Chapitre 46 - Perte de souffle

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COLE

NDA : Nathan Wagner - Suffocate

- Allez Tic, ne t'enferme pas dans le silence. Me supplie ma sœur les yeux pleins de tendresse.

Allongé sur mon canapé, je sens les regards insistants de mes parents, de mes deux sœurs et de mon beau-frère qui attendent patiemment que j'ouvre la bouche.

Mes bras croisés sur ma poitrine, je secoue la tête en détournant le regard. Incapable de faire face à la deception dans leurs yeux.

La peur.

Les coups, les flashbacks et la douleur. Tout ça est ancré dans mon âme, sur mon corps. Ça me noie. Je n'arrive pas à remonter à la surface.

À chaque fois que je ferme les yeux, j'ai en face de moi le visage haineux d'Alexander. Ses yeux brillants de haine, ses mots qui percutent mon âme. Sa rage et son envie de vengeance glissent sous ma peau.

Je porte les stigmates de ces heures passées à subir sa haine. Je ne pensais pas qu'un jour je puisse me sentir aussi impuissant. Non pas face à la violence, mais plutôt à ses conséquences.

Je suffoque.

La peur gangrène mon esprit, mes nuits. Je m'effondre et je m'étouffe dans mon propre sang.

- Mon petit prince des glaces, regarde-moi. Me murmure Rio en glissant sa main sur ma joue.

La sensation de sa peau sur la mienne me fait fermer les yeux. Un sentiment de sécurité m'envahit, me détend. Je suis de nouveau le gamin de cinq ans qui la rejoignait dans sa chambre, quand elle me couvait entre ses bras en me caressant les cheveux.

- Je sais que tu as mal, mais tu es plus fort que ça. Parle-moi.

Mon cœur vacille au rythme de la caresse de son pouce sur ma mâchoire. J'ouvre les yeux et plonge dans un océan d'amour, de douceur et de détermination à me faire parler.

Mon âme s'agite, se laisse tomber contre les barreaux de cette prison silencieuse qui me retient contre mon gré.

Je veux faire du bruit.

Mon père pose sa main sur ma nuque, ma mère attrape ma main. Je sens leur amour, leur force qui me poussent à inspirer doucement. Je ressens l'âme de ma sœur, celle que l'on partage et qui passe sa main entre les barreaux.

Je veux la saisir.

Alors j'inspire doucement une nouvelle fois. Je me racle légèrement la gorge et la douleur me fait grimacer.

Je veux faire du bruit.

J'ouvre la bouche, je sens ma voix remonter de mon thorax, mes cordes vocales qui s'apprêtent à vibrer.

Mais je me fige.

Je tombe à nouveau dans cette mer gelée. La sensation de la lame sur ma peau, et la souffrance quand elle s'enfonce dans ma chair.

J'ai peur de mourir.

C'est ce que je ressens à chaque fois que j'ouvre la bouche, que j'essaye de laisser entendre ma voix, de m'exprimer.

La terreur me gèle sur place, la souffrance revient et je suis terrifié à l'idée qu'un son puisse sortir de ma gorge.

Ou plutôt qu'il le ne puisse pas...

Je suis pétrifié par l'angoisse de ne plus jamais entendre le son de ma voix. De ne plus être celui que j'étais.

Bruyant, remuant, solaire pour les autres.

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