Chapitre 20 : le souhait du Roi

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Au fur et à mesure que je parle, les mots me viennent de plus en plus naturellement.

Je me retrouve à évoquer mon enfance, mes rêves, ce puéril vœu de paix qui est né dans mon cœur !

Je relate tout mon périple depuis mon peu hospitalier chez moi, jusqu'à cette magnifique et oppressante pièce sous-marine, en passant par l'immense Forêt, les hautes montagnes de la Colère, ainsi que la majestueuse cité de la Nuit !

Je m'efforce de lui communiquer tout mon désir de voir ce monde réunifier, sans l'ombre suffocante des Rois, mais sans non plus les faire disparaitre tout les quatre, car je crois à la rédemption et au dialogue !

Je lui parle des souvenirs que j'ai, involontairement ou non, vu dans l'esprit de ses amis !

Je lui rapporte les conversations que j'ai eues avec chacun d'eux, ainsi que mon envie de les comprendre et de les aider !

Quand je me tais, j'ai la gorge sèche, en dépit de l'humidité ambiante.

Le Roi des Abysses m'a écouté sans jamais prononcer de commentaires, mais j'ai bien senti qu'il a bu absolument le moindre de mes mots, telle une éponge archi aride.

Ses seules réactions ont été quand je parlais de scènes du passé qui ont dû le marquer, ses traits s'altérant légèrement dans ces moments-là, de nostalgie, je dirais.

Le silence est lourd à mes oreilles.

Izuku parait en pleine introspection, mais ses barrières mentales me demeurent si impénétrables que je ne peux en être certaine !

Je...

« Je suis triste... »

Mon sang se givre dans mes veines.

« Tu ne fais que me conforter dans mon idée : ce monde souffre. Il souffre depuis trop longtemps... Il a mal, à cause des dieux, à cause des hommes, à cause... de nous. Quand j'ai eu le Graal entre mes mains, j'ai souhaité un avenir... J'ai eu cette faiblesse... J'aurais dû souhaiter un recommencement... Un... nouveau départ... »

Il parait au bord des larmes, pourtant ce n'est pas de l'empathie pour lui qui me submerge : mais bien de la peur.

Parce qu'alors qu'il parle, sa silhouette gonfle, se déforme, perd en humanité au profil de sa monstrueuse apparence de dragon !

Je recule précipitamment, allant pour courir vers la porte de sortie gravée de motif de vagues, avec l'espoir d'être assez rapide... mais je trébuche en arrière sur une aspérité du sol !

L'Abyssal en profite pour abattre sa patte sur moi !

Cependant, il ne m'écrase aucunement, la pression est juste suffisante pour m'immobiliser.

Et ce qui achève de me terrifier, c'est "le regard".

Alors que nous n'avons pas bougé, j'ai la sensation que nous sommes soudainement au milieu de l'océan, flottant dans les profondeurs... !

Et il est là.

Le dieu des mers étend un corps serpentoïde autour de nous. Masse sombre à peine visible, je sens pourtant sa présence partout.

Et son regard sans âge est sur nous.

Spectateur muet.

Il assiste à la scène.

Je n'ai que tout juste conscience du son d'un objet qui sort de l'eau, vite suivit du carillon de quelque chose de métallique qui résonne sur le sol, avant que se mettre à rouler...

C'est comme dans un rêve que je vois cette coupe, qui s'approche, poussée par une force invisible.

« Je ne peux plus souhaiter... cette possibilité je l'ai gaspillé... Souhaite pour moi, s'il-te-plait... Je t'en prie : demande ce renouveau. Pour moi... Pour eux... Pour nous tous. Ce monde... a besoin d'un nouveau départ. Je suis... si... fatigué... »

Quelqu'un d'autre est là... Un cri animal me parvient... mais je ne vois que le Grall, qui poursuit sa route, bientôt à porter de main... Je n'entends plus rien, tout est assourdi, comme si j'avais de l'eau dans les oreilles.

La coupe se loge d'elle-même entre mes doigts.

« Que désires-tu ? »

« OCHACO... !! »

 !! »

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*

Tsuyu se transforme en grosse grenouille, chose qu'elle ne pouvait pas faire au paravent, mais il semblerait que lorsque son Roi l'a remaudite dans la panique de la perte de sa descendance, il y soit allé plus fort que prévu...

Elle bondit, sans se préoccuper de l'énorme dragon, ni de Katsuki qui est déjà à sauter à la gorge de son ami pour l'écarter de la fille, ni même de cette présence qui paraît être partout et nulle part telle la mer en personne : elle ne voit que la fille brune à laquelle elle s'est attachée, et qui sert tellement cette coupe étrange entre ses doigts que ceux-ci en deviennent blancs et que ses ongles percent sa peau !

« OCHACO... !! »

L'ère des maudits - 4 - le Roi des abyssesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant