24h de surveillance

Dix-neuvième chapitre

Point de vue d'Hugo

Voilà plus de 24h que je n'ai aucune nouvelle. Pas un message, pas un appel. Rien. Je me remets en question. Tout fusionne dans ma tête. Mon pied ne cesse de vibrer sur le béton en attendant de voir sa petite bouille sortir de la maison. Mais non, rien,. Je vais finir par être en retard. Je décide de l'appeler une nouvelle fois. Sans réponse. Aurait-elle fait le chemin avec Camille ? M'aurait-elle oublié ? Non. Pas après notre soirée. Impossible. Alors, prenant mon courage à deux mains, j'ouvre le petit portillon et frappe à la porte. Sa mère met quelques temps avant de m'ouvrir. Je suis abasourdi par ce que je vois. Madame Pakson est livide. Comme si elle n'avait pas dormi depuis des semaines entières. Son corps tremble, son regard est perdu. Où est Tris ???

— Bonjour Hugo, me devance-t-elle.

Elle me fait signe de rentrer, puis, referme la porte derrière elle. Je m'assois donc sur le canapé et attend.

— Je ne vais pas y aller par quatre chemin, Trina a été enlevée.

Mon cœur s'accélère. Ma respiration se coupe violemment. Mes pupilles se dilatent.

— Quoi ? Dis-je en espérant avoir mal compris.

— Samedi soir, après votre rendez-vous, il l'a kidnappée.

— Il ? Qui ça «Il» ?!

Je m'énerve et me lève, passant les mains dans mes cheveux. Je fais les cents pas dans le petit salon. Puis je réalise que la mère de Trina pleure. Je m'accroupis devant elle et prends ses mains dans les miennes. Surprise, elle relève la tête, ses yeux embués par les larmes. Je dois être fort pour elle, même si au fond de moi, je voudrais fracasser chaque mur de cette maison et partir la chercher. Mais où ? Je n'en ai aucune idée. Après un long moment de silence, sa mère m'explique tout ce qui s'est passé hier matin.

— Je me suis réveillée dans la salle de bains, sur le carrelage. J'ai tout de suite senti que quelque chose de grave était arrivé. Ma gorge était sèche et ma tête était très lourde. Je me suis levée avec beaucoup de difficulté et c'est là que quelqu'un à frappé à la porte. Je suis descendue et c'était le policier. Il était inquiet et à la fois énervé. Il m'a raconté qu'on l'avait endormi. Ça n'a fait qu'un tour dans ma tête. La veste de Trina était là, avec son sac. Il était venu, mes doutes étaient belle et bien réels.

Après son discours, madame Pakson reprend sa respiration et essuie ses larmes. Sa voix tremblante se calme lentement. Une seule chose rebondit dans ma tête : «Il». Et si depuis le début, quelqu'un lui voulait du mal ? J'essaie de me souvenir de ses crises d'angoisses, des mots qu'elle a prononcé et tout s'assemble. Ce Charles... C'est son ex. J'en suis persuadé à présent. Celui dont elle a peur, c'est lui.

***

Après avoir bu un thé avec la mère de Trina, j'ai besoin d'être seul. J'ai besoin d'exprimer la colère et la frustration qui implose en moi. Je la serre dans mes bras et lui donne mon numéro, elle me remercie des dizaines de fois, la gorge nouée, puis, je m'en vais. La police est à sa recherche. Mais ils ne trouvent rien depuis son kidnapping. Aucunes traces de ma brune.

Après avoir écrasé ma cigarette sur le bitume, j'ouvre ma portière mais quelqu'un m'appelle au loin. Je reconnais sa voix et me retourne, essuyant les larmes qui coulent sur mes joues. Camille marche dans ma direction, joyeuse. Elle n'est pas au courant. Son visage s'assombrit en voyant le mien.

— Dis-moi ce qui se passe Hugo Fabre.

— C'est Trina...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que je m'écroule au sol. Mes genoux claquent sur le trottoir et je m'effondre en larmes. Camille vient me serrer contre elle sans rien comprendre. Je ne peux plus m'arrêter, je crie et pleure en même tant. Je n'ai jamais ressenti ça, jamais éprouvé cette angoisse et cette peur. Peur de la perdre...

— Elle... Elle a été kidnappée.

— Quoi ?!

Camille m'oblige à relever mon visage.

— Après notre rendez-vous, il l'a enlevée.

A ma plus grande surprise, elle ne réagit pas. Elle le connaît. Trina a du lui en parler. Je n'ai rien demandé à sa mère vu son état, mais j'ai besoin de savoir, savoir qui est ce type et ce qui lui veut.

— Camille, c'est qui ce Charles ?

Elle déglutit. Puis, après un long moment de silence, elle m'aide à me relever et nous allons nous asseoir sur le banc le plus proche. Le lycée et les cours, on s'en moque aujourd'hui.

— Tout ce que je sais, c'est qu'elle avait l'impression qu'il était revenu dans sa vie. Elle ne s'était pas trompée.

Je prends ma tête entre mes mains. Je n'arrive pas à y croire. Trina est la victime d'un psychopathe et je n'avais rien compris depuis tout ce temps. Ses crises, ses angoisses et ses regards terrifiés. Je m'en veux ; terriblement.

— Je ne sais même pas qui c'est réellement. J'ai émis mon hypothèse mais Trina a toujours été très vague a ce sujet. Je n'ai jamais osé poser des questions.

Camille prend ma main dans la sienne et me regarde.

— On va la retrouver. Je te le promets.

— Comment ? On ne connaît rien de ce type. Où est-ce qu'il aurait pu l'emmener ?

Elle hoche la tête. Nous devons juste attendre que la police la retrouve. En espérant qu'elle soit saine et sauve...