Chapitre 15

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Lyuri était allée voir le prophète et Lupus. Elle avait attendu impatiemment que Lüka se réveille pour leur faire part de sa décision.

— Tu es sûre de toi ? demanda Lupus.

— Certaine.

— Bien. Prophète, tu n'as plus qu'à nous dire quand tu es prêt.

La bûchette hocha la tête et s'en alla, s'enfonçant dans la forêt en trottinant.

— On le surveille pas ? s'étonna Lüka.

— Pas cette fois, il aime garder ses outils et plantes de rituel secrets. Il reviendra quand il sera prêt. La seule chose que je peux vous conseiller, c'est d'enfiler des vêtements pratiques et confortables. Fourrez tout ce que vous pouvez dans vos poches, on ne sait jamais ce qui peut se passer avec lui.

Lüka et Lyuri obéirent. Les myconides, tous embrumés par les vapeurs d'alcool qui avait coulé à flots dernièrement, remballaient progressivement leur campement. Le fête était finie, en tout cas pour l'instant. Ils ne tarderaient pas à recommencer. Mais la période de prière était finie, il ne leur restait plus qu'à partir vers de nouveaux horizons en direction des terres fertiles pour leur assurer une descendance. Ils ramassèrent les glands qui étaient tombés par terre, plièrent les tables en bois, décrochèrent les draps qui leur servaient de murs et enroulèrent les banderoles colorées.

Lupus craignait un incident pendant le rituel. Une fois que les myconides seraient partis, le champs de protection qui les entourait partirait avec eux. Il avait repéré les bêtes qui les avaient déjà attaqué à deux reprises roder autour du camp la nuit. Mais il n'était pas certain de tenir indéfiniment pour protéger le prophète et Lyuri. Il espérait que Lüka tiendrait le coup. Ce genre de rituel pouvait prendre du temps et les bêtes étaient du genre coriaces. Alors il attendait que le prophète revienne en étirant ses muscles et ses tendons fatigués, et en affutant sa lame. Si le rituel prenait fin trop tôt, le prophète s'en sortirait sans problème, mais Lyuri, qui n'avait pas les mêmes habilités psychiques et pouvoirs divins, risquait de rester coincée dans l'autre monde.

Les myconides avaient enfin remballés toutes leurs affaires. Il était temps, à présent, de partir. Ils se rassemblèrent face au puits de Shafryent et s'inclinèrent respectueusement une dernière fois avant le grand départ. Une prière finale lui fut adressé pour clôturer la cérémonie avant que les chanterelles ne se redressent et ne soulèvent leurs sacs en toile pour les poser sur le sommet de leur tête ou les pendre dans leur dos.

La doyenne s'avança vers les aventuriers et déposa son bâton de pèlerinage au sol devant ses pieds. Elle avait salué le prophète avant son départ, c'était à leur tour. Elle s'inclina respectueusement devant eux et ils en firent de même. Ses mains froides et cornues déposèrent une touche amicale sur chacun de leur front, puis elle dessina du bout du pouce un sigil de chance sur chacun d'eux. C'était un honneur. La magie des chanterelles était puissante et grâce à ce simple dessin, ils parviendraient pendant un temps défini à obtenir ce qu'ils voudraient tant qu'ils seraient sur cette planète. Même si leur passion pour la fête et le bon vin prêtait à confusion, les chanterelles de la grande Migration faisaient parti des êtres les plus puissants de cette planète, bien qu'ils ne surpassent pas la grandeur des pouvoirs du prophète.

Eï'ppa se baissa pour ramasser son bâton en adressant un sourire aux aventuriers.

— Maï Astradïas yo tu ey ô no seu Papita Edewus !

« Que l'Univers soit avec vous et gloire au prophète Edewus ».

— Maï Astradïas yo tu ey ô no seu Papita Edewus ! répétèrent les chanterelles.

Kaliora, la dernière terrienne, Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant