus en plus proche de moi, j'ai des frissons. Je ne sais pas où sa main est passée et j'ai peur ; très peur. Les miennes me font mal, le sol est froid et rugueux. J'entends Charles respirer, il est tout près. Je ne le vois pas, il cache la lumière du plafond. Soudain, ses lèvres frôlent mon oreille posée au sol. Je l'entends rire doucement et me chuchoter quelque chose. Je ne comprends rien, je suis totalement terrifiée. Je n'essaie même pas de comprendre. Je me concentre sur sa présence à côté de moi. Il est allongé sur le sol. Ses jambes sont près des miennes sauf que le bas de mon corps est en l'air, mes chevilles accrochées aux pieds d'une chaise.

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