Chapitre 14 : Portée disparue

5 1 0
                                    

Quelques jours plus tard, Laïa :

Cela fait quelques jours que j'essaie d'habituer Dante à accepter ma présence. Je le fais en cachette, pour que personne n'ait à redire quoi que ce soit. Et surtout, c'est uniquement pour m'occuper l'esprit. J'ai longtemps hésité à aller au sport de huit heures du matin jusqu'à dix-neuf heures du soir. Mais bon.

Imagine le corps d'athlète que tu peux avoir avec ce genre de séance...

Alors, dès que la voie est libre, je m'occupe de Dante. Je tente d'éviter l'inévitable : penser à ma mère, parler à ma mère, voir ma mère. C'est un vrai dragon, comme dirait Flynn. Elle ne peut s'empêcher de donner son opinion sur tout et n'importe quoi.

Les gars font preuve d'une patience que je ne connaissais pas. Surtout Flynn. Inaya a déserté la maison. Ou presque. Elle reste présente pour moi. En l'espace de six jours, elle m'a emmené faire les magasins à Cherry Hill Mall, au cinéma et faire des balades. Je ne peux expliquer à quel point je suis soulagée de retrouver ma meilleure amie dans ma vie. Elle m'avait manqué et les appels téléphoniques commençaient à ne pas être suffisants pour soulager mes peines.

Quant à Liam, il n'est pas bête, il sent la tension et, compte-tenu de son passif, il fuit le conflit depuis que ma mère est là. Il reste dans sa chambre à jouer avec ses jouets et bien évidemment, je le rejoins dès que j'en ai l'occasion. Il ne m'en veut plus de l'avoir quitté. Et nos histoires de pirates, de super-héros ainsi que tous les légos que nous avons construits ensemble nous ont rapprochés.

Je sors de mes pensées lorsqu'un numéro de téléphone français apparaît sur mon écran. Après une brève hésitation, je décide de décrocher.

- Allô ?

- Bonjour, je voudrais parler à Laïa Stevens, répond une toute petite voix.

J'hésite un instant. Les secondes s'étirent.

- C'est bien moi.

Un soupire s'échappe de l'inconnue, à l'autre bout du combiné.

- Je m'appelle Mélanie. Je... J'ai rencontré Luca, il y a quelques mois. J'ai été interrogée par la police dès qu'il a disparu. Et... ils sont revenus vers moi, pour m'annoncer que... que...

Elle ne peut contenir ses pleurs et je la laisse reprendre son souffle. J'abandonne Liam qui joue tranquillement, me dirigeant dans la chambre de Flynn, que j'occupe depuis quelques jours déjà.

- Excuse-moi, c'est pas facile à dire à voix haute. Les policiers m'ont parlé de toi. Ils ont dit que tu étais une autre potentielle v...v...

- Victime, conclus-je, le ventre nouée.

- Oui, voilà.

Je couvre ma bouche de ma main, sidérée.

Je ne suis pas la seule.

- Ils ont dit que deux témoignages pourraient peser dans la balance, pour lancer une procédure judiciaire.

Flynn entre dans la chambre à ce moment-là, il lève les yeux sur moi, surpris de me voir ici.

- Je croyais que tu... commence-t-il.

- Est-ce qu'ils l'ont retrouvé ? demandé-je à Mélanie.

Un silence me répond. Non, bien-sûr que non, sinon ma mère l'aurait déjà crié sur tous les toits.

- Je ne comprends pas, Mélanie, comment veulent-ils retenir des charges contre lui s'il est porté disparu ?

- On ne peut pas, c'est seulement à supposer qu'ils le retrouvent. Mais plus l'enquête avance, plus ils pensent que ses actes l'ont mené à sa perte. Ils... enfin j'en sais rien, ils disent qu'ils est déjà probablement mort, à l'heure qu'il est. C'est juste que...

À pas de loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant