CHAPITRE 16

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~ZELIO~

- Putain !

J'en ai marre de voir les putes de Bryan et Nino défiler dans cette maison de merde. J'en ai marre d'entendre crier ces chiennes du matin au soir depuis un an. Une putain d'année entière à me les coltiner jour et nuit sans aucun répit et aucune issue de secours. Je suis bloqué dans ce coin du monde pourrit avec ces imbéciles du matin au soir, vingt-quatre heure sur vingt-quatre. Je n'ai plus de patience, j'arrive au bout.

- J'en connais un qui s'est encore levé les couilles à l'envers.

- C'est parce qu'il n'a pas baisé depuis un an, je lui ai dit que ça lui ferait du bien mais il est têtu.

Même leurs voix m'insupportent. Je suis obligé de me contenir et de puiser tout au fond de moi pour ne pas les égorger. Chaque matin, c'est le même refrain.

- Je t'assure mon frère, baise un bon coup et tu ne te réveilleras plus jamais de mauvaise humeur, crois-moi.

Je sors de cette maison, ou devrais-je dire de cet enfer déguisé et je me mets à marcher autour de la maison pour essayer de respirer un air différent. Aujourd'hui, l'air est encore plus étouffant que d'habitude, beaucoup plus étouffant. Ça fait un an qu'elle a disparue et que je vis avec cette sensation de manque chaque jour que Dieu fait. J'ai l'impression qu'on m'a enlevé une partie de moi et je n'ai plus jamais était moi-même depuis ce jour-là. Avoir torturé et tué chaque personne qui aurait pu avoir un lien avec sa disparition ne m'a pas apporté la paix. Je sais qu'elle est morte, je sais que je ne la reverrais jamais mais chaque matin je me réveille en espérant qu'elle soit près de moi.

- Zelio !

Je m'arrête et me retourne vers Enzo qui court dans ma direction. C'est le seul que j'arrive encore à supporter, surement parce qu'il lui manque aussi une partie de lui. Luna a disparue en même temps que Nemesis et même si j'ai l'impression qu'il arrive à aller de l'avant depuis quelques mois contrairement à moi, il me comprend.

- Il est à peine dix heures et j'ai déjà envie de boire dit-il en avançant avec moi.

- Si je bois une goutte d'alcool, tu pleureras aussi la mort de ton frère.

- Elle te manque ? dit-il en s'arrêtant de marcher.

Ce n'est plus du manque à ce stade, c'est de la torture. J'aurais aimé ne jamais la rencontrer pour ne pas ressentir cette douleur et je la déteste autant que je l'aime pour m'avoir abandonné. Je me haie aussi de ne pas l'avoir retenue ce jour-là. C'est moi qui aurais dû partir derrière elle, pas Luna. J'aurais dû mourir à sa place, parce que je ne supporterais jamais de vivre sans elle.

- Evidemment.

- Il faut que tu fasses ton deuil mon frère. Si tu n'acceptes pas sa mort, tu ne vivras jamais.

C'est exactement pour ça que je dois me barrer d'ici, je ne supporte plus d'entendre tout le monde me dire de passer à autre chose. Je ne pourrais pas passer à autre chose tant que je ne saurais pas ce qui lui est arrivé. Si elle a souffert ou si elle a eu une mort rapide, si quelqu'un la touchée, si elle était effrayée, si elle avait espoir que je vienne la chercher... Toutes ces questions-là, que je me pose depuis un an et qui sont restées sans réponses m'empêchent de faire mon deuil.

- Luna se retournerait dans sa tombe si elle te voyait aussi indifférent à sa mort. Ah attends, elle n'a pas de tombe, elle se décompose surement quelque part...

- Ne fais pas ça.

- Te dire que tu es faible, un lâche ? Si c'était toi à sa place, Luna n'aurait jamais fait ton deuil tant qu'elle ne t'aurait pas vengé et enterré dignement.

NEMESISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant