Dans l'Archipel de Manéran, on raconte que les sirènes sont des créatures sournoises et monstrueuses. C'est ce que croyait Cerise, une adolescente esseulée... jusqu'à découvrir sa bouteille à la mer entre les mains de l'une de ces créatures.
Contre...
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« Venez m'aider au lieu de me regarder ! glapit Corail en se hissant de toutes ses forces sur le voilier. »
Gwen et moi la tirâmes à nous, d'un bras chacun. À peine avait-elle atterri sur notre navire que celui-ci fut soulevé d'un mètre avant de retourner en mer, dévié par de grandes ondes ténébreuses.
Les yeux écarquillés, je n'osais pas détourner le regard de la lignée d'immenses écailles qui frôlait notre minuscule voilier à l'image d'un défilé militaire.
Les bras tremblants, je cramponnai mes doigts plus forts sur l'avant-bras de Corail.
Comment une chose aussi immense pouvait-elle exister ?
Tous les trois, nous restions silencieux, espérant que l'immense créature s'éloignerait de notre frêle navire. Nous ne pourrions pas faire le poids. La plus apte à se battre d'entre nous, Corail, avait été terrorisée à sa simple vue. Et je comprenais. J'ignorais quelle était la superficie de sa gueule, mais si on me racontait qu'elle pouvait nous avaler tous les trois tout entiers d'un claquement de mâchoire, je n'en douterais pas un seul instant.
Nous retenions notre souffle, suivant la lignée d'écailles sombres avancer en ligne droite vers l'horizon, loin de nous. Au plus loin, pitié.
Et alors, la file d'épines se tordit pour faire demi-tour et foncer droit sur notre navire. Les muscles tétanisés, je fixais le monstre se rapprocher à vue d'œil. Je voulais agir, me sauver, mais j'étais figée sur le bois, les yeux écarquillés sur le monstre légendaire qui s'approchait en laissant une trainée de vagues à son passage, oubliant même de respirer.
Le claquement du vent contre une toile tendue me fit bondir à l'image d'un chat que l'on surprenait en pleine concentration.
« Allez ! Vite ! Aide-moi ! cria Gwen en tirant sur la barre. »
L'instant d'après, j'étais debout malgré mes jambes flageolantes, en train d'accorder l'angle des voiles à la direction du vent. La bête se rapprochait, toujours avec le même flegme, mais sa taille rendait dangereux les mètres parcourus pourtant calmement.
Ne se trouvant plus qu'à quelques mètres, je soupirai lorsque le navire s'écarta suffisamment pour quitter sa trajectoire. Sur le point de me laisser tomber sur le bois, je bredouillai :
« I-I-Il nous suit !
— Quoi ? Encore ? »
La lignée d'écailles avançait désormais dans notre direction, et j'avais l'horrible impression qu'elle était plus rapide qu'avant. Comme si, tout à l'heure, la créature était persuadée que nous ne bougerions pas et qu'elle n'aurait qu'à nous croquer.
« Merde ! Elle peut nous rattraper, tu crois ?
— Euh... J'espère pas ! parvins-je pas à bredouiller.
— C'est pas ça qui va nous aider ! »
Gwen jaugea mon sac, puis secoua la tête :
« Nan, on peut pas espérer lui faire du mal... les écailles... elles font un bon mètre de haut au moins ?
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