Chapitre 9 : Vide.

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Trop beau - Lomepale.


Quelques jours plus tard, Laïa :

Le vide. Ces derniers jours ont été chaotiques. Dès son retour dans mon quotidien, tout a basculé. Et maintenant que je suis de retour dans leur vie, le vide s'est installé. J'aurai voulu pleurer. J'aurai voulu crier. J'aurai voulu m'échapper de mon propre corps.

Il a disparu.

Le soleil réchauffant timidement cette journée d'avril, je me suis sauvée de cette jolie petite maison. Quelques recherches sur Google Maps pour trouver une balade à faire dans les alentours, j'ai enfilé mes chaussures et je suis partie.

Drew, mon meilleur ami, est mort. Il est mort. Il... est...

J'ai rapidement trouvé un lac à quelques minutes à pied de notre maison. Je me suis installée sur un banc surplombant la surface calme de l'eau. J'ai regardé ce paysage idyllique en espérant trouver une émotion sereine. Mais je ne ressens que le vide. Le vide intersidéral dans mon corps. Dans mon coeur. Dans ma tête.

Mon père a essayé de me tuer.

Je sais que j'ai enfoui toutes mes émotions. Je devrais être soulagée d'être loin de tous mes démons français. Je devrais être triste d'avoir perdu mon meilleur ami. Je devrais être heureuse de vivre de nouveau aux côtés de mes amis. Je devrais être en colère contre le monde entier. Mais je ne ressens rien. Rien du tout.

Je reprends mon chemin en déambulant dans les rues. Je pose mes yeux sur tous les détails qui pourraient me faire un déclic. Mais rien ne me vient. Et je laisse échapper un soupir. J'ajuste mon casque de musique. Le son est tellement fort que j'aurai probablement mal à la tête ce soir, mais qu'importe.

À me perdre dans les chemins qui se ressemblent tous, je me retrouve face à une énorme église. Moderne, impersonnelle, mais quelque chose m'attire irrésistiblement à l'intérieur.

Je franchis ses portes. Si l'extérieur est fade, l'intérieur est lumineux. La salle rend honneur à la religion. Dans la plus grande discrétion, je m'installe sur un banc pour admirer l'autel. Je retire mon casque pour profiter du silence. Ce n'est pas étouffant, ce n'est pas angoissant.

Et soudainement, ce vide n'est plus si lourd à supporter. Je me sens sereine. Les yeux rivés sur les vitraux, les bougies, les statues... Je me sens bien, ici.

Si quelqu'un pouvait me montrer la voie pour aller mieux... pensé-je intérieurement.

Je ne sais pas combien de temps s'est passé lorsque quelqu'un vient s'asseoir juste à côté de moi. Je ne baisse pas les yeux sur le nouveau venu. Je sais déjà qui c'est.

- Tu crois en Dieu ? me demande-t-il.

- Je crois même pas en moi, comment pourrais-je croire en quelqu'un d'autre ? soufflé-je.

Cette fois, je tourne la tête vers mon interlocuteur qui me regarde déjà.

- Mais parfois, c'est plus facile de se réfugier dans une croyance absurde quand on est dépassé de tout, me dit-il.

Je le dévisage. Je préfère quand Lyo s'amuse à faire des blagues. Pas dans ces circonstances.

- Tu es religieux ? lui demandé-je.

- Ma mère l'était. Elle nous a forcés à aller à l'église tous les dimanches. Mon costume me grattait et je détestais ça. Je crois que j'ai jamais cru en quelque chose. Avec le temps, j'ai fini par aller à la messe sans rechigner, juste pour la rendre fière.

À pas de loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant