Au début, les habitants des Nouvelles-terres n'ont tout simplement pas cru qu'il leur soit enfin permis de regagner les pays de leurs ancêtres.
Mais l'aride terre s'est bel et bien progressivement vidée, au fur et à mesure que les gens ont accepté l'idée qu'il était réellement devenu possible de traverser la frontière de la Forêt sans danger.
Les sujets du Bestial les ont laissé passer en plissant des yeux, mais il n'y a pas eu d'incident.
Leur apparence hybride s'est volatilisée en même temps que leur Roi, cependant, les créatures imaginées par celui-ci ont demeuré.
Une relation d'entre aides face à la faune s'est donc, curieusement, mise en place sans trop de difficulté...
Une certaine méfiance palpable subsiste des deux côtés et n'est surement pas près de s'estomper, mais une forme d'entente s'installe.
Dans la même veine, tout là-haut, dans les montagnes de l'ancien Colérique, les onis devenus humains et les nés humains se sont regardé en chien de faïence quand la magie et leur Roi se sont évaporés.
Qui plus est, la résistance s'est effondrée du jour au lendemain, quand ils se sont aperçus de la disparition de leur vénérée cheffe !
Pourtant, contre toute attente, l'absence de tout dirigeant a permis que personne ne sache comment bien se comporter... aussi, personne n'a attaqué personne !
Au contraire, les différentes factions ont été, bon gré mal gré, obligées à la coopération !
Comme chaque village avait sa spécialité dont dépendaient les autres et que la cour du Colérique n'était plus là pour redistribuer les biens, chacun a bien dû aller vers son voisin, afin de subsister... !
Mais tous ces changements ne sont pas grand-chose, comparés à ceux qui ont touché les habitants du pays de la Nuit...
Le soleil s'est levé.
Après plus de quatre cents ans dans le noir, la Celestodori s'est revue baignée par les chauds rayons de l'astre diurne.
Nombreux ont été ceux à s'effondrer en larme, louant les dieux miséricordieux qui mettent fin à leurs tourments, en leur restituant le jour.
Beaucoup ont été ceux à vouloir se tourner vers leur Roi et guide, pour le remercier d'avoir convaincu les divins de leur accorder ce miracle ! Car cela ne pouvait être que lui... !
Mais quelle ne fut pas leur surprise de trouver les portes ouvertes, de la glace fondant lentement à l'intérieur, et des morts gisant dans des tombes fraiches au sein des catacombes...
Quant au Roi et sa cour... nulle trace.
En fait, seul le pays de la mer ne vit pas vraiment la différence.
Pour eux, les tempêtes étaient devenues naturelles, moins violentes et il était désormais possible de les anticiper à l'avance et non plus pour l'heure même !
Rien de plus...
Kyoka a regagné son pays. Là-bas, elle s'est placée en nouvelle tête de proue de la naissante politique locale, plus égalitaire et juste, basé sur un système de parlement.
Elle est toujours contente de recevoir la visite de ses deux amies.
Celles-ci sont retournées dans la Forêt, où il n'a pas fallu longtemps à Tsuyu pour surprendre sa partenaire par un « Veux-tu m'épouser ? » au détour d'une conversation sur le repas du soir.
Un couinement, vaguement apparenté à un « oui ! » lui a répondu.
La famille d'Ochaco s'y est opposée en l'apprenant, jugeant anormal que deux filles soient ensemble, mais la principale concernée avait vécu mille fois pire qu'une interdiction familiale et leur a simplement dit que ce n'était pas à eux de décider... Le mariage a donc eu lieu.
En bref, le monde se reconstruit et se transforme petit à petit... Pour le meilleur, pour l'instant...
Personne ne sait si cela durera éternellement... Probablement que non. Mais tous espèrent.
De quoi demain sera fait ? Personne ne sait... mais après tout : qu'importe ? Pour le moment : le monde est heureux, pour la toute première fois depuis bien trop longtemps... Qu'ils profitent.
*
« J'y crois pas : elles se sont mariées avant vous ! »
« Oh tais-toi, vieux clebs... »
« Moi je suis heureuse pour elles ! ...Mais c'est vrai que j'attends, moi, maintenant... »
« Veux-tu m'épouser ? »
« Oui ! »
« Si c'est comme ça... Mon étincelle, veux-tu m'épouser ? »
« Oui ! »
« Et toi, ma puce, je t'adopte officiellement ! »
« Oui ! »
« Elle est plus mature que toi, fait attention, le porc épique... »
« Ja-loux. »
« MOI ? Jaloux ?! »
« Allons, allons, du calme, vous deux... »
« Tss... »
« Comme au bon vieux temps... Ils ne changeront jamais... ! »
« ...Nostalgique ? »
« Oui mon garçon... je n'ai pas été aussi heureux depuis longtemps. Quand je m'éteindrai... »
« Eh, interdis de parler de ça, le vieux ! T'as encore du temps devant toi. »
Le groupe continue à papoter et se chamailler joyeusement, tandis qu'ils quittent le village, pour emprunter le chemin qui s'enfonce à travers les arbres.
Mais au moment de disparaitre dans les ombres, l'un d'entre eux se retourne, juste le temps de jeter un ultime regard en arrière...
« ...Oui, j'ai été réellement heureux de te rencontrer, Ochaco... Merci. Merci de nous avoir sauvés... »
« Oh ! Izu' ! Qu'est-ce que tu fous ? »
« J'arrive, Katchan ! »
« Ne m'appelle pas comme ça, deku ! »
« Nan ! »
« ...Je te hais. »
Et les deux amis s'en vont, bras dessus bras dessous, de grands sourires aux lèvres.
En route pour une nouvelle vie, loin de ce monde.
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L'ère des maudits - 4 - le Roi des abysses
ParanormalIl y a plusieurs générations de ça, la face du monde a été radicalement changée par quatre amis. Les héros d'hier sont parfois les tyrans de demain... Mais peut-être qu'un meilleur avenir est possible ? En tout cas, il y a toujours au moins quelque...