Chapitre 39 - À nouveau, le silence

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ALDRIC

Je savais qu'en rentrant en Louisiane, et surtout en allant au complexe, il serait sûrement là. Mais c'est brutal l'effet que ça me fait d'être en face de lui, de me perdre dans son regard si profond.

On ne s'est pas vus depuis trois semaines, et j'ai l'impression qu'il a beaucoup changé.

Il a des cernes sous les yeux, son teint est moins solaire que d'habitude, et ses vêtements noirs qui d'ordinaire lui vont si bien, lui donnent une aura un peu sombre et éteinte.

À quelques mètres l'un de l'autre, il s'est figé en même temps que moi. Nous toisant silencieusement sans un geste.

Aucun de nous ne semble savoir ce qu'on doit faire pour dissiper cette gêne.

Il se masse la nuque, signe qu'il est mal à l'aise et s'approche doucement. Comme s'il voulait me montrer qu'il vient en paix, gardant une distance de quelques pas.

- Salut, je... écoute je dois y aller, mais j'aimerais que l'on discute un peu plus tard. Si tu veux bien...

J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais les mots ne sortent pas.

Je fronce les sourcils, complètement bloqué et l'observe reculer d'un pas, avec un soupir qui se dépose tristement sur mon âme.

Pourquoi il semble si... mal.

- Comme tu veux, n'hésite pas si tu as quelques minutes à m'accorder.

Il me dépasse pour partir, et je masse ma gorge en essayant de parler une fois qu'il est dehors.

- Cole...

Putain pourquoi j'ai pas réussi à sortir un mot ?!

J'ai l'impression qu'on vient à nouveau de me broyer le cœur, et je n'ai pas compris pourquoi ni comment.

Je ferme les yeux, et colle un sourire enjoué sur mon visage quand Ari me fonce dessus. Je referme mes bras autour de son corps, et respire l'odeur sucrée de sa peau.

- Je suis trop contente que tu sois rentrée mon préféré !

Je glisse mes mains sur ses joues et dépose un baiser sur le bout de son nez en souriant.

- Ari... me manquait... et Goldy... chiante.

Bien-sûr, je dis ça avec affection. Goldy m'a empêché de m'enfermer dans le silence, elle a su m'atteindre avec son caractère solaire et je lui en serai infiniment reconnaissant.

Je les salue tous un par un, pas de simples hochements de tête cette fois, j'ai le droit à de vraies accolades fraternelles. Pour Chris, je me contente de son sourire, sachant qu'il a du mal avec les contacts, n'acceptant que ceux de certaines personnes dans des cas particuliers.

Quant à Bellamy, on ne s'offre pas une effusion d'amour, et je me contente de sa claque dans le dos qui me déboîte l'épaule.

Je m'installe avec eux dans la grande salle sur les canapés, et leur parle de Vegas, tout en répondant à leurs questions bien ciblées.

Comme Ari qui m'a demandé comment étaient les mecs là-bas, ou Rox plus franche qui m'a demandé comment étaient les queues.

Ça m'a fait rire, j'ai haussé les épaules en leur disant que je n'en avais aucune idée.

Je suis sorti, j'ai picolé avec ma sœur et sa copine April, je me suis lamenté dans une baignoire avec un boa à plumes, un tutu à paillettes et un serre tête de merde sur la gueule avec elles.

Fuir n'était pas la solution, et je me sens chez moi ici. J'ai passé de bons moments, mais la Louisiane me manquait.

Et Cole.

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