Suivre L'envol Des Papillons

8

1981

Bayou. Un mot bien ordinaire pour ces décors enchanteurs cachés dans les méandres de la Louisiane. Carlos et Enrique marchaient là, au milieu de ces vastes étendues d'eau douce et calme qui reflétaient sans ménagement les arbres majestueux ondulant sous le vent chaud et apaisant des prémices du jour. Les jours passaient. Le voyage se poursuivait, pour eux comme pour les frêles et endurants Monarques qui ne cessaient de leur tourner autour.

— Eh Carlos ! Regardez ! On se voit !
Enrique était accroupi près de la rive et regardait son reflet onduler à la surface de l'eau. Carlos s'approcha.
— Ah oui… c'est comme un miroir.
— Sauf que là on a une drôle de tête. On n'est pas déformé dans un miroir.
— Même dans un miroir on ne se voit pas toujours comme on est…
Enrique tourna la tête. Le regard de Carlos fixait l'horizon.
— J'ai pas compris.
Carlos sourit.
— T'inquiète pas. Je parlais tout seul. Bon, on y va ?
Alors que Carlos commençait déjà à se redresser, Enrique, lui, resta assis, sans bouger, pensif.
— Carlos ? Est-ce qu'on est ami ?
Celui-ci s'arrêta dans son élan.
— Euh… pourquoi ?
— Pour savoir.
— Qu'est-ce que t'en penses toi ?
— Moi je pense qu'on est ami.
Carlos sourit au jeune garçon. Puis lui posant la main sur l'épaule :
— Oui tu as raison Enrique. On est amis.
Enrique sourit à son tour.
— Je suis content.
— Vraiment ?
— Oui. Parce que ça fait du bien d'avoir un ami.
— C'est vrai...
Silence. Les deux amis fixèrent de nouveau leur reflet.
— Carlos ? Est-ce que vous avez un autre ami ?
— Oui.
— Il est gentil ?
— Très gentil.
— Je le connais ?
— Non.
— Et vous, vous le connaissez depuis longtemps ?
— Très longtemps.
— Comment il s'appelle ?
Carlos se releva.
— Senhor Borboleta.