Chapitre 12

2 1 14
                                    


Les enfants de la Migration courraient se cacher tandis que deux des leurs étaient restés pour compter. La partie de cache-cache pouvait commencer.

Sans savoir pourquoi, après avoir essayé de nombreuses cachettes, Lüka et Lyuri se suivirent mutuellement jusqu'à un gigantesque tronc d'arbre couché sur le côté. Ils éclatèrent de rire alors que tout deux venaient de trébucher sur la même racine. Ils essayèrent de contenir leurs gloussements pour ne pas être les premiers trouvés.

Ainsi adossés contre l'écorce, ils étaient presque invisibles. Alors qu'ils tentaient de reprendre leur souffle sans pouffer, leurs regards se croisèrent. Lüka l'observa essayer tant bien que mal de contenir son rire. Un sourire se dessina sur son visage, il entrouvrit légèrement les lèvres. Poussé par une force invisible, son cœur qui battait la chamade, il ferma les yeux et gouta ses lèvres.

Lorsqu'il les rouvrit quelques secondes plus tard, Lyuri le fixait avec des yeux ronds, les pommettes teintées de rouge.

— Je... Je suis désolé, dit-il en s'éloignant alors qu'il réalisait tout juste ce qu'il venait de faire.

Elle glissa sa main sur sa nuque et l'attira vers lui pour déposer ses lèvres sur les siennes. Lüka enroula son bras autour de sa taille pour la rapprocher de lui et elle passa une jambe par-dessus son bassin pour pouvoir l'enlacer. Leurs langues ne tardèrent pas à s'entremêler entre leurs lèvres.

Lüka entrouvrit les yeux. Sa chevelure noire était... Sa chevelure noire ?

Son cœur loupa un battement. Il se redressa en sursaut en reculant, poussant le dos de Lupus par la même occasion. L'homme grogna et tira un peu plus sur sa couverture. Couvert de sueur et haletant, il lui fallut quelques secondes pour comprendre qu'il se trouvait dans la toile de tente. Il s'essuya le coin de la bouche d'un revers de manche et passa ses mains sur son visage pour se ressaisir. En cherchant ses bottes, il se rendit compte qu'il avait passé la nuit avec. Tant mieux, il pourrait sortir plus vite !

Il se rendit à l'extérieur de la tente sans un bruit. Les tables étaient toujours couvertes de coupes de vin à moitié vides. Les myconides avaient les pieds plantés dans le sol et les yeux fermés. Tous dormaient. Le prophète était allongé sur une table, au milieu de bouteilles et de coupes vides.

Lüka s'assit seul à une table. Il attrapa un gland avec un fond de vin vert et le fit tourner dans la coupe. Il regarda le liquide remuer.

Va falloir te ressaisir, mon vieux...

Depuis qu'il était petit, il était le maître en matière de contrôle d'émotions. Pas envers celles des autres, mais envers les siennes. Il savait gérer n'importe quelle situation avec le plus grand calme. Mais depuis qu'il était avec Lyuri, tout se chamboulait dans sa tête. Il ne comprenait pas pourquoi il n'arrivait pas à contenir cette émotion qui l'obsédait. Il avait essuyé des combats armés, pansé des blessures, perdu son père, survécu à l'Avaleuse de mondes... Mais ça, cette nouvelle émotion, il ne savait pas comment y faire face.

Des souvenirs de la soirée firent surface. Il revit Lupus chanter et danser, levant un verre, bras dessus dessous avec deux myconides. La musique qui n'avait pratiquement pas cessé de la nuit. L'odeur des poudres parfumées qui se mélangeaient. La sensation de l'alcool qui descendait dans sa gorge. Le prophète et la doyenne, s'enfilant bouteille sur bouteille en riant. Lyuri qui dansait dans sa belle robe verte. Le contact doux de ses mains sur les siennes quand elle l'avait tiré vers la piste de danse. Son visage collé au sien lorsqu'elle avait frotté leurs nez. Sa voix lui disant qu'il était beau...

Fait chier !

Il s'enfila d'une traite le fond de vin qui restait dans le gland. La brûlure de l'alcool dans sa bouche de bon matin le soulagea presque. Elle allait le rendre complètement fou.

Kaliora, la dernière terrienne, Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant