Chapitre 2 : La nouvelle

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La jeune femme s'arrêta au pas de la porte puis se tourna vers elle avec un sourire forcé qui fit sourire sa directrice. Elle connaissait cet alignement de dents blanches et savait qu'elle le réservait aux personnes qui l'ennuyaient.

— Bonjour Mencia.

— J'ai une bonne nouvelle pour toi ! clama-t-elle, plus qu'enjouée qu'à l'accoutumée.

— Ah oui ? Vous allez nous mettre une machine à café ? s'amusa Emy en surjouant.

— Je t'ai trouvé un binôme, figure-toi.

La jeune femme se mit à rire en haussant les sourcils d'étonnement.

— Un binôme ? Je crois que j'aurais préféré une machine à café, ça aurait été plus utile à ma survie ici.

— N'exagère pas, rouspéta Mencia. Cette fois, je peux t'assurer qu'elle sera qualifiée pour t'assister.

— Et « elle » vient d'où ? questionna Emy en croisant les bras avec lassitude.

— Il s'agit d'une mutation interne, répondit-elle. Elle était en poste chez l'Homme à Saint-Georges.

— Saint... je vois... souffla Emy en se massant entre les sourcils, les yeux clos pour masquer sa colère naissante.

— Et bien, cache donc ton enthousiasme ! s'agaça la RH. Ça fait six mois qu'on te cherche quelqu'un, tu devrais être contente que ta charge de travail se réduise enfin !

— Je serais enthousiaste quand elle s'avérera être une bonne manager et qu'elle allégera réellement mon travail. Vous m'avez envoyé quatre binômes en six mois et pas un seul d'entre eux n'était compétent. La dernière fois que vous m'en avez trouvé un, il est parti en pleurant dès le premier jour. En plus, celle-ci vient de Saint-Georges, ça en dit déjà long ! Les gens de la Haute-Ville ne comprennent pas comment ça fonctionne ici. Qu'est-ce qu'elle a fait dans son ancien poste pour « mériter » cette mutation ?

— Je me porte garante pour elle, ajouta-t-elle en levant la tête avec suffisance.

Mencia ne répondait pas à sa question. Personne de sain d'esprit voudrait quitter la Haute pour rejoindre Bâton-Rouge de son propre grès. Ce serait comme troquer un pavillon avec jardin contre une chambre de bonne sous les toits. Cela n'avait aucun sens.

— M'en voilà rassurée ! joua Emy de nouveau avec excès. Vous ne m'en voulez pas, mais je dois me changer pour mettre ma cape de super-assistante avant d'aller bosser.

Sous l'œil amusé de Pablo, Emy disparut derrière la porte des vestiaires. Elle souffla par le nez tel un dragon, déjà agacée alors que la journée n'avait pas encore débuté. Les vestiaires étaient tout aussi petits que la salle de pause. C'était une pièce aux mensurations ridicules entourée d'une armée de casiers métalliques à deux compartiments, l'un en haut et l'autre en bas. L'équipe était en majorité composée de femmes et les jours où le personnel était en nombre important, cela devenait vite compliqué pour se mettre en tenue. Le dresscode imposé par l'enseigne était simple. L'équipe de vente devait intégralement être vêtue de noir et l'équipe de responsables se différenciait par un haut blanc. Emy s'approcha du casier numéro trente situé au fond de la pièce et déverrouilla son cadenas à code. Elle posa son casque au-dessus de celui-ci et rangea sa veste en cuir dans son casier. La porte des vestiaires s'ouvrit à la volée laissant apparaître deux jeunes femmes peu ravies d'être ici. Dès lors qu'elles virent Emy, leurs visages s'éclaircirent.

— Merci ! s'écria l'une d'elles en observant le plafond.

— C'est toi qui fermes ? demanda la seconde.

Elle est faite de la même matière que les rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant