Chapitre 8

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Lyuri se tourna une énième fois dans sa couchette. Était-ce son cerveau qui la montait contre elle-même ou ses angoisses qui prenaient le dessus ? Le vent griffait la toile de tente et lui donnait l'impression qu'une bête sauvage essayait de la dévorer. Pourtant elle avait déjà vérifié deux fois et elle n'avait rien vu.

Le crépitement du feu la rassurait un peu. Il lui faisait espérer que rien ni personne n'oserait s'approcher tant qu'il serait allumé. Elle s'allongea sur le dos, les yeux rivés sur le plafond en tissus. L'angoisse, la fatigue et la marche lui donnaient des crampes atroces dans les jambes. Elle essaya de les étirer, de les plier, de les lever en l'air, mais rien n'y faisait. Elle finit par enfiler son pull et ses chaussures pour sortir de la toile de tente avant que le peu de courage qu'elle avait ne prenne ses jambes à son cou.

Elle s'étira en levant les bras vers le ciel, sautilla sur place, fit tourner ses chevilles, craqua son dos dans tous les sens, se pencha pour toucher la pointe de ses pieds... Elle sursauta et poussa un petit cri de surprise lorsqu'elle vit Lüka assit près du feu, qui la fixait les yeux ronds. Son visage vira au rouge.

Elle hésita à aller se cacher dans sa toile de tente, espérant qu'il ne s'agisse que d'un mauvais rêve, mais son petit sourire en coin lui prouvait le contraire.

— Qu'est-ce que tu fais là ? lui demande-t-elle en s'approchant.

— J'arrive pas à dormir... Entre Lupus qui ronfle comme un ours juste à côté et les bestioles qui piquent qui ont envahi ma tente, c'est un peu compliqué. Et toi ? Tu as décidé de te mettre au yoga en pleine nuit ? la taquina-t-il.

— Ha. Ha. Je suis morte de rire !

— J'ai cru reconnaitre la position de l'asticot !

Lyuri frappa mollement son épaule avec son poing en souriant.

— C'était celle du ver de terre ? répondit-il en faisant semblant d'avoir mal et en ricanant.

— C'est pas drôle Lüka, répondit-elle en riant. J'ai mal partout à cause d'aujourd'hui.

— On a des anti-douleurs si tu veux, répondit-il un peu plus sérieusement.

— Ah non ! Plus jamais je touche à ce genre de truc !

— C'est une pommade à base de plantes, t'en fais pas. Bouge pas, je vais la chercher.

Lüka se leva et partit farfouiller dans son sac qui était resté dans la tente. Lyuri en profita pour observer les alentours afin de s'assurer, encore une fois, qu'aucune bête ne rôde autour de leur campement. Lüka revint avec un petit pot rond, refermé par une toile cirée et un petit cordon. Il lui tendit.

— Tiens, c'est plutôt efficace.

— Merci.

La chaleur du feu était agréable. Il consumait peu à peu les bûches et branches qui le maintenaient en vie. Lüka rajouta un morceau de bois pour qu'il ne s'éteigne pas.

Lyuri bailla à s'en décrocher la mâchoire.

— Tu ne veux pas aller te coucher ? demanda Lüka.

— Non, pas tout de suite.

— Ne t'oblige pas à rester avec moi, si c'est ça qui te retient.

— Je suis bien ici.

Lüka regarda son visage éclairé d'une douce lueur orangée. Ses yeux étaient fatigués, ils se fermaient presque tout seuls. Ses joues et le bout de son nez étaient rosés à cause de la fraicheur. Ses cheveux tombaient en une cascade aléatoire sur ses épaules. Elle était belle.

Kaliora, la dernière terrienne, Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant