Chapitre 10

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— Allez, de nerf ! encouragea Lupus.

— Tu es sûr que tu ne nous fais pas suivre le vent ? demanda Lüka. Ça fait trois jours qu'on marche et on a toujours pas rattrapé le groupe de migration...

— La patience est essentielle dans la vie, mon fils. Je sais où je vais et le prophète nous a indiquer de suivre Noute. Nous arriverons bientôt.

Le prophète agita sa petite main de brindille, perché au sommet du sac à dos de Lupus. Lüka soupira. Il s'étira vers le haut en soufflant mais continua d'avancer.

Lyuri n'avait pas oser lui parler de ce qu'il s'était passé pendant la nuit. S'il l'avait entendu, il serait arrivé aussitôt, mais ce n'était pas le cas. Il avait dormi profondément presque immédiatement après avoir effleuré sa couchette. Elle voulait lui dire, lui avouer qu'elle avait peur, lui confier toutes ses craintes et ses questions. Mais elle ne voulais pas l'inquiéter, alors elle se tut.

La bruine s'abattait sur la forêt. Les arbres étaient de plus en plus denses, de plus en plus rapprochés. La terre imbibée d'eau formait des bulles qui rebondissaient lorsqu'on marchait dessus. De petits animaux violets aux centaines de pattes s'enroulaient autour des arbres et grimpaient jusque dans les feuillages. Leurs yeux rouges et ronds brillaient comme les phares d'une voiture.

Lyuri éternua et Lüka sursauta. Elle allait finir par être malade avec toute cette humidité et cette fraicheur. Elle replaça sa capuche qui ne cessait de tomber et croisa les bras sur sa poitrine pour garder les mains au chaud. Si elle avait su dans quoi elle s'embarquait en acceptant d'aller chez Lüka, elle aurait prévu des vêtements un peu plus adaptés.

Son ventre gargouillait sans jamais se taire, elle mourrait de faim. Mais malgré les nuages, il faisait toujours jour et Lupus ne s'arrêterait pas avant encore une heure ou deux. Elle ne voulait pas être un poids, d'autant plus qu'ils étaient tous les deux ici pour elle.

Lüka se rapprocha un peu d'elle. Il frotta ses paumes de mains entre elles et quelques étincelles précédèrent une petite flamme. Lyuri lui sourit.

— Je ne savais pas que tu arrivais à faire des flammes maintenant ! s'exclama-t-elle.

— J'ai essayé de m'entrainer un peu, répondit-il en souriant. Je pense qu'elles ne seront jamais très grandes ni très puissantes, mais c'est un peu mieux que juste des étincelles. Et elles résistent à la pluie !

Lyuri admira les petites flammes danser au creux de la paume de Lüka. Sa peau pâle devenait ambrée et des étincelles courraient le long de ses doigts fins. Elle apprécia la légère chaleur réconfortante qui s'en dégageait. Lüka rapprocha sa main de son amie en faisant attention de ne pas être trop près de ses cheveux qui débordaient de la capuche.

Lupus marcha sur une bulle qui rebondit avant de percer sous son poids.

— Fait chier !

Lyuri retint un sourire. Plus elle passait de temps avec Lüka et son père, plus elle remarquait à quel point ils se ressemblaient.

Les bottes de Lupus étaient remplies d'eau froide, tout comme son pantalon qui était trempé jusqu'aux genoux. Il s'extirpa du trou en glissant sur l'herbe et la terre humide. La bruine se calmait, mais Lupus décida de s'arrêter là pour la nuit. Il avait connu des situations bien pires, mais il voulait éviter de tousser et de devoir cracher pendant tout le reste du voyage. Ils marchèrent jusqu'à une zone plus plate et plus dégagée, sans bulle d'eau sous la terre, apparemment peu résistantes.

Lupus monta en quelques secondes sa tente en pestant après le temps et disparu à l'intérieur pour enfiler des vêtements secs. Pendant ce temps, Lüka et Lyuri montèrent une première tente puis Lüka installa la dernière tandis que Lyuri s'éloignait pour essayer de trouver un peu de bois sec pour maintenir un feu toute la nuit.

Kaliora, la dernière terrienne, Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant