Eclair blanc

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Heeey bienvenue pour ce nouveau chapitre, posté un peu en avance ! Disclaimer comme d'habitude je ne possède ni Maxime ni Djilsi, ce sont des êtres humains libres et indépendants, etc etc... Leurs copines n'existent pas dans l'histoire, par contre Manas et Grim sont brièvement évoqués et Élian aura un rôle important dans le futur.
La mère de Maxime n'est basée sur aucune réalité et les voisins et autres PNJ sont purement fictifs
Bonne lecture !



***


Les deux premiers jours avec Djilsi passèrent tout aussi vite, entre taquineries et cohabitation défectueuse.
C'était plus où moins la même choses qu'une collocation. Élian avait squatté suffisamment souvent le canapé de Maxime pour qu'il soit habitué à partager son espace. Surtout que la maison n'avait rien à voir avec son petit appartement.
Sid et lui se partagèrent les tâches aussi naturellement que s'ils le faisaient depuis des années. C'était simple, domestique. Maxime se détestait d'autant aimer ça.
Ils passaient une grande partie de la journée sur les canapés du salon à discuter, regarder des films et plaisanter ensemble. L'ambiance s'était allégée avec le temps, retombant dans une amitié familière, même si aucun des deux n'osa briser l'illusion pour mentionner leur séparation. Les discussions demeuraient légères et personne ne voulait aborder les non dits dès le début de leur quarantaine. Peut-être devraient-ils, à un moment... mais le plus tard possible de préférence.

Félix restait dans les parages, ravi de l'attention que les deux humains lui portaient, tandis que son comparse Persan les fuyait. Par la fenêtre, ils apercevaient parfois un flash de fourrure blanche traverser le jardin comme si le diable était à ses trousses.
Lorsqu'ils sortaient, deux yeux étroits les fixaient parfois dans l'ombre.

Malgré l'ambiance de vacances, les deux hommes surveillaient toujours le moindre signe de Covid ainsi que les actualités de plus en plus inquiétantes sur l'épidémie. La mère de Maxime l'appela pour lui rappeler d'arroser les plantes de temps en temps et lui demander de récupérer un colis à un magasin si possible dans les prochains jours. En somme, rien de très excitant. Et aucun d'eux n'allait s'en plaindre.

*

Cette nuit là, Maxime se réveilla en sursaut. Il avait entendu un claquement suspect et Félix, qui auparavant dormait paisiblement sur son lit, grondait doucement. Ses oreilles plaquées sur la tête, il fixait la porte.
C'est juste le vent, essaya-t-il de se rassurer.
Il pouvait l'entendre dehors, un souffle irrégulier qui envoyait parfois une branche proche frôler sa vitre. Enfilant un tee-shirt et un caleçon, il se leva néanmoins, bien que peu rassuré. Et si un voleur avait trouvé les clés et essayait de s'introduire dans la maison ? Non c'était sûrement Sid. Mais l'absence de lumière dans le couloir le fit douter. Il n'utilisa pas non plus la lumière, par soucis de discrétion. Le parquet grinça sous son pied, et il plissa le nez au bruit.
En arrivant dans le salon, tout semblait calme alors qu'il retenait son souffle pour écouter. Puis il s'avança.

Soudain, un fort "BAM" retentit, tandis qu'une forme blanche bougeait en hauteur. Maxime sursauta et se jeta en arrière, retenant un cri. Son bras heurta violement le coin d'un meuble et il ne put ravaler un juron automatique. Quelque chose bougeait dans la nuit, filant à toute vitesse. Maxime se laissa tomber assis au sol, les yeux écarquillés, terrifié, essayant en vain de distinguer quoi que ce soit dans le noir. Tout était allé si vite, bien trop pour son esprit qui s'emballait. Ses mains se relevaient automatiquement, s'attendant presque à parer une attaque. Mais seul le silence lui répondit.

Il ne fallut pas longtemps avant d'entendre des pas humains dans le couloir, un rythme familier qui le fit inconsciemment baisser sa garde. Le vacarme venait de réveiller Djilsi. Ce dernier alluma les lumières sans hésitation et s'avança. Il marqua une pause en voyant Maxime au sol.


-Sérieux, il est 3h du matin, qu'est-ce que tu fous?


Sa voix sonnait assez rauque, probablement encore mal réveillé comme en témoignait ses yeux difficilement ouverts.


-Il y avait du bruit et... J'ai vu un truc bouger ! haleta Max, toujours pas remis de sa frayeur.


-Est ce que le "truc" en question a quelque chose à voir avec le chat blanc qui m'a quasiment foncé dessus en courant vers la porte ? supposa l'autre homme.


Le Corse se calma lentement en comprenant qu'il s'agissait de Chou. Il avait peut-être réagi excessivement. La gamelle en fer gisant tristement par terre à quelques mètres devait être la source du vacarme entendu un peu plus tôt. La redescente de l'adrénaline après sa nuit beaucoup trop courte le laissa frissonnant. Il se releva finalement et grimaça lorsqu'il s'appuya sur son bras pour s'aider.


-Max ? demanda plus calmement le Toulousain.


-Ouais ? répondit le bouclé avec hésitation.


-Ton coude est rouge.


Il rit nerveusement, se sentant désormais un peu stupide pour sa peur irrationnelle.


-Je me suis cogné.


Avec précaution, son ami s'avança et attrapa doucement son poignet pour examiner la zone d'impact. Son pouce traça le contour de la marque, aussi léger qu'une plume.
Figé comme un cerf dans les phares d'une voiture, Maxime se laissa manipuler. Il osait à peine respirer. Il semblait qu'à ce instant le moindre souffle trop fort allait rompre le moment.


-Veux-tu mettre quelque chose dessus ? De la glace ?


Le Corse finit par secouer la tête et dégager son poignet un peu plus vivement que prévu. Son regard rencontra celui de Sid sans pouvoir déchiffrer l'émotion indéfinissable qui y brillait. Ou peut-être n'était ce que de la fatigue et Maxime essayait d'y lire trop de choses.


-Pas besoin, au pire ça fera juste un petit bleu, se justifia-t-il.


Il y eut une étrange et assourdissante seconde de silence. Puis Sid hocha lentement la tête :


-Il est tard, retournons dormir.


Sa voix avait-elle toujours été aussi douce ? Ou c'était l'heure avancée qui rendait cette scène un peu... ésotérique ? Pas franchement bizarre mais cela lui laissait une impression d'être un peu décalé. Comme s'il lui manquait une pièce d'un puzzle brumeux.
Il ne put qu'acquiescer à la proposition puis le suivit silencieusement avant de rejoindre sa propre chambre. Il lui sembla sentir la main de Djilsi frôler son épaule dans ce qui pouvait aussi bien être un acte volontaire qu'accidentel. Le bref regret de ne pas pouvoir dormir ensemble l'effleura mais se secoua mentalement. Ils n'avaient aucune raison de partager leur chambres. Les deux se séparèrent après un dernier "Bonne nuit".


*

Le lendemain matin, au quatrième jour, ils constatèrent le retour officiel de Chou. Le Persan évitait jusqu'à présent de rentrer dans la maison de jour et préférait de loin vadrouiller dans les environs.

Il revint pendant que les deux garçons étaient tranquillement installés sur les canapés, alors que Maxime racontait avec animation une anecdote sur ses années de théâtre.


-Et là la chandelle de décoration commence à tomber en plein sur le rideau, et je me dis "oh merde". Puis ça commence à brûler ! Et y a un mec qui jette sa veste sauf qu'elle flambe encore mieux mais heureusement une meuf a récupéré un extincteur...


Il fit coupé lorsque le gros chat sauta sur le canapé. Affichant un air royalement méprisant, il marcha sur le Corse, sortant au passage ses griffes avec un soin tout particulier. Le jeune homme grimaça quand il sentit les pointes aiguisées pénétrer au travers de son jean, sans percer la peau mais en un avertissement clair.
Son seul réconfort fut de voir que Chou se dirigeait ensuite vers Sid, prêt à le déchiqueter à son tour... À sa plus grande consternation, le félin d'habitude odieux renifla la main du youtubeur et la lécha. Puis le monstre aux yeux verts se coucha sur ses genoux en commençant à ronronner. C'était tellement injuste que Maxime s'étouffa avec son seum.


-Non mais là frère c'est pas possible ! s'écria-t-il devant l'injustice de la situation.


Choupinette le regarda, hautain, et Djilsi se moqua :


-C'est parce que je suis irrésistible. Mais demande toi surtout pourquoi ce pauvre chat te déteste autant.


-C'est une dinguerie de faire ça... Au moins Félix c'est mon gars sûr, lui !


Il tendit sa main vers le chat qui venait d'entrer dans le salon. Ce dernier le regarda une seconde puis se détourna et reprit sa traversée du salon. Le bruit de la chatière quelques secondes plus tard les informa qu'il venait de sortir.
Sid éclata de rire, Maxime fut vexé. Tôt ou tard, il aura sa revanche.

*

Le cinquième jour, ils durent aller faire les courses. Ils avaient épuisé leur stock de pâtes -bien qu'ils s'étaient parfois permis quelques écarts gastronomiques tels que du riz, de la semoule ou un certain service de livraison de nourriture à domicile bien connu.
Le magasin était plutôt proche donc ils décidèrent d'un commun accord d'y marcher ensemble pour se dégourdir les jambes et visiter un peu le quartier. Ils n'avaient pas encore eu l'occasion de sortir du périmètre de la maison. En bons citoyens modèles, ils prirent deux masques et des attestations de déplacement comme préconisé par le gouvernement.


Prêts à aller quérir leur pitance, ils tombèrent immédiatement sur Mme Germaine qui promenait son chien. Du haut de ses 70 ans, la dame aux cheveux grisonnants était une amie proche de la mère de Maxime, mais surtout une insatiable commère. Elle les intercepta juste devant la maison, avec ce qu'ils supposaient être tout sauf une heureuse coïncidence.

-Oh Maxime ! Que tu as grandi depuis la dernière fois !

Il se retint de grincer des dents devant ce mensonge éhonté tandis que son Spitz nain sautait sur lui, laissant des traces de pattes boueuses sur son jean.


-Pas vraiment, sourit poliment Maxime en repoussant l'animal qui revint aussitôt à la charge.


-Mais qui est donc ton charmant ami ?


Il présenta rapidement Sidjil, puis la conversation s'orienta sur la météo.


-Le vent a fait tomber une branche sur les tulipes de Hans... Hans Arint du numéro 29. Elles étaient en pleine floraison, une tragédie...


Les garçons hochaient poliment la tête, écoutant patiemment comment les divers ragots sur leurs voisins. Après quelques minutes des discussions, le chien commença à s'impatienter et tirer sur sa laisse. Ce fut le signal pour prendre congé.

Mme Germaine les enjoignit à venir la voir s'ils avaient le moindre souci, et qu'elle serait ravie de parler avec le fils de son amie ainsi que de faire plus ample connaissance avec Sid (qu'elle trouvait pour une raison ou pour une autre "très charmant").
Une fois qu'elle les laissa, Max ne put s'empêcher de se moquer de son collègue.


-Je penses t'as une touche avec Mme Germaine...


-Tu peux parler, vu la façon dont son chien se frottait sur la jambe... il a dû te confondre avec une chienne.


Cela lança un échange assez grossier entre les deux jeunes hommes et ils se chamaillèrent en continuant leur trajet. En passant devant un affiche "chat perdu", Max s'arrêta net, toute hargne abandonnée.


-Regarde ce chat, il pèse plus lourd que moi ! C'est un lynx le bail.


-Pas bien difficile ça, dit Sid en lisant brièvement la description. Et c'est un maincoon apparemment.


-S'il a faim il va commencer à bouffer des gens, faudra juste suivre les traces de sang pour le retrouver...


Heureusement, aucun animal errant ne les attaqua sur le reste de leur trajet.
Ils finirent par arriver au supermarché pour remplir leur quête d'acheter de nombreuses victuailles. Ils avaient prévu d'essayer de cuisiner un peu plus, pour prendre des habitudes de vie saines.
Ils divisèrent la liste de course en deux pour plus d'efficacité. Bien entendu, ce bon plan finit par dégénérer par une idée de Sid.


-Le premier à finir sa moitié gagne.

Tapi dans l'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant