Chapitre 21

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Chapitre 21

Lino a raison, Ji Sung et Félix ne tiennent pas longtemps devant les écrans du vingt-septième étage. Ils ont vu le chef de cartel, accompagné de ses hommes, débarquer sur les quais, embarquer dans des zodiacs et s'éloigner vers le bateau, puis l'attente a commencé à être longue. C'était insupportable, l'angoisse était trop forte. Qu'allait-il se passer ? Allaient-ils seulement pouvoir rentrer au QG ? Lorsque les deux garçons avaient vu plusieurs camions s'arrêter à côté des docks, pleins à craquer d'hommes prêts à en découdre, ils avaient décidé de se détourner de ce triste spectacle. Ils sont tellement impuissant. Ils refusent de voir ceux qu'ils aiment se faire tuer.

Assis sur le canapé, ils avaient attendu sans rien dire. Ji Sung avait du mal à se retenir de pleurer et il se rongeait les ongles avec nervosité, incapable de faire taire la peur panique qui affluait dans ses veines. Félix avait glissé un écouteur dans son oreille, lançant une playlist sur son téléphone pour essayer de les détendre, mais rien n'y faisait, ils étaient mort d'inquiétude. Seung Min et Sylvia continuaient de travailler, échangeant des paroles à voix basse tout en analysant la situation. L'australien avait posé sa tête sur l'épaule de son meilleur ami, attrapant sa main dans la sienne, et il avait fermé les yeux. Ji Sung savait qu'il ne dormait pas, il le sentait aux crispations sur ses doigts, mais il attendait simplement que le temps passe.

Au bout d'un moment, Seung Min était venu se placer devant eux, une expression indéchiffrable collé au visage.

- Il faut que vous alliez vous cacher dans le bunker, les New Killers sont aux portes du QG.

- Non, avait refusé Ji Sung, affolé, je reste ici pour attendre Lino !

- Han, tu es sa plus grande force, il se battra jusqu'au bout pour revenir, mais tu es aussi sa plus grande faiblesse, si tu te fais attraper, il n'hésitera pas à échanger sa vie contre la tienne. Mets-toi à l'abri, s'il te plaît, fais-le pour lui.

Les paroles de Seung Min avaient achevé de convaincre les deux garçons qui s'étaient réfugiés dans le bunker. L'endroit ressemblait plus à un appartement dénué de fenêtres. Il y avait une petite cuisine dont les placards étaient remplis de denrées non périssables, une salle de bain, un dortoir et un petit salon. Pas de décoration, pas de télévision ni d'ordinateur, quelques livres, des vêtements chauds et deux armoires, une remplie d'armes, l'autre de billets de banque.

A partir de cet instant, l'attente est devenue interminable. Assis sur le canapé, les deux garçons n'osent pas échanger un mot, bien que le silence soit pesant. Ils n'entendent rien, ne savent rien de la situation à l'extérieur, le seul repère qu'ils ont est une horloge à laquelle ils jettent parfois un coup d'œil anxieux. C'est affreux. Ils ont peur. Tellement peur qu'ils ne peuvent pas en parler. Verbaliser ce qu'ils ressentent serait comme un sort qui rendrait leurs pensées réelles. Ce pressentiment ne les quitte pas, ce sont bien des adieux auxquels ils ont eu droit, ils ne reverront peut-être jamais leurs amis, leurs petits-amis, leurs familles. ça les déchire de l'intérieur, ils se brisent à chaque minute qui s'écoule.

Ils sont tellement négatifs que lorsque le bruit du système de verrouillage de la porte du bunker retenti dans la pièce, ils sautent sur leurs pieds et Félix attrape le révolver qu'il a récupéré plus tôt, au cas où. C'est la fin, le District 9 est tombé, c'est leur tour.

Pourtant, la silhouette qui se détache à travers la lumière n'a rien de menaçante. Elle chancelle un peu avant de s'avancer et Félix jette son arme au sol avant de courir vers elle. Chang Bin. Le maître d'armes réceptionne son petit-ami contre lui et le serre avec force, le laissant enfouir son visage dans son cou. Il est couvert de sang et l'odeur de la mort ne le quitte pas, mais l'australien n'y fait pas attention, tout ce qu'il voit c'est que le garçon qu'il aime est en vie.

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