Attention, la semaine dernière il n'y a pas eu de notification avec le chapitre 11 !
Cramponnée à un rocher au fond de la mer, je luttais. Je pouvais distinctement voir la forme qui s'élevait au-dessus de l'eau. La forme d'un navire.
Je respirai. Je plaquai mon front sur la surface froide et écorchée du roc sur lequel je m'étais allongée. Je devais lutter, lutter, lutter !
Je plissai les yeux, laissant mes ongles se transformer en griffes pour les planter dans la roche.
Ma queue s'agita avec violence, et je me retins au caillou avec toute la peine du monde.
Ce navire, c'était celui que j'avais vu la dernière fois. Il sentait toujours aussi mauvais. Même sous l'eau, j'arrivais à percevoir les odeurs putrides et sanglantes qu'il dégageait. J'ignorais combien de sirènes ils avaient massacré pendant leur traversée, mais je ne voulais pas être la prochaine.
J'avais si mal à la tête, j'avais tellement envie de nager vers la surface, vers ce navire. Pourquoi ? Que faisaient-ils ? Pourquoi étais-je si attirée par ce maudit paquebot ?
Mes muscles se tendirent en l'observant à nouveau. J'avais tellement envie de cesser de lutter contre mon corps. Tellement envie de me laisser aller... mais cette odeur... nan, pas question que j'y aille !
Le navire se déplaçait loin de moi. Petit à petit. Il prenait son temps, ou bien ? Comme si j'avais que ça à faire !
Que devais-je faire, déjà ?
Je me sentais embrouillée. J'avais beau réfléchir aux évènements qui auraient pu survenir avant, je n'arrivais pas à m'en souvenir. Tout était flou. Ça m'énervait ! Que devais-je faire ?
Paradoxalement, je savais que j'avais déjà vu ce bateau. Mais c'était la seule chose dont je me souvenais... dès que je tentais de percer les ténèbres de ma mémoire, les abysses se refermaient sur moi. Impossible d'éclairer ces pans de ma tête.
Où me trouvais-je avant de voir ce navire ? Que faisais-je ?
Je tournai le regard vers le navire, et je donnai une impulsion vers celui-là, lâchant la roche. Je levai le bras dans sa direction, tendant les doigts, prête à toucher la coque qui se trouvait à quelques mètres.
Le fer imprégna mes narines. Je toussai et crachai, comme si j'espérais me débarrasser de cette odeur de sang et de putréfaction.
En me voyant si proche du navire, je me détournai et donnai de violents coups de queue pour partir aussi loin que possible. J'ignorais où je devais aller... mais je devais fuir. Fuir au plus vite. Vite, loin de la mort.
J'intensifiai les battements de nageoire, mains jointes en avant pour filer plus rapidement encore. Je passai à ras du sable où s'étalaient des coquillages, des roches, et des bouteilles en verre perdues.
Je déviai mon trajet de justesse, me permettant d'esquiver l'attaque vivace d'un congre planqué entre deux rochers. L'un de ces longs poissons grisâtres avait déjà réussi à me mordre. Ces sales bestioles étaient agressives, n'hésitant pas à s'attaquer plus gros que soi.
Je ralentis la cadence, m'installant sur le sable, entre les algues, près d'un récif coloré. Ma tête n'était plus prise entre deux étaux. Je ne me sentais plus confuse. L'odeur était loin derrière moi, à présent. Heureusement qu'elle avait été là, d'ailleurs : c'était la seule chose qui m'avait empêchée de m'approcher de ce navire macabre.
Je frissonnai. S'il était sans odeurs, aurais-je été prise au piège ? Serais-je sortie de l'eau, et m'auraient-ils attaquée sans que je ne parvienne à lutter ? Et pourquoi étais-je autant attirée par ce foutu bateau ? Qu'avaient-ils faits ?
Je me recroquevillai sur le sol, près d'une étoile de mer rosée. S'ils parvenaient à faire partir cette odeur putride avant de commencer une expédition, je n'osais pas imaginer le nombre de sirènes qui se retrouvaient prises au piège.
Et si la prochaine, c'était moi ?
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Les Embruns de la Vérité [TERMINÉ]
FantasiaDans l'Archipel de Manéran, on raconte que les sirènes sont des créatures sournoises et monstrueuses. C'est ce que croyait Cerise, une adolescente esseulée... jusqu'à découvrir sa bouteille à la mer entre les mains de l'une de ces créatures. Contre...