Kaliora, la dernière terrienne, Tome 2

Chapitre 20

L'air pénétra violemment ses poumons et Lyuri émergea de son voyage dans l'autre monde. Elle ouvrit en grand les yeux mais elle était encore incapable de bouger. A vrai dire, elle ne sentait même pas vraiment son corps. Une fine bruine recouvrait son corps. Pourtant il avait dû pleuvoir, elle avait l'impression de baigner dans une flaque d'eau. Combien de temps avait duré le rituel ? Il faisait clair lorsqu'elle avait fermé les yeux, mais désormais les nuages cachaient le ciel et la pluie s'abattait sur son corps encore paralysé.

Elle pu commencer à bouger le bout des doigts. Pourquoi était-ce si difficile de bouger alors qu'elle avait réussi aussitôt les fois précédentes ? Le froid. C'est ça qu'elle sentait faire frissonner sa peau. Les plantes chatouillaient son menton. Ses cheveux alourdi par l'eau. L'herbe devenue tiède sous ses doigts. Elle ressentait son corps de nouveau, lentement mais sûrement.

L'adolescente essaya de se relever, mais elle sentit une petite branche se poser sur son front pour l'en dissuader. Le prophète était toujours à ses côtés. Quelque chose de chaud coulait sur ses joues mais la bûchette ne tenait rien dans ses mains. Était-ce des larmes ? Elle n'était pas capable de dire si c'était le cas ni pourquoi elle pouvait pleurer. Elle ne se rappelait plus de ce qu'elle avait vu, tout était flou dans son esprit. Le Big Bang lui revenait à l'esprit, mais elle savait que ce n'était que le souvenir de son précédent voyage.

La titanesque silhouette bleue qui entourait le prophète diminua jusqu'à complètement disparaitre. Il retira avec précaution les plantes qu'il avait dispersé sur et autour de son corps avant de lui faire signe de se redresser doucement. Lyuri s'exécuta mais son corps était encore engourdi et raidi par la bruine et le rituel. Assise dans l'herbe, elle peina à réussir à faire bouger ses membres et resta sans bouger un moment, le temps d'essayer de rassembler ses esprit. Le prophète resta à ses côté jusqu'à ce qu'elle se sente capable de se déplacer et lui proposa même une petite grappe de fruits sucrés pour qu'elle reprenne des forces. Lui aussi avait été lessivé, alors il se permit d'en prendre quelques-uns, mais il savait que d'ici quelques minutes, il serait déjà d'aplomb.

En revanche, le corps de Lyuri semblait peiner à supporter le rituel. Elle avait l'air si faible, presque au bord de l'évanouissement. Lorsqu'elle se leva, ses jambes peinèrent à la porter, alors le prophète s'avança jusqu'à elle pour qu'elle prenne appui. Sa tête tournait tellement, tout était si flou.

— Sec, dit la bûchette en désignant son manteau de mousse à Lüka qui sortait la tête de la toile de tente où il était abrité.

Le jeune homme fronça les sourcils jusqu'à ce que le prophète lui montre les vêtements trempés de Lyuri. Alors il se rendit dans sa toile de tente et mit de côté sa serviette de toilette et un pantalon sec, mais il eut beau chercher parmi ses t-shirt, pas un n'était pas trempé ou humide. Il déplia la boule de vêtements qui attendait dans un coin de la tente, mais là non plus il ne trouva rien de concluant. Il fit un rapide aller-retour jusqu'à la toile de tente où se trouvait son sac et fouilla dans ses affaires. Il déplia côte à côte deux blouses qu'il n'avait pas encore porté et emporta dans la tente de Lyuri celle qui avait l'air la plus petite.

Lyuri y entra aussitôt que son ami fut sorti et retira maladroitement ses vêtements pour enfiler ceux qui l'attendaient sans se poser de question. Pourquoi sa tête la faisait autant souffrir ? Elle s'assit en plein milieu de la couchette et passa ses mains sur son visage comme pour empêcher son âme de quitter à nouveau son corps. Lorsqu'elle se sentit un peu mieux, elle serra le cordon de la blouse au-dessus de sa poitrine, plia le bout des manches et essora ses cheveux trempés au-dessus de sa serviette. Elle profita de quelques minutes de calme et de repos avant d'entendre une voix.

— Toc, toc.

Lyuri fronça les sourcils. Elle eut un petit moment d'hésitation, mais elle reconnu la voix de Lüka.