Je me redressai, les jambes fébriles, et je sautai dans l'eau qui montait jusqu'à mes genoux. Péniblement fouettée par les vagues, j'avançai vers le sable. Après un coup d'œil, néant à perte de vue. Des collines à l'Ouest et à l'Est, et une clairière droit devant moi.
À vrai dire, je ne savais pas exactement où était censé se trouver le village où les survivants avaient trouvé refuge avant de pouvoir retourner à Iridieu. Peut-être que nous ne nous trouvions pas du bon côté. Ou bien, peut-être devais-je marcher un peu plus.
Je me demandais de quoi j'avais l'air. Trempée, en sang et griffée profondément dans le cou, avec les vêtements en partie déchirés... Que penseraient les personnes qui me croiseraient ?
Je jetai un regard innocent vers mon pantalon : outre les remarques sur mes bas, d'ailleurs. Ils étaient plutôt réservés aux hommes qui effectuaient notamment plus de travail en mer étant donné que nous, les femmes, pouvions mal terminer... Les robes et jupes, souvent moins propices au travail physique, avaient petit à petit été laissées aux femmes. Les hommes qui en portaient encore devenaient rares.
Je décidai de marcher jusqu'aux collines dont les pentes n'étaient pas trop raides. J'avouais ne pas me sentir totalement à l'aise à l'idée d'être seule ici. Si je manquais soudainement de force, personne ne pourrait me secourir.
Néanmoins, avoir mangé et bu m'avait permis de me ressourcer. Je ne semblais plus perdre de sang, ce qui était malgré tout plutôt bon signe. Les blessures que m'avaient infligées Corail étaient juste plutôt profondes, alors ma chair en pleurait encore.
Mains sur les hanches, je découvris un village d'une quinzaine de maisons en bois en contre-bas. Voilà pourquoi nous ne le voyions pas depuis la mer, il était caché par cette colline !
Pente plus raide qu'à la montée, je descendais avec prudence, accroupie : me connaissant, j'étais capable...
Pied mal placé sur une pierre qui roula sous ma botte, voilà que je la suivais jusqu'en contre-bas, dévalant sur le côté pendant plus de cinq mètres. J'atterris à plat ventre en bas. Je pensais beaucoup trop vite, j'avais l'impression de me porter la poisse...
Mes genoux et mes coudes me brûlaient, sans doute écorchés. J'allais revenir auprès de Corail plus blessée qu'à l'allée, à ce rythme. Je plaquai mes mains sur la terre, me redressai, et me tournai vers le village dont la pancarte située à cinq mètres de moi indiquait « Village de Peazu ». Je secouai la terre sur mes mains, donnai quelques coups à mon pantalon et à ma chemise salis, puis m'avançai d'un pas mal assuré. Une douleur entourait ma cheville, à présent.
Je me demandais si quelqu'un voudrait bien me soigner, d'ailleurs. Dans le pire des cas, j'avais la bourse de Neven. Quelques pièces devraient suffire pour les convaincre.
« Papa ! entendis-je. Il y a une fille bizarre ! Elle a du sang partout sur elle ! »
Une fillette à couettes se cacha derrière un grand homme au teint halé. Ses yeux noirs me toisèrent, les sourcils froncés. Il se tourna vers l'enfant et lui souffla de rentrer à la maison, puis il s'approcha, restant à bien un mètre de distance :
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Les Embruns de la Vérité [TERMINÉ]
FantasyDans l'Archipel de Manéran, on raconte que les sirènes sont des créatures sournoises et monstrueuses. C'est ce que croyait Cerise, une adolescente esseulée... jusqu'à découvrir sa bouteille à la mer entre les mains de l'une de ces créatures. Contre...