Chapitre 20 : Un joli rêve

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La chaleur était étouffante. L'été n'était pas encore là, mais la température de l'air flirtait déjà avec les trente degrés. Le sable stagnant au soleil brûlait quiconque s'en approchait. Emy traversa la plage en bondissant et gémissant à chaque pas. Elle sprinta tel un jaguar en pleine partie de chasse afin d'atteindre une zone d'ombre où le sable était abrité du soleil grâce à un immense pin. Elle geignit de satisfaction en enfouissant ses pieds dans le sable frais pour apaiser les brûlures superficielles sur ses talons.

— Tu as encore oublié tes tongs ! ragea Andréa en les lui jetant à ses pieds.

La jeune femme était simplement vêtue d'un paréo au-dessus de son bikini. Son visage était masqué d'une paire de lunettes de soleil et d'un immense chapeau de paille souple. Même foncièrement en colère, elle n'en était pas moins belle. Les plis d'agacement sur son front ne brisaient pas son charme aux yeux d'Emy.

— Tu es au courant qu'en plus d'être sublime, tu es parfaite ? lança-t-elle en enfilant ses tongs.

— La flatterie ne te mènera nulle part !

— Même pas dans ton lit ?

— Emy ! s'offusqua Andréa. Je suis toujours en colère contre toi, donc non ça ne t'y mènera certainement pas !

— Ça va, je plaisantais ! souffla Emy en s'approchant. Mais tu vas devoir me pardonner un jour. Je n'ai rien fait en plus de ça ! Tu t'emballes toute seule.

— Tu lui as répondu.

— Pour lui dire que je n'étais pas intéressée.

— Ce n'est pas ce que j'ai lu.

— J'ai dit que j'étais indisponible, tu interprètes ça comment toi ?

— Qu'à un moment donné tu seras disponible et que tu es potentiellement intéressée.

— Bordel, c'est un commentaire sur Instagram, Andréa ! Tu voulais que je dise quoi ? Va te faire foutre Kim Kardashian Junior, j'ai déjà une bombe dans ma vie et je n'aime pas les femmes dont les lèvres ressemblent à des zodiacs ?!

Andréa se tourna dos à Emy. Elle le savait, elle s'empêchait de rire et ne voulait pas perdre la face devant elle. La jeune femme s'approcha et mit ses mains sur ses épaules avant de les faire glisser sur sa taille pour la prendre dans ses bras.

— Tu sais que j'ai raison, murmura Emy. Je n'ai rien fait de mal et tu es affreusement jalouse. Il n'y a que toi qui compte, quand est-ce que tu vas intégrer ça ?

— J'ai mes raisons, souffla Andréa.

— Pourquoi ? Je ne suis pas quelqu'un d'infidèle.

— Un jour, j'ai cru te perdre pour une chose similaire, je ne veux pas que ça se reproduise.

— Quoi ? s'étonna Emy. Il ne s'est rien passé de tel, Andy. Qu'est-ce que tu racontes ?

— Bientôt tu comprendras.

Alors que la jeune femme se tournait vers elle pour capturer ses lèvres, un hurlement d'alarme sortit subitement Emy de son sommeil. Lorsqu'elle réalisa une fois de plus ce qui lui arrivait, elle se mit à rire de frustration et frappant son matelas avec frénésie. C'était la troisième fois qu'elle rêvait d'Andréa. Cette fois, elle avait rêvé qu'elles étaient en couple et à la plage en plus. Emy n'avait jamais mis les pieds sur une plage de sa vie. Elle ne connaissait ni le bruit des vagues ni la sensation du sable sous ses pieds. Il faut dire que la banlieue de Bâton-Rouge n'était formée que de prairies et de champs de colza. On est bien loin des pinèdes et du sable chaud. Surtout à cette période de l'année. Avec un froid pareil, elle n'aurait pas été étonnée de se retrouver en train de rêver qu'elles dévalaient des pentes enneigées sur les fesses — car les skis c'était un aller simple pour les urgences et qu'après il ne s'agissait plus d'un rêve le cas échéant — en compagnie de la rousse qui la tourmentait depuis son arrivée. Elle observait les gratte-ciel géorgiens dont on ne percevait pas le sommet tant le brouillard était épais en se délectant d'une tasse de café chaud. Elle frissonna en repensant à la soirée de la veille. Électrisée par ce souvenir, elle prit son téléphone et envoya un message à l'intéressée.

Elle est faite de la même matière que les rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant