Quelques heures plus tard, New Jersey, Laïa :
- Je suis désolée, soufflé-je à l'autre bout du combiné.
- Arrête de t'excuser, me dit Quentin, d'une voix plus adoucie. On se débrouillera bien sans toi. Mais je suppose que tu ne reviendras pas ?
Du coin de l'œil, je regarde Flynn, concentré sur la route, une main nonchalamment posée sur l'accoudoir. Je soupire. J'ai dû quitter mon pays pour la seconde fois. J'ai fuis mon pays pour la seconde fois.
Non, je ne reviendrais pas. Désormais, plus rien ne m'attend en France. J'ai tenté de me racheter auprès de mon père. J'ai souhaité reconstruire un bout de famille dans mon pays natal. Et je n'ai reçu que des coups.
Je ne pleurerai pas. Après cette nuit dernière, il y a eu un chao d'émotion dans ma tête. La peur, le dégoût, la colère. Désormais, je reprends le contrôle.
- Non, Quentin. Je ne peux pas.
- Tu ne veux pas m'en parler ? insiste-t-il.
- Je ne peux pas.
C'est à son tour de soupirer.
- Promets-moi de prendre soin de toi.
- Je vais faire ce que je peux, lui dis-je avant de raccrocher.
Je reporte mon attention sur la route. Nous sommes bientôt arrivés. Un coup d'œil sur le tableau de bord de la voiture quelques minutes plus tôt m'indique mon nouveau chez moi. Medford. J'espère que je m'y plairai. Pour l'instant, d'immenses arbres bordent la route. Ils sont si grands qu'ils semblent toucher le ciel.
La verdure se compare à celle de Mâcon, en France. Je ne me sens pas aussi dépaysée que Miami. Malgré les Wawa, les Target et toutes les enseignes qui n'existent pas chez moi. Malgré les centaines de drapeaux américain fièrement dressés. Malgré les maisons américaines aux couleurs surprenantes.
Au bout de quelques instants, Flynn se gare devant une petite maison grise. Elle n'est pas aussi prétentieuse que celle qu'il avait à Miami. Je préfère de loin ce refuge plus mignon, plus intime.
Je pose un pied à l'extérieur de l'habitacle. Je suis le chemin en béton délimité par des galets inégaux qui mène jusqu'à la porte d'entrée. Je m'occuperai de mes bagages plus tard.
J'inspire bruyamment pour me donner tout le courage du monde, en appréhendant les détails de la porte. Puis, j'attrape la poignée pour m'introduire dans mon nouveau chez moi.
- Attends ! Il y a...
Mais c'est trop tard, Flynn n'a pas le temps de finir sa phrase que je suis surprise par de monstrueux aboiements. Un Dobermann descend les escaliers et, les poils hérissés, les babines retroussées sur ses grandes canines, il avance menaçant, près à bondir.
Je recule, apeurée. Mon dos se cogne sur quelque chose. J'échappe un cri surpris. Lorsque je comprends que j'ai buté contre le torse de Flynn, ce dernier m'attrape le bras pour me passer devant.
- Coucher, Dante.
Dante ? Il est pas sérieux ?
Mais le chien aboie. Il va finir par réveiller tout le quartier alors que nous sommes en pleine après-midi.
- Mais fais quelque chose ! T'as pas d'autorité ou quoi ? m'exclamé-je.
Je recule discrètement en direction de la sortie lorsque l'animal avance davantage. Ses grognements menaçant ne se calment pas faisant naître un frisson désagréable au plus bas de l'échine.
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À pas de loup
RomanceHuit mois. C'est le temps qu'elle a utilisé pour reprendre sa vie en main, en France. C'est le temps qu'il lui a fallu pour tenter d'éradiquer les menaces qui plane au-dessus de sa tête. Huit mois. Huit mois c'est déchirant. Huit mois c'est réc...