Kaliora, la dernière terrienne, Tome 2

Chapitre 16

— Lüka... Lüka...

Il faisait noir. Complètement noir. L'air n'était ni chaud, ni froid. Il n'y avait pas de sol, pas de plafond. Juste un vide immense et obscure.

Lüka ouvrit les yeux. Une voix l'appelait depuis un moment déjà. Il avait l'impression qu'on lui murmurait son prénom à l'oreille. Pourtant, l'écho que répandait la voix derrière elle lui laissait penser qu'elle était loin. Il se frotta le visage et plia les yeux. Où avait-il atterri ?

Il frictionna ses mains entre elles et les contracta pour faire apparaitre une petite flamme, mais elle ne l'aida pas à y voir plus clair. Alors il se leva, du moins il pensa le faire. Il ne sentait rien sous ses pieds, ni quoi que ce soit ailleurs.

— Il y a quelqu'un ?

Il était persuadé d'avoir déjà entendu cette voix quelque part. Une voix féminine, douce, chaleureuse, presque enivrante. Pourtant il ne parvenait pas à lui donner un nom ou un visage. Ce n'était pas Lyuri, ça il en était certain, il l'aurait reconnu. Ce n'était pas sa mère non plus. Ki et Kai, impossible. Il plongea au fond de sa mémoire pour essayer de trouver à qui pouvait appartenir cette voix, en vain. Il avança à tâtons jusqu'à entendre des rires d'enfants.

— Ohé ! Il y a quelqu'un ?

Une lueur blanchâtre s'alluma doucement. Proche ou éloignée, il ne le savait pas. Elle s'agrandit, encore et encore, puis s'arrêta. Alors Lüka s'arrêta aussi. Mais, comme happé par la lumière, il finit par s'en approcher en tendant une main devant lui. Il plissa les yeux lorsque celle-ci l'engloba.

Une lumière aveuglante l'éblouit. En diminuant, elle dévoila son village natal.

Qu'est-ce que c'est ce bordel...

Il avança à travers les rues. La petite maison qui servait d'école dégobillait des élèves qui sortaient en riant et en chahutant. Lüka fronça les sourcils. Il se trouvait au milieu d'un petit groupe de mamans venant chercher leurs bambins, mais aucune d'elle ne lui fit de remarque ou ne s'écarta sur son chemin. Pas même la vieille folle du village. C'était comme si personne ne le voyait.

La mère Yvettia sortit de la classe et salua les mamans. C'était complètement fou, elle n'avait pas vieillit depuis la dernière fois que Lüka l'avait vu ! Toujours aussi ridée, mais pas une de plus, ni de dent en moins, et toujours son chignon dégoulinant attaché au-dessus de la nuque.

Puis il le vit. Ce jeune garçon brun caché derrière sa jupe dans l'ombre de la classe, qui attendait que sa maman vienne le chercher. Ou du moins espérait. Mais comme de plus en plus souvent, sa maman n'arrivait plus à sortir du lit. Alors quand il n'y eut plus d'élèves et que la mère Yvettia dû fermer la classe, il traina son petit cartable en cuir abîmé derrière lui et traversa le village.

Lüka le suivit dans les ruelles claires. Des rires d'enfants attirèrent son attention, mais aussi celle de l'enfant qui tourna la tête en direction du bruit. Le jeune garçon trimbala son cartable jusque dans la rue voisine où jouaient un groupe de quatre enfants à peine plus âgé que lui.

Ne tourne pas là, bonhomme...

— Je peux jouer avec vous ? demanda l'enfant.

Le petit groupe échangea un regard. Aucun d'eux n'avait l'air d'avoir envie de jouer avec lui, ni même de lui parler.

— Tu as un vaisseau spatial ? demanda finalement une jeune fille.

L'enfant regarda avec envie les vaisseau spatiaux miniatures.

— Moi, c'est mon papa qui me l'a offert. Il l'a ramené tout droit d'Ural ! lança fièrement un petit garçon au veston recousu bleu.

— Mais t'es bête, dis pas ça ! Il a pas de papa ! répondit la fillette à la robe mauve.