Our Little Secret

Chapitre 8 - Quelques mots

ALDRIC

Aldric, 16 ans

Ma veste à capuche sur la tête, je marche tête baissée dans les couloirs du lycée en espérant devenir invisible. Je n'ai jamais eu beaucoup d'efforts à faire pour que ça fonctionne, sauf quand Ashley et ses amis sont dans les parages.

Là, je suis plus que visible. Je deviens la cible de sa cruauté, de ses moqueries, et de ses coups tordus.

J'ai l'habitude.

La rentrée a eu lieu il y a trois semaines, et j'ai déjà envie de tout arrêter. J'erre comme une âme en peine jusqu'aux toilettes, j'entre à l'intérieur et me laisse glisser contre l'un des murs du fond. Tout le monde est en cours, et je n'ai pas la force d'affronter les chuchotements aujourd'hui.

Je n'ai plus de motivation, parce que le seul qui me donnait envie de faire des efforts m'a brisé le cœur.

Cole n'est plus mon ami.

On n'est plus rien, alors qu'il était tout pour moi.

Il ne revient pas vers moi. J'ai tellement l'habitude qu'il cherche après moi, que ça ne m'était jamais venu à l'esprit qu'il puisse m'abandonner.

Je croyais qu'être son secret était un cadeau.

Finalement, je n'étais rien du tout.

C'était mon premier baiser. Il m'a remué au plus profond de mon être, et mes sentiments pour lui ont décuplé jusqu'à se briser comme une bouteille qu'on jette au sol.

Je n'arrive plus à parler, à chaque fois que j'essaie d'ouvrir la bouche, les mots s'y bloquent et la douleur dans ma poitrine s'intensifie.

Il déteste ma voix.

Et moi je le déteste de m'avoir fait ça.

J'aurais préféré qu'il ne m'embrasse pas. Avec le temps, peut-être que j'aurais réussi à étouffer mes sentiments dans un silence si assourdissant qu'il ne les aurait jamais entendus. Je me serais contenté de faire comme avant, l'aimer sans un bruit.

Son amitié serait toujours à moi, ses sourires de fierté me seraient toujours dédiés, et il aurait continué d'être ma lune.

Maintenant, je suis juste dans mon enfer silencieux. Et sans lui dans ma vie, je ne sais plus comment en sortir.

Je sors de mon sac mon carnet à dessin, prends mon crayon à mine grasse et laisse mon esprit s'exprimer pour moi.

À défaut de parler, je peux toujours communiquer par ce moyen.

Le seul problème, c'est que je continue de le dessiner comme un damné. J'ai l'impression que c'est ma punition pour avoir aimé celui que j'aurais dû me contenter d'admirer.

J'ai été trop gourmand, et la vérité m'a mis un tel coup au cœur qu'il ne fonctionne plus normalement.

Il affecte mon appétit, mon envie d'être normal et ma capacité à sourire.

Mes pères s'inquiètent parce qu'ils savent à quel point Cole est important pour moi. Quand ils me posent des questions, seul le silence leur répond.

Je suis décevant, et j'ai décidé que je le resterais.

La porte s'ouvre dans un fracas, le bruit de talons qui claquent sur le sol me fait relever la tête. Je regrette presque instantanément de m'être perdu trop longtemps dans mes pensées, au point d'oublier qu'entre ces murs je suis le jouet d'une garce cruelle.

Entourée de son petit harem composé de Darren, les amis de ce connard et ses suiveuses, elle me dévisage ses mains sur les hanches.

À chaque fois que je la regarde, je revois mon meilleur ami l'embrasser. Et elle ne perd jamais une occasion de me rappeler ce fait.