Chapitre 24 - Proie

6 1 13
                                    

Corail

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Corail


   Les muscles tendus, je nageais le plus vite possible, filant à travers la mer. Les poissons s'écartaient à mon passage – enfin, je supposais que c'était surtout ce qui me poursuivait qui les effrayait, et je comprenais. L'adrénaline avait pris le pas sur la terreur qui avait tétanisé tout mon être pendant plusieurs minutes une fois hissée sur le voilier de Cerise – allait-elle bien, d'ailleurs ?

Je regardai derrière moi. Le dragon me pourchassait toujours, l'énergie probablement inépuisable. Ses immenses crocs acérés luisaient malgré la nuit, comme son corps cuirassé d'écailles argentées. Lorsque ses mâchoires s'ouvraient sur les abysses de son estomac, j'estimais que l'espace pour s'y glisser dépassait le mètre sans aucun doute. Je l'imaginais sans mal m'avaler en un claquement de dents.

À l'approche d'un rocher, je déviai, et un terrible frisson me parcourut de la nageoire jusqu'à mon cou dans un immense fracas. Nouveau regard dans mon dos. Le rocher n'était plus qu'un amas de roches et de poussière flottant au gré des vagues et de la mer tourmentée par le monstre qui me suivait.

Dire que je riais de Cerise quelques semaines plus tôt quand elle me racontait avoir vu cette bête ! À croire que le destin voulait se jouer de moi !

Néanmoins, le dragon semblait décidé à m'attraper. Si ses deux uniques pattes situées à l'avant le gênaient peut-être pour nager de façon optimale contrairement à mon corps fuselé, ses muscles saillants et son endurance sans doute plus élevée finiraient par avoir raison de moi.

Mais que faire ? Si je me cachais dans une grotte, cette brute serait capable de la fracasser ! Pire encore, elle pourrait me bloquer là-dedans jusqu'à ce que je daigne sortir. Et à peine un pan de nageoire dévoilé qu'il m'attraperait et me dévorerait !

Jusque-là, je n'avais jamais eu de gros problèmes sous l'eau. Les requins me laissaient généralement tranquille – les plus courageux venaient me tâter d'un coup de croc, mais dès que je sortais les griffes, ils repartaient, la queue entre les... nageoires. Mais un Dragon des mers ! C'était la première fois que je me faisais attaquer par une chose pareille !

Et j'étais plus ou moins certaine que mes petites griffes n'effleureraient même pas la chair de ce monstre tant ses écailles étaient épaisses et organisées comme une cotte de mailles impénétrable.

Si je ne pouvais pas l'attaquer, que faire ? Où que j'irais, il me pourchasserait !

Et pourquoi moi, au juste ? Il n'aurait pas pu s'en prendre à autre chose ? Il avait fallu que ça me tombe dessus !

« Eh ! Il y a pleins de sirènes à la Fosse des Tourments ! Genre... plus de viande pour toi ! C'est pas super ? »

Un gargouillement abyssal, guttural, grave et rauque, me répondit. C'était un grognement. Et ce son sorti tout droit de ses entrailles était terrifiant, voguant encore à travers les eaux lointaines, sans doute. Toutes les bestioles sous-marines devaient être terrifiées par ce bruit que j'aurais préféré ne jamais entendre.

Les Embruns de la Vérité [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant