CHAPITRE 26 (PARTIE 1)

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~ AVA ~

Je reprends ma respiration contre son torse pendant qu'il me caresse les cheveux et je ne peux pas m'empêcher de penser que ce moment aurait pu nous être volé. Et tous les autres aussi.

Est-ce que c'est immoral ?

C'est la question que je me pose tous les jours. Evidemment que ça l'est mais je m'en fiche. Il n'y a plus rien qui m'importe à part lui. On a refait notre vie, on a tout abandonné pour être ensemble alors qu'est-ce que ce qu'on s'en fout que ça le soit ou non. Je n'ai jamais connu ça, jamais ressenti ça pour qui ce soit. Je suis surement dépendante de son amour. Et alors ? Qu'est-ce qu'il y a de mal à être dépendante de quelqu'un qui vous rend heureux ? Absolument rien. Ça, personne ne nous l'a jamais appris. Chaque matin quand je me réveille, je suis dans ses bras et chaque soir lorsque je m'endors je suis dans ses bras. C'est tout ce qui m'importe.

Il y a trois mois, lorsque j'étais face à eux trois. A Enzo complément perdu, complétement anéanti de voir la vie de la femme qu'il aimait complément détruite par ma faute, Zelio sur le point de commettre l'erreur de sa vie en prenant la vie à quelqu'un qu'il considérait comme son frère et Luna dans l'incompréhension totale de ne pas être vengée par sa famille, j'ai eu un déclic. Personne n'avait le courage de le dire ce jour-là, parce que personne ne pouvait se résoudre à ce que ça se termine comme ça, tout simplement parce que on n'a jamais appris ça. Le pardon. Ils ont été formatés à se venger et à se battre pour leur honneur toute leur vie, alors ils ne connaissaient pas le pardon. Moi non plus d'ailleurs. Je n'ai jamais pardonné mon père de m'avoir abandonné. Aujourd'hui je l'ai fait. Je ne m'étais pas pardonnée de ne pas avoir été au chevet de ma mère à sa mort, aujourd'hui je l'ai fait. Et je n'avais pas pardonné à l'assassin de Kyle mais aujourd'hui je l'ai fait. Je l'ai fait parce que c'est ce que je leur ai demandés ce jour-là. Pardon.

« Je vous pardonne ».

C'est la première phrase qui est sortie de ma bouche lorsque Enzo et Zelio pointaient leur arme l'un sur l'autre.

« Je vous pardonne alors pardonnez-moi ».

Je n'avais aucun espoir qu'Enzo me pardonne ce que j'ai fait à Luna et encore moins qu'elle me pardonne ce que je lui ai fait subir mais dans leurs yeux à tous les trois j'ai vu une lueur d'espoir. Alors j'ai continué en espérant qu'ils me considèrent et qu'ils baissent leurs armes.

« Si on ne se pardonne pas...on mourra tous aujourd'hui. Pour l'honneur ou la fierté ou par vengeance, peu importe on sera tous perdants. »

Leurs armes respectives étaient toujours dans la même direction mais les muscles de leurs bras étaient moins contractés. Aucun d'eux ne voulait que ça se finisse comme ça mais aucun ne pouvait se résoudre à lâcher en premier. Alors je me suis mise entre eux deux, leurs armes étaient maintenant pointées sur moi et je savais qu'à l'instant même où je ferais ça Zelio pointerais son arme sur Luna. Ça n'a pas manqué.

« Si tu tires Enzo, Zelio tirera aussi, puis vous vous entretuerez après avoir perdu ce pourquoi vous vous êtes battus. Et si vous baissez vos armes tous les deux, on pourra repartir, se reconstruire et essayer de vivre ».

Luna était silencieuse cette fois. Elle savait tout comme moi que ça ne pouvait se terminer que deux manières. La mort ou la vie. Je sais pertinemment qu'elle aurait préféré que je meurs ce jour-là et ce n'est pas étonnant franchement mais pas que j'entraine Enzo en enfer. C'est ce qu'il a fait dire cette phrase que personne n'attendait. C'est ce qui nous a sauvé.

« Elle...elle a raison ».

Les mots sont sortis difficilement mais elle l'a dit.

Enzo a baissé son arme et Zelio l'a suivi. Sans un mot, on est sortis de la chambre à reculons en refermant la porte derrière nous. Et sans nous retourner, nous avons pris la route jusqu'ici, jusqu'à cet endroit de rêve dans lequel je me blottis dans les bras de celui que j'ai détesté, de celui que je voulais voir mort plus que tout au monde, je suis dans les bras de l'homme de qui je suis tombé folle amoureuse. Et folle est vraiment le bon mot.

- A quoi tu penses ? me demande-t-il en me sortant de mes pensées.

- A nous.

Il se retourne face à moi et prends mon visage entre ses mains avant de déposer un baiser sur mes lèvres.

- Putain, je t'aime trésor. 

NEMESISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant