Ce chapitre est à mon sens un tournant dans toute l'histoire alors lisez-le attentivement pour comprendre la suite.
Bonne lecture !
Il n'est pas comme nous . 21
" L'esprit du mal est marqué sur sa face "
L'un des nôtres
Il y avait tout ce qu'Anatole laissait transparaître.
Ces attitudes qu'il prenait volontairement au milieu de ses potes. Cet adolescent si sûr et constamment emballé, respirant la joie de vivre. Et puis, il y avait ce que seul Pierre et son frère Rodolphe savaient.
Anatole détestait son existence, vivre était un poids pénible pour ce garçon. Il était épuisé depuis son enfance, d'être et il espérait très rapidement ne plus se lever chaque matin. La seule raison pour laquelle ce garçon subissait l'existence, était pour ne jamais causer plus de souffrance à sa mère.
Il était convaincu que sa mère ne survivrait pas à sa perte alors chaque matin, en quittant son lit, il remballait soigneusement ses angoisses et ses projets morbides, pour se revêtir de son plus bel apparat de garçon heureux, juste pour la voir sourire encore.
Ce garçon était extrêmement fusionnel avec sa mère. Elle l'avait toujours protégé autant qu'elle pouvait face au père de ce dernier.
Rodolphe, de cinq ans l'aîné, avait rapidement compris que sa mère aurait fait n'importe quoi pour le plus jeune de ses deux fils, mais le plus vieux ne s'en sentait pas blessé pour autant. Il comprenait parfaitement parce qu'Anatole vivait des injustices terribles avec leur père. Cet homme traitait Anatole comme s'il n'était pas son propre fils et il n'avait jamais eu que du mépris pour le plus jeune.
Toute son enfance, Anatole avait entendu son père lui expliquait combien il était un bon à rien et combien sa vie n'avait aucune valeur puis qu'il aurait aimé que cet enfant ne voie jamais le jour. Le père montrait énormément d'amour à Rodolphe, mais ne ressentait rien d'autre que de la rage à la simple vue de son fils cadet.
Rodolphe avait tout juste cinq ans quand son frère fit irruption dans leur vie d'une façon bien étrange.
L'enfant ne savait pas tout au sujet de la façon dont les enfants naissaient, mais par observation, il avait compris qu'autour de lui, les mères avaient d'abord un ventre très rond pendant un moment puis par la suite, naissaient les enfants. Il n'y avait que cette façon, dans ses yeux d'enfant de cinq ans, que les enfants venaient au monde, ne lui en tenez pas rigueur.
Il s'en souvenait parfaitement de sa première rencontre avec Anatole.
Sa mère avait été le chercher à l'école et au retour, ils s'étaient arrêtés pour faire des courses pour le repas du soir et rentrant, son père tenait un tout petit bébé au milieu du salon. Il ne le savait pas encore, mais cet enfant était son petit-frère et il avait à peine quatre mois.
L'enfant se souvenait surtout du visage de son père. Ce dernier semblait dépassé et pour la première fois, apeuré. Sa mère tenta de comprendre à qui était cet enfant, mais le père demanda à son fils de monter dans sa chambre. Rodolphe avait beau être proche de son père, ce dernier lui faisait terriblement peur par moment. En fait, avant l'arrivée d'Anatole, son père était déjà un homme violent, mais il n'avait pas encore franchi le seuil des violences physiques sur sa mère.
Pendant tout le temps ou Rodolphe était dans sa chambre, à essayer de jouer, il pouvait entendre ses parents s'emporter dans une violente dispute et comme chaque fois que ça arrivait, le garçon essayait solidement de se focaliser sur ses jouets pour s'échapper de son enfer rempli de cris. Il ne savait pas ce qu'était réellement l'amour, mais à tout juste cinq ans, Rodolphe était convaincu que ses parents ne s'aimaient pas.