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— Allo ?
— Bonjour senhor, c’est Carlos.
— Ah Carlos ! Comment tu vas ?
— Je suis arrivé à Mexico.
Carlos, le combiné à la main, surveillait Enrique, qui jouait, à travers la vitre de la cabine téléphonique.
— Ça y est tu es parti alors ! Tu as bien reçu les autorisations ?
— Oui merci senhor. Mais…
— Mais quoi ?
— En fait c’est justement pour ça que je vous appelle.
— Ah ?
La voix grésillait un peu dans l’appareil.
— J’aurais besoin d’une autre autorisation… pour un ami.
— Un ami ?
— Oui… un petit mexicain.
La voix soupira dans l’appareil.
— Carlos tu sais bien que c’est impossible. J’ai mis un an pour avoir la tienne ! Ou alors tu abandonnes ton voyage !
Carlos regarda de nouveau vers l’extérieur de la cabine.
— Je ne peux pas arrêter le voyage senhor. Vous savez ce que ça représente pour moi. Mais je ne peux pas non plus abandonner ce petit orphelin.
— Carlos, je comprends, mais tu ne pourras jamais recueillir tous les orphelins du Mexique.
— Non senhor !
La voix de Carlos était plus pressante.
— Vous savez pas ce qu’il m’a dit senhor ! Vous pouvez pas savoir !
— Calme-toi Carlos. Dis-moi ce qu’il t’a dit…
— Il a dit qu’il était seul, que j’étais le seul qui s’intéressait un peu à lui et qu’il voulait venir avec moi pour changer de vie ! C’est lui qui m’a suivi ! Vous vous souvenez senhor ? Vous vous souvenez ?
Carlos était au bord des larmes. Il attendait la réponse de l’homme à l’autre bout du fil. Celui-ci reprit, toujours aussi calme. Peut-être un peu plus ému cette fois.
— Oui Carlos, je m’en souviens. Je m’en souviens très bien…
Puis silence. L’homme réfléchissait.
— D’accord Carlos. Je vais faire ce que je peux… Mais je te promets rien.
— Merci senhor, merci !
— Comment il s’appelle ce petit ?
— Enrique.
— Et son nom ?
— Son nom ?
Carlos réalisa soudain qu’il ne connaissait même pas son nom.
— Je sais pas… ça doit être celui de sa mère, donc Hernandez.
— Et il a quel âge ?
— Huit ans.
— D’accord. Je regarde ça.
— Merci senhor.
— Aller, petit, continue ton voyage maintenant. Et appelle-moi régulièrement pour que je te tienne au courant.
— Merci, merci, Senhor Borboleta.

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