Emy ouvrit les yeux. Les rayons du soleil éclairaient la pièce. Elle referma les paupières pour préserver ses pupilles de la brûlure. Elle étendit naturellement son bras et tâtonna le matelas pour trouver le corps endormi de sa compagne. Elle tendit sa jambe, se bascula sur le côté avant de rouvrir subitement les yeux. Andréa n'était pas là. Impossible, songea-t-elle. Elle s'assit dans le lit et se tint la tête. Avait-elle rêvé ? Perdait-elle les pédales à ce point ? Il ne pouvait en être autrement. Elle avait tout ressenti, sa chaleur, son souffle, sa peau. Elle avait entendu sa voix, ses cris, ses mots doux. La panique la submergeait. Elle observa autour d'elle pour chercher un indice de sa présence. Ses pulsations cardiaques frappaient ses tempes la rendant presque sourde. Impossible, se répétait-elle inlassablement. Ce ne pouvait pas être un rêve ou une simple hallucination. De la chaleur de leurs baisers jusqu'aux vibrations de leurs extases, elle se souvenait de chaque sensation. Elle se leva fébrilement. Elle tangua jusqu'au garde-corps de la mezzanine.
— Andréa ? s'enquit-elle, la voix emplie d'inquiétude.
— Je suis en bas, ma puce.
Emy ferma les yeux et expira de soulagement. Elle essuya son regard mouillé par l'angoisse avant de rejoindre le rez-de-chaussée de son appartement. Elle était là, dans la cuisine, à lui préparer un petit déjeuner de reine. Simplement vêtue d'un t-shirt large d'Emy, elle lui semblait encore plus belle que la veille. Les hormones devaient sans doute y être pour quelque chose, mais elle préféra s'imaginer qu'il s'agissait des machaons dansant dans son ventre qui lui dictaient ses émotions. Emy s'approcha de la jeune femme, se colla à son dos et l'enlaça tendrement. Elle enfouit son visage dans son cou et la couvrit de baisers. Andréa échappa un rire clair sans pour autant freiner les avances d'Emy.
— J'espère que tu as faim, murmura-t-elle.
Elle lui mordit gentiment le cou, ce qui lui arracha un nouveau rire.
— Qu'est-ce que c'est que tout ça ?
— Que des bonnes choses, tu vas voir. Assieds-toi.
Emy s'exécuta et se laissa servir par sa compagne. Jamais personne n'avait pris soin d'elle de cette façon. Elle avait toujours été « celle qui faisait », « celle qui chouchoutait l'autre ». Elle n'avait jamais été de l'autre côté, à la place de celle qui profite de l'attention.
— C'est comme ça que tu tentes de séduire les pirates ?
— Je pense que j'ai d'autres arguments bien plus convaincants que ma cuisine.
— Tu as cuisiné ? s'étonna Emy. Tu es au courant que plus personne ne le fait maintenant ?
— J'ai remarqué, ma chère ! J'ai mis un temps fou à trouver une poêle dans ta cuisine.
— Je ne savais même pas que j'en avais une, s'esclaffa-t-elle.
Cuisiner. En voilà une autre de surprise. Avec l'évolution de la gastronomie et surtout des robots, peu de personnes s'y attelaient à domicile. Il suffisait d'appuyer sur quelques boutons de son frigidaire pour que la machine concocte ce qui nous faisait plaisir. Emy ne savait même pas faire cuire un œuf alors elle ne pouvait qu'admirer les prouesses de son amante. Une odeur vanillée vint lui chatouiller les narines et aiguisa son appétit. Andréa se retourna, deux assiettes dans les mains et les déposa sur le comptoir. Emy observa son contenu les sourcils froncés.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Des pancakes, mon capitaine. Avec des fruits que j'ai pu trouver dans ton frigidaire. Fraises, myrtilles et framboises.
— Tu as fouillé dans mon frigo ? Si tu continues, tu vas me dire que tu as moulu le café toi-même.
— Non pas à ce point je n'ai ni les compétences en la matière ni les ustensiles adéquats dans ce qui te sert de cuisine !
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Elle est faite de la même matière que les rêves
RomanceÀ vingt-deux ans, Emy vit à Bâton-Rouge ville rivale de Saint-Georges. Sa vie bascule à la suite de la maladie dégénérative de sa mère, la forçant à abandonner ses rêves d'archéologie et à se consacrer à un emploi alimentaire pour subvenir à leurs b...