Chapitre 20 - Le pansement

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COLE

NDA : Sleeping at last - Hearing

J'observe le visage endormi d'Aldric, ses traits qui ont été difficiles à détendre, plus sereins qu'hier soir.

Chignon m'a appelé en urgence, pour m'informer que la réunion familiale l'avait chamboulé. La conversation a dévié sur son harcèlement et comme Aldric gère très mal les émotions liées à cette période de sa vie, ça l'a profondément perturbé.

Alors j'ai fait comme j'ai toujours fait quand nous étions mômes. J'ai essayé de remplacer ses émotions négatives par celles qui sont plus importantes aujourd'hui.

Nous avions fait le tri des bonbons tellement de fois à l'époque, que c'est le premier truc auquel j'ai pensé.

Son regard perdu et triste quand je suis arrivé chez lui restera à jamais gravé dans ma mémoire.

Je n'étais pas là.

Je ne me suis pas battu pour comprendre, pour être présent quand le harcèlement a commencé.

J'aurais dû être là.

Mon cœur s'est littéralement fissuré en le voyant si vulnérable, complètement perdu dans le bruit assourdissant de son silence.

Mais il a fini par sourire et ça a collé des pansements aux couleurs des bonbons sur mon cœur et sur le sien.

J'ai passé la nuit avec lui, en le tenant simplement dans mes bras jusqu'à ce qu'il s'endorme et le rythme lent et régulier de sa respiration finit par me bercer.

Mais ce matin, je dois le laisser.

Je suis en première ligne pour une négociation sensible et je ne peux pas me défiler, alors j'ai envoyé un message à sa sœur.

Amon est en route pour la ramener ici afin qu'il ne reste pas seul aujourd'hui.

Elle ne va pas tarder alors je profite des quelques minutes qu'il me reste pour fourrer mon nez dans ses cheveux, respirer son odeur qui n'appartient qu'à lui.

La solitude, l'argile et la pluie.

Mon cœur s'emballe, mon corps se réchauffe, mes doigts effleurent la peau de son cou.

J'ai envie de rester avec lui, de soulager son âme de tout ce qui la blesse, déposer sur lui le bouclier de la mienne pour que rien ne puisse l'attendre. Mais je ne peux pas le surprotéger en le coupant du monde.

Je peux l'aider à marcher dans le brouillard mais je ne peux pas être celui qui marche à sa place.

Et ça fait un mal de chien.

La porte d'entrée émet un petit bruit et je ferme les yeux en soupirant.

Trois secondes.

Je fais le décompte en laissant mes bras autour de lui avant de me détacher et de déposer mes lèvres sur sa tempe.

Je sors de son lit, reprends mon portable qui charge sur sa table de chevet, mes clopes et mes clés et essaie d'être le plus discret possible en fermant la porte de sa chambre derrière moi.

Longeant le couloir, j'aperçois Ava dans la cuisine en train de faire du café, vêtue d'un short en coton blanc, d'un débardeur à l'effigie d'un jeux vidéo auquel elle jouait avec Spaz et de son éternel chignon sur le sommet de son crâne.

Ça me fait penser à ma sœur Rio, qui fait la même chose en fourrant des crayons dans ses cheveux pour les maintenir en place.

Un jour je lui ai demandé pourquoi elle ne mettait pas d'élastique comme tout le monde, vu que ses crayons se cassent toujours la gueule.

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