Chapitre 13 : divines préoccupations

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Le dieu des mers. Voilà donc celui avec qui doit traiter le Roi des Abysses.

Je me demande comment il est...

Est-ce un joueur pervers comme le dieu de la chasse ?

Un semeur de zizanie comme celui de la guerre ?

Ou un faux ami comme la déesse de la lune ?

Son regard seul m'avait privé de mon don...

« Quel genre de dieu est-il ? »

« Du genre puissant... et détaché. Izuku me l'avait décrit comme une force tranquille, un être tellement au-dessus des problèmes mortels qu'il était perpétuellement flegmatique... »

Ça semble en effet correspondre à ce regard qui m'avait observé comme un grain de sable, avant de se désintéresser de moi comme si je n'existais même pas !

« C'est un dieu à part... Une entité dont le domaine n'est pas comparable à celui de ses paires, dont l'immensité du royaume ne peut être appréhendée pleinement... Honnêtement, qu'il ait porté son attention sur toi, même un court instant, est réellement inquiétant, je ne vais pas te le cacher. »

Oh joie...

« Vivement que Katsuki arrive, je me sens moins bien dans ce pays à chaque minute qui passe ! »


*

Le Roi des Abysses a fini par retomber suffisamment dans sa léthargie pour laisser la place à Deku.

Le Premier serviteur nage jusqu'à l'entrée sous-marine de la chambre du souverain, depuis laquelle il s'échappe de l'étreinte des profondeurs de l'océan.

Le sol sec est froid sous sa peau.

Mais il n'y prête pas attention, habitué.

Il traine des pieds jusqu'à une armoire, où il enfile de nouveaux vêtements, les anciens ayant mal survécu à sa transformation.

Notes du jour, donc :

-Trouvez un remplaçant pour s'occuper des Larbins (qui ne serait pas fou, lui)

-Faire, une fois de plus, tout pour détourner l'esprit de l'Abyssal de son projet d'utiliser le Graal pour souhaiter la fin du monde

-Et d'encore plus s'assurer de garder la maitrise de ses émotions quand il fera rencontrer son Roi et Ochaco !

Les deux derniers points étant d'ailleurs particulièrement liés l'un à l'autre...

Habillé et de nouveau présentable, il sort de la grande pièce, rejoignant les parties communes du château.

Tamaki est surement affairé quelque part à ruminer sur son carnet remplit de portraits de son cher et tendre...

Quant à Dabi, il doit avoir ramené les Larbins à leur grotte et être revenu, à présent... Il faut qu'ils parlent, tous les deux.

Il aire ainsi de longues minutes dans la construction, jusqu'à trouver la Lame dans l'inoccupée salle du trône, à regarder les flammes qu'il a allumées dans l'âtre central.

Bruler des trucs le détend.

« ...Bonsoir. »

« ...Bonsoir. »

Un temps.

« ...Je peux savoir pourquoi tu regardais Momo être à deux doigts de se faire tuer ? »

« D'après toi ? Je profitais de la vue. »

Nouveau silence.

« ...Pourquoi je ne suis même pas surpris... ? »

« Parce que tu connais mon rôle de Lame-des-dieux. »

« C'était complètement con de votre part de le révéler, d'ailleurs. »

« Nous avons obéi au dieu-juge. »

Là, le silence se fait épais.

Le sujet est abordé.

« Et il compte nous punir encore longtemps, avec votre présence ? »

« Tu m'as déjà posé la question, j'y ai déjà répondu. Aussi longtemps que vous utiliserez le Graal. »

Aucun des deux ne se regarde, les yeux plongés dans les mouvements des flammes.

« On pourrait tenter ça, oui... Si nous savions comment nous débarrasser de ces pouvoirs. »

La face défigurée de brulures du plus grand se déforme sous un sourire mauvais.

« Vous ne pouvez pas. »

« Alors on va devoir vous supporter, l'emplumé et toi, pour toute l'éternité. »

« C'est l'idée, oui. »

« ...Je te l'ai déjà dit, mais je le répète : c'est vraiment cruel de punir l'humanité entière comme ça. »

« Il fallait y réfléchir avant... C'est toi qui as sorti le Graal de l'eau, après tout. »

« Dans la mesure où je suis la part positive et enjouée d'Izuku... ce n'est pas moi exactement. »

« Tu joues sur les mots. »

« C'est vrai... j'étais alors ce désir enfoui de vivre encore un peu, cette étincelle de foi en l'humanité, ce reliquat d'optimisme... ce sentiment qui lui a fait souhaiter un avenir. »

« Tu vois ? C'est ta faute. »

« Qui nous a guidés jusqu'au Graal ? »

« Shoto. »

« Non. Lui, il est celui qui nous en a parlé ! Parce que ses déesses lui ont révélé l'existence de cet artéfact ! ...Et c'est Keigo et toi qui nous avez permis d'entrer. Ne te fais pas passer pour la blanche colombe non, ça ne te va pas. »

La Lame sourit.

Son jumeau et lui ont tenté les quatre amis en les laissant pénétrer dans le lieu où était la coupe.

Et il ne le regrette pas un seul instant.

Ils sont les aveugles punisseurs.

Il lui importe peu comment les châtiés en sont arrivés là et qu'ils y aient été poussés. Un crime est un crime.

Pour son plus grand plaisir sadique.

L'ère des maudits - 4 - le Roi des abyssesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant