Premier Chapitre

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Je n'arrive plus à respirer. Ses mains serrant ma gorge, ses yeux terrorisants, je n'arrive plus à me débattre. Mes jambes se figent. Je sens mon corps devenir de plus en plus léger. Les douleurs s'estompent. Puis, violemment, je tombe au sol et m'écrase contre les racines d'un arbre. Le choc est brutal. Je reprends difficilement mon souffle. J'ai mal partout, mais les blessures physiques ne me gênent guère. Seules les blessures psychologiques me tiraillent de tout côté. Comment ai-je pu ? Comment ai-je été aussi naïve ? Comment ai-je été aussi aveugle ? J'essaye de me hisser tant bien que mal pour m'asseoir, mais mon corps en est incapable. Et je la vois, inconsciente, au sol. Je crie son prénom. Pourquoi elle ? Pourquoi l'ai-je embarquée là dedans ? Elle ne me répond pas. Je suis soudainement tirée vers le haut. On attrape mes cheveux et me force à me relever. Avec difficulté, j'y parviens parce que j'en suis contrainte. Et c'est alors que je Lui fait face. Je déglutis. Il me terrifie, comme jamais auparavant.

Nous n'aurions jamais dû en arriver là, Jelena Pakson.

***

Ma mère me secoue légèrement l'épaule. J'ouvre les yeux doucement et tourne le regard vers la droite. Nous sommes enfin arrivées dans notre nouveau chez nous. Enfin une nouvelle maison, un nouveau toit et un domicile fixe. Pendant un an nous traversions le pays pour fuir mes cauchemars, mais aujourd'hui, nous nous installons enfin dans une vraie maison. Je sors de la voiture, je m'étire rapidement avant de regarder de plus près mon nouveau logis. Une petite maison toute coquette et ravissante. Elle est entièrement construite en pierre. Trois grandes fenêtres de couleur bleu me font face, la porte d'entrée est entourée de lierre qui jaillit de tous les côtés. Devant la demeure se trouve une jolie fontaine en pierre, l'eau ne coule pas mais ça en a tout l'air. Cette maison respire la joie de vivre et le calme. Enfin un endroit où je vais me sentir bien. Je regarde ma mère qui me sourit, elle est heureuse, elle aussi. Elle me lance les clés de notre nouveau chez nous et je cours pour aller ouvrir et découvrir cette maison. La mienne. Ma mère me suit. Elle pousse un cri d'émerveillement en voyant l'intérieur. Je regarde très rapidement l'entrée, le salon et la cuisine puis je monte voir ma chambre. La lumière du jour illumine la demeure. C'est magnifique. Je grimpe l'escalier au pas de course et ouvre la première porte sur ma droite.

C'est ma chambre. Une immense poutre surplombe la pièce comme dans le salon et une grande fenêtre ronde laisse entrer la lumière. Le parquet craque sous mon poids. J'adore. En m'avançant dans la chambre, je peux distinguer une porte qui donne sur une garde-robe. Je m'enfonce dans la petite pièce et allume la lumière. Les murs sont tous ornés de pierre grise et une petite fenêtre, au fond du dressing, donne sur le jardin où je peux admirer les belles plantations de celui-ci. C'est une chambre magnifique que j'ai hâte de décorer et d'aménager. Après avoir fait le tour de mon nouveau cocon, je regarde le reste des pièces de l'étage. Une immense salle de bains avec une baignoire, deux grandes vasques et une douche à l'italienne. Au fond du couloir, la chambre de ma mère, très chaleureuse et accueillante. Je redescends ensuite pour l'aider à monter les valises et les cartons :

- Alors, quand penses-tu Trina ? M'interpelle ma mère en bas des escaliers.

- C'est... C'est vraiment parfait maman.

Elle me sourit et je fais de même. Sans se dire un mot de plus, on commence à vider les cartons, et par la même occasion, débuter ma nouvelle vie.

***

Chacune de notre côté, nous rangeons la vaisselle, les décorations et montons de nouveaux meubles. Quand soudain, je tombe sur la collection de CD. En apercevant celui des Beatles, je l'attrape et le pose sur un autre carton derrière moi avant d'aller trouver la chaîne hi-fi de ma mère. Une fois dénichée, je la branche et lance la première musique. Back in the U.S.S.R résonne dans toute la maison. J'aperçois ma mère qui sursaute en entendant la musique. Je commence à danser au milieu de la pièce, comme une vraie folle. Je me sens soudainement libérée d'un poids qui pesait sur moi depuis trop longtemps. Je me sens tout simplement vivante. Cet instant, banal pour beaucoup, est un véritable soulagement. J'invite ma mère à venir me rejoindre et nous dansons ensemble sur le rythme de la musique. Je crois que cela nous fait du bien à toutes les deux. Malheureusement, ce moment est de courte durée. Quand la musique se finit, ma mère retourne à ses cartons et je baisse le son de la chaîne hi-fi. Je décide alors d'aller attendre le camion de déménagement dehors au lieu de vider les affaires. Je préviens ma mère et sors de la maison. Je contourne la petite fontaine vide et ouvre le portillon qui donne sur la rue. De là, j'attends sur le trottoir.

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