Chapitre 11

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L'aube se dessinait au loin, entre les arbres, lorsqu'ils arrivèrent dans une prairie de roche. Disposées en cercle, puis en rangées en se rapprochant du centre, les pierres plates menaient à un foyer encore fumant.

— Les myconides sont tout prêts, annonça Lupus.

Ils s'arrêtèrent pour la première fois après plus de quatre heures de marche. Il ne pleuvait plus mais le ciel était toujours gris et l'atmosphère pesant. Leurs chaussures étaient trempées, leurs vêtements humides leur collaient à la peau. La capuche de Lyuri était devenue une vraie éponge et ne lui était plus d'aucune utilité. Elle avait alors attaché ses cheveux, mais les mèches qui encadraient son visage, plus courtes, faisaient perler l'eau sur ses tempes et ses pommettes.

Ils mangèrent les derniers fruits qu'il leur restait, burent de l'eau. Ils n'avaient qu'une hâte : pouvoir se réchauffer dans un endroit sec. Mais pour le moment, il fallait reprendre un peu d'énergie pour continuer. Ils y étaient presque, ce n'était pas le moment d'abandonner.

Lüka et Lyuri en avaient plus qu'assez de ce temps et de cette pluie. Les voyages en vaisseaux étaient bien moins ennuyeux et fatiguant. Mais ils ne se plaignaient pas. Lyuri, parce qu'elle se savait soutenue dans sa démarche pour faire revenir la Terre à la vie. Lüka, parce qu'il ne voulait pas démotiver son amie, si près du but.

Lupus se racla la gorge et cracha un mollard sur le sol. Il allait finir par être malade avec ce temps. Alors qu'il s'apprêtait à dire aux adolescents qu'ils allaient devoir partir, le prophète, abrité sur son dos par une veste qui n'était pas la sienne, pointa du doigt une allée dessinée entre les arbres, presque invisible. L'herbe était pliée vers le sol, des marques de pieds encore visibles.

— Aller, debout ! On y est presque, tenta Lupus pour les motiver.

Ils suivirent le sentier formé par les myconides pendant de longues minutes, zigzaguèrent entre les arbres, évitèrent les branches qui étaient tombées. Une adrénaline soudaine les poussait à continuer.

Lüka tendit l'oreille. Au loin, il pouvait entendre des voix résonner contre l'écorce des arbres et de la musique festive, joyeuse. Des enfants qui jouaient aussi, peut-être. Ses oreilles pointues frissonnaient avec le vent.

Les aventuriers bravèrent la brise qui les frappait de plein fouet. Hors de question de reculer. Plus ils avançaient, plus les voix étaient fortes, plus ils entendaient les cris joyeux. Lupus accéléra le pas, il avait l'impression de les apercevoir quelques mètres devant eux. Mais il fut propulsé en arrière et tomba à la renverse. Lüka et Lyuri le regardèrent sans comprendre ce qu'il venait de se passer.

Deux myconides rappliquèrent au pas de course. De grands sceptres en mains, ils émirent des regards menaçants en analysant les aventuriers. Jamais ils n'avaient vu d'humanoïdes.

Ils franchirent un portail de protection invisible qui s'écarta sur leur passage en un mouvement violet lumineux. Le premier myconides, celui aux quatre bras, attrapa les poignets des adolescents et les traina derrière lui. Le second, plus grand et plus large, saisit celle de Lupus.

Ils les guidèrent à travers le groupe de champignons. Lyuri les observait les yeux ronds. Elle imaginait les myconides beaucoup plus petits, comme ceux de la base spatiale, mais la plupart faisait à peu près sa taille ou étaient plus grands grâce à leurs chapeaux de chanterelle. Ils étaient vêtus de vêtements en laine de mousse, en feuilles tissées ou encore en écailles de bois, couverts de parures de pierres colorées. Bien que rustiques, leurs vêtements étaient élégants.

Les champignons regardèrent les aventuriers se faire guider jusqu'à leur cheffe, une myconide de petite taille et ridée, tenant un bâton de marche à la main. Des tresses couvertes de grenats et d'agates mousse descendaient depuis le bas de son chapeau. Elle repoussa le col de son manteau vert pour mieux les observer. Les jeunes enfants approchaient, curieux.

Kaliora, la dernière terrienne, Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant