Troisième chapitre

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Troisième chapitre

— I don't know, dis-je la gorge nouée.

Je ne suis pas la meilleure de ma classe. L'anglais n'a jamais été mon fort, ça m'ennuie et ça m'énerve. Je joue avec le bouchon de mon stylo plume pendant qu'un autre élève répond à ma place. Nous sommes quinze dans la classe. Je reconnais Valentine qui était à côté de moi ce matin, Georges, l'intello, et Yamira, une gothique aux cheveux de jais. Normalement, Hugo est dans mon groupe, il s'est installé deux tables devant moi l'autre jour et il n'arrêtait pas de rigoler. Je l'ai repéré celui-là. Agaçant. Pour l'instant, il n'est pas présent. Tant mieux. Je colorie les carreaux de ma feuille en rouge, puis en vert. Je m'ennuie tellement. Je ne comprends rien au cours et les gens ne font que travailler. Je suis assise à côté d'un garçon nommé Paul, il me semble. Je décide de l'observer puisque je n'ai que ça à faire. Il porte des lunettes rondes, très à la mode, avec un foulard autour des cheveux. Il est habillé d'une chemise à carreaux verts et d'un jean troué de partout. Soudain, on frappe à la porte.

— Yes! Hurle la professeuse d'anglais.

La porte s'ouvre en silence, tous les regards sont fixés dessus. Un garçon rentre dans la salle. Bien évidemment, c'est Hugo. Il ne manquait que lui au cours. Il s'excuse de son retard, vingt minutes tout de même! Puis, il déplace une table pour se mettre juste à ma gauche. Pour une fois, je suis contente qu'il soit là, je m'ennuierai moins, même si je ne le supporte pas. Il ne me fait plus peur. J'arrive à contrôler et à distinguer mes émotions.

— Salut princesse.

Sa voix me chuchote à l'oreille. Ensuite, le cours reprend son rythme, lent et pesant. Quant à Hugo, il sort ses affaires tranquillement. Jamais pressé celui-là! Je le regarde ouvrir sa trousse, prendre un stylo, demander une feuille à son voisin devant lui... Puis, Il pivote légèrement la tête vers moi, nos regards se croisent en une fraction de seconde, avant que je ne retourne à mes occupations, c'est à dire, rien. Je voulais seulement éviter ses yeux perçants. Je sens son visage qui se rapproche de moi, sa main passe doucement dans mes cheveux, il s'amuse avec quelques mèches de ma tignasse.

— Tes cheveux sont magnifiques...

D'un seul coup, j'attrape sa main et la lui plaque sur la table violemment. Je le fusille du regard, personne ne me touche, compris? Quelques élèves se retournent en entendant le bruit sourd que j'ai provoqué.

— Tigresse, dit Hugo du bout des lèvres.

J'en ai ras le bol. J'espère qu'il ne va pas continuer ainsi, car je ne pourrai pas supporter. Je regarde à présent le tableau, fixement. J'essaye de faire abstraction de ses bêtises et de ce qu'il trafique sous sa chaise. Malheureusement, il ne cesse de bouger. Pendant une bonne dizaine de minutes, j'arrive à me concentrer et à écouter madame Poitiers. Mais soudain j'entends du bruit près de mon sac, au pied de ma chaise. Hugo ne s'est toujours pas relevé. Je baisse la tête et pivote. Que fait-il, la tête dans mes affaires? Je me penche discrètement et essaye d'enlever ses sales pâtes de mon sac:

— Qu'est ce que tu fous?! M'exclamais-je.

Je l'entends rigoler, il ne fait pas attention à moi. Il referme la poche avant et me demande de ne pas regarder. Puis, il se lève de sa chaise et range ses bricoles. La sonnerie résonne dans la pièce au même moment. Hugo me regarde une dernière fois avec un grand sourire, avant de partir je ne sais où.

Je ne peux m'empêcher de le suivre des yeux, il est très intriguant. Comme Lui. Toujours comme Lui. J'ai l'impression que tout le monde lui ressemble. Non. Hugo n'est pas comme ça, mais il est tout aussi intriguant et louche. Peut-être qu'ils sont tous ainsi...

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