Les premiers rayons du soleil filtrèrent à travers les rideaux, m'arrachant doucement au sommeil. Il me fallut plusieurs secondes pour me rappeler où j'étais : recroquevillée dans le canapé, les cheveux en pagaille, encore enveloppée par un brouillard matinal. Un soupir m'échappa alors que je cherchais mon téléphone. Il était déjà 9h50. Un message de ma mère s'affichait sur l'écran :
« Je rentrerai vers midi. On ira se prendre un bon déjeuner, rien que toi et moi. Entre filles ! »
Un sourire attendri se dessina sur mon visage. Peut-être avais-je inconsciemment eu peur de la perdre. Elle était tout ce qu'il me restait. Ce message me réchauffa le cœur, dissipant légèrement la mélancolie qui pesait sur moi depuis la veille.
Je me levai avec un élan de détermination, direction la salle de bain pour une bonne douche. L'eau chaude enveloppa rapidement la pièce d'une vapeur apaisante, et je laissai la chaleur détendre mes muscles noués. Chaque goutte semblait emporter un fragment de mes inquiétudes. Respire, Léna, me dis-je en fermant les yeux, tentant de me convaincre que tout allait finir par s'arranger. Pourtant, la réalité continuait de s'imposer à moi : ma vie allait irrévocablement changer. Il me fallait du temps, et ce moment de solitude sous l'eau était une étape nécessaire pour rassembler mes pensées.
Lorsque je sortis de la douche, il était encore tôt. Ma mère ne rentrerait pas avant une bonne heure. J'allumai la télévision pour combler le silence, tombant sur une série de films d'Halloween. Un peu tot, pour ces redigfusions, me disais-je. Habituellement, j'adorais cette période de l'année, mais aujourd'hui, mon esprit refusait de se concentrer. Je zappai d'une chaîne à l'autre, avant de m'arrêter sur une émission de cuisine.
Les souvenirs de mon père refirent surface, aussi imprévisibles que douloureux. Les moments de complicité passés à cuisiner ensemble le week-end étaient gravés en moi. Nous étions une équipe, parfois maladroite, mais toujours pleine de joie. Je revis nos fous rires lorsqu'une fournée de cupcakes avait brûlé, ou encore cette fois où il avait ajouté -beaucoup- trop d'épices dans un curry. Ces souvenirs avaient fait de la cuisine un sanctuaire, jusqu'à ce que son absence ne la transforme en un lieu de douleur.
Papa n'aurait pas voulu que je renonce à cette passion, pensai-je, mes doigts jouant distraitement avec un coussin sur le canapé. Il aurait voulu que je continue, pour lui, pour nous. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire.
La sonnerie de mon téléphone me sortit de mes réflexions. Un message de ma mère :
« Qu'est-ce que tu penses d'une pizza ? »
Je souris.
« Super ! Montagnarde, jambon cru pour moi. Et de la sauce piquante ! »
C'était notre rituel, une habitude rassurante qui était devenue une échappatoire dans les moments importants. Les pizzas étaient notre moyen de célébrer, d'apaiser les tensions, ou simplement de nous retrouver. Je coupai la télévision et mis de la musique tout en m'habillant. En attendant son retour, je rangeai le salon, tentant de canaliser l'agitation qui m'habitait.
Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit sur ma mère, tout sourire.
— Salut ma puce ! C'est l'heure de la pizza !
— Génial ! répondis-je, avec un enthousiasme sincère cette fois.
— Je fonce me mettre en pyjama, j'arrive !
Installée sur le canapé, emmitouflée dans un plaid, j'attendis qu'elle me rejoigne. Elle arriva rapidement, les cheveux relevés en un chignon décontracté et un pyjama confortable. La pizza, encore fumante, reposait sur la table basse. Nous nous installions côte à côte, prêtes à dévorer notre festin.
— Alors comme ça, tu vas te marier, hein... murmurais-je, plus pour moi-même que pour elle.
Elle posa son regard sur moi, un sourire doux sur les lèvres.
— Oui. On va se marier. Mais je veux que tu saches que rien ne changera jamais tout l'amour que j'ai pour toi. Ni celui que j'ai pour ton père.
Ses mots me touchèrent, mais laissèrent aussi une pointe de douleur. Mon père avait été son grand amour, et je savais qu'elle l'aimerait toujours. Pourtant, elle avait droit à ce bonheur. J'acquiesçai doucement avant de me pencher pour la serrer dans mes bras.
— Dis-moi... Est-ce que vous avez déjà réfléchi à comment on va vivre ? Et où ? On habite à plusieurs heures d'ici. J'imagine que vous allez vouloir vivre ensemble, avec David. Alors... quel est le plan ?
Ma mère prit une bouchée de pizza, son expression se faisant plus sérieuse. Elle reposa sa part dans le carton avant de croiser mon regard.
— David et moi avons déjà discuté de tout cela. Il voyage souvent pour son travail, et c'est difficile pour Castiel. Moi, avec mon emploi à distance, je suis flexible. Nous avons pensé vivre chez David et Castiel. Ils ont une grande maison, dans une belle ville. Mais je sais que cela représenterait un changement important pour toi. Je tiens... Nous tenons vraiment à ce que tu te sentes à l'aise dans cette transition.
Un poids s'installa sur ma poitrine. Tout quitter ? Ma vie, mes amis, notre appartement...
— Mais maman, toute ma vie est là-bas. Mes amis, l'école, et notre appartement... celui où on a vécu avec papa.
Elle posa sa main sur la mienne, son regard plein de tendresse.
— Je comprends, ma puce. C'est pourquoi nous avons pensé garder l'appartement. Il serait toujours à ta disposition si tu en as besoin, ou si tu veux y retourner.
L'idée de garder l'appartement m'apaisa quelque peu. Mais au fond, je savais que ce ne serait plus jamais pareil. Je hochai la tête, tentant de dissimuler le tourbillon d'émotions qui m'habitait.
— J'ai... juste besoin de temps pour y réfléchir, dis-je doucement.
— C'est tout ce que je te demande, Léna. On a encore un peu de temps avant que tout change.
Nous terminions la pizza dans un semi-silence, chacune plongée dans ses pensées. Pourtant, ces moments simples, partagés entre nous, restaient précieux. La journée s'acheva devant des comédies romantiques et des pots de glace, des instants de légèreté que je chérissais plus que jamais.
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Il est mon Demi-Frère ... Et pourtant ... [Amour Sucré][Castiel]
RomanceAlors que sa mère annonce soudainement ses fiançailles avec David, un homme que Léna, dix-sept ans, connaît à peine, elle se prépare à affronter un tournant inattendu de sa vie. Mais c'est sa rencontre avec Castiel, le fils rebelle de David qui va...