Chapitre 5 : Retour à la vie normale.

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Le lendemain matin, Laïa :

Je sursaute violemment lorsque mon réveil s'affole. D'ordinaire, je ne suis pas surprise par la sonnerie de mon téléphone. Mon cerveau se met en marche toujours cinq minutes avant. Question d'habitude. Mais ce matin-là, je dormais à point fermé.

Mes muscles me font souffrir lorsque je me lève. Cette impression de peser une tonne me suit jusqu'à la salle de bain. Je décide de prendre une douche pour me détendre. Je n'ai pas envie de me souvenir. Parce que la vérité c'est que je n'ai pas oublié.

Non, ça ne t'atteindra pas.

Mon coeur peine à battre ce matin. Lui, il se souvient de tout. De la trahison. De la déception. J'ai encore, derrière les paupières, l'image du sang qui jaillit de sa gorge.

Il est mort.

Je ne m'autorise pas à pleurer, même recroquevillée sous le jet d'eau chaude en pensant à la nuit dernière. Depuis plus de huit mois, Drew jouait un rôle à la perfection. Il m'a fait croire que je pouvais compter sur lui comme un ami. J'ai apprécié sa compagnie, j'ai confié certains de mes secrets. Il m'a remercié en me droguant sous les ordres de Cécile.

Non, ça ne m'atteindra pas.

Je voulais juste une vie normale. Avoir un travail, une mentalité stable, un entourage sain. Finalement Flynn réapparaît dans ma vie. Il fout tout en l'air. Pourquoi je ne peux pas trouver la paix ? Qu'ai-je fais à l'univers pour qu'il m'envoie autant d'ondes négatives ?

Non, ça ne m'atteindra pas.

Lorsque l'eau commence à perdre de sa chaleur, je coupe le jet. Je m'enveloppe dans ma serviette en fourrant mon nez dans le tissu éponge. J'inspire. J'expire. Non, je ne pleurerai pas aujourd'hui. J'ai trop pleuré dans ma vie.

Je me dirige le plus discrètement possible dans ma chambre afin de choisir ma tenue pour ma journée de travail. Après avoir enfilé un pantalon noire et un chemisier à manche courte rouge, j'attrape mon sac, mes clés et, sur la pointe des pieds, je traverse la maison trop silencieuse à mon goût.

Je croise le corps presque sans vie de mon père, étendu sur le canapé. Je ne tente pas le diable et me dépêche de sortir de cette maison. Non, je ne suis pas suicidaire. La dernière chose dont j'ai envie aujourd'hui c'est un affrontement avec mon géniteur.

Lorsque le soleil printanier se pose sur mon visage, je prends un temps pour redresser la tête les yeux fermés, profitant de sa douce chaleur. Le beau temps me manquait. Je ne suis pas friande du froid et de l'hiver.

Je m'installe dans ma voiture. Direction le travail. La musique emplit l'habitacle, m'empêchant de trop cogiter. Mais au bout de quelques minutes, ma bulle éclate, remplacée par la sonnerie de mon téléphone. Sans détourner le regard de la route, je décroche :

- Allô ?

- La police m'a interrogée sur la disparition de Luca, je n'arriverais pas à dormir tant qu'on ne le retrouvera pas sain et sauf.

J'ai été porté disparu pendant une dizaine de jours aux U.S. et la seule chose que tu as eu le culot de dire c'est : "Tu n'as pas donné de nouvelles depuis je ne sais combien de temps, salle ingrate."

J'inspire un grand coup. Il fallait que ma mère m'appelle aujourd'hui. Mon mental n'est pas assez stable pour supporter la mort de mon faux meilleur ami ET l'appel de ma mère qui a pour seul sujet la disparition de Luca.

À pas de loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant