Chapitre 6 : Cache-cache.

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TW : violence + propose violent.


Quelques heures plus tard, Laïa :

- Mademoiselle Stevens ?

Je relève la tête de mon plat réchauffé pour regarder tour à tour le policier et son assistant. J'ai perdu l'appétit depuis que j'ai régurgité mon petit-déjeuner dans les toilettes. Je n'ai plus d'énergie depuis que mes muscles se sont crispés, que ma respiration s'est saccadée, que mes larmes ont inondé mon visage, que mon cœur s'est débattu à s'en rompre.

Mon collègue m'a rejoint, m'a pris dans ses bras pour me bercer jusqu'à ce que je reprenne mes esprits. Je suis restée silencieuse malgré ses nombreuses tentatives pour m'aider. Mais s'il savait, je le mettrais en danger.

- Ecoutez, Monsieur. Lui et moi avions une relation très complexe. Il... Il me battait et il me... forçait. Je vais pas vous faire un dessin.

Je joue avec les manches de mon pull, remontées jusqu'au milieu de mes mains.

- Regardez-moi, leur dis-je en me désignant, comment aurais-je pu lui faire quoi que ce soit ? Il me terrorisait, il me terrorise toujours, pour être honnête.

Je baisse les yeux, honteuse d'avouer l'une de mes faiblesses.

- Où étiez-vous le soir de l'enlèvement ? me demande-t-il.

- J'étais chez moi.

- Quelqu'un peut nous le confirmer ?

Dis-leur.

- M...Mon père ? bégayé-je.

L'homme d'une cinquantaine d'années me regarde par-dessus ses lunettes, l'air accusateur.

- Vous n'avez pas l'air sûre de vous.

Dis-leur.

- Mon père n'est pas... dans son état normal, passée une certaine heure. Je ne suis pas sûre qu'il soit capable de se souvenir de ce qu'il a mangé hier.

L'homme me regarde avec insistance. Ma tête rentrée dans les épaules, le regard fuyant, j'agrippe mes bras dans un besoin de me sentir en sécurité.

Dis-leur.

- Mademoiselle Stevens, avez-vous quelque chose à nous dire ?

Dis-leur. Dis-leur. Dis-leur.

- N...Non. Non, Monsieur.

- Nous pouvons vous aider, vous savez ?

Dis-leur.

Je secoue la tête, ravalant mes larmes. Alors ils se lèvent après quelques salutations respectueuses. Je reste un instant seule, dans le parc, assise sur ma table de pique-nique. J'aimerai que le temps s'arrête. J'aimerai que tout redevienne comme avant. Mais après une grande réflexion, quand est-ce que ma vie a été saine ? Je repense aux quelques voyages que j'ai entrepris avec Flynn. Au Texas, à New-York, à Las Vegas... Sur des moments courts mais intenses, j'ai vu le vrai bonheur. Entourée de ceux que j'aimais.

Lorsque je reprends le chemin de l'accueil, je vois Flynn qui me surveille, sous le préau. Les jambes légèrement écartées, il a caché ses mains dans les poches de son jean noir.

- Ça va ? me demande-t-il.

- Ouais.

Ça parait peut-être bizarre compte-tenu de la situation, mais je suis légèrement soulagée que ce débile soit là. Je le déteste, il m'a abandonné, comme tous les autres, mais finalement les seuls bons moments que j'ai connu, c'est quand il était là avec moi. Quand il n'était que Flynn et moi Laïa. Et non le criminel et l'au pair.

À pas de loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant